La Liberté

Mission accomplie pour la Suisse

Les protégés de Vladimir Petkovic ont écrasé Gibraltar hier soir (1-6) et terminent premiers du groupe

Sélim Biedermann, gibraltar

Publié le 19.11.2019

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Football » La Suisse a bien sûr gagné à Gibraltar (1-6). Et comme le Danemark n’a fait que match nul à Dublin face à l’Irlande, c’est donc à la première place qu’elle a terminé la campagne éliminatoire pour l’Euro 2020. Les hommes de Vladimir Petkovic se retrouveront ainsi dans le deuxième chapeau lors du tirage au sort. Surtout, le «Mister» est le premier sélectionneur de l’histoire à qualifier trois fois de suite les Helvètes pour des grands tournois.

La messe était dite après même pas 10 minutes hier soir au Victoria Stadium. Cédric Itten ne s’est pas fait prier pour balancer le ballon au fond des filets sur un centre tendu à ras terre du vigousse Ruben Vargas. Soit deux jeunes joueurs prometteurs. Le gardien Dayle Coleing? Aussi invisible qu’inutile sur le coup. L’attaquant du FC Saint-Gall a donc continué sur sa belle lancée de vendredi, où il avait marqué face à la Géorgie pour ses débuts en sélection très peu de temps après son entrée. Il a ainsi mis deux buts durant sa première demi-heure de jeu sous le maillot national, pas mal!

Un peu de maladresse

On l’a d’ailleurs ensuite beaucoup vu jusqu’à la pause. Ce ne sont en effet pas moins de cinq autres tentatives qui sont à mettre à l’actif d’Itten durant ce laps de temps, dont trois ont été contrées par la défense adverse et deux ont fini hors du cadre. Il a encore raté une reprise de volée, pourtant alors en très bonne position, peu après l’heure de jeu… Un bilan personnel devenu par conséquent moins enthousiasmant que l’efficacité que le jeune homme avait d’abord laissée apparaître. Il n’empêche qu’il s’est démené et que ses partenaires l’ont souvent trouvé. Et qu’il a finalement corrigé le tir en mettant le 1-5.

Plus globalement, c’est une équipe de Suisse en manque de rythme et d’inspiration, se montrant surtout maladroite aux avant-postes, qui a traversé la période initiale. Pas étonnant dès lors qu’elle soit revenue sur le terrain avec une vivacité bienvenue après la pause. Une pause durant laquelle Petkovic a, a priori, dû réveiller quelque peu ses protégés. L’effet escompté a donc pris forme: Vargas plantait le 0-2 à la 50e minute et Christian Fassnacht profitait d’une «partie de billard» devant la cage gibraltarienne pour tripler la mise à la 57e.

Mission fort ardue

Bon, histoire de tempérer un brin cette réjouissance helvétique, un journaliste local avait prévenu avant le coup d’envoi que la sélection des lieux s’écroulerait certainement en deuxième mi-temps, car assumer deux rencontres face aux deux meilleurs formations du groupe D en quatre jours – elle a perdu 6-0 au Danemark vendredi – demeurait une mission fort ardue pour les braves semi-professionnels de Julio Ribas.

Malgré tout, incroyable mais vrai, c’est contre la Suisse que Gibraltar a marqué son troisième but dans ces qualifications, après les deux inscrits à domicile face à la Géorgie! A la suite d’une longue touche, Reece Styche a profité d’un ballon «errant» pour faire se lever les fans du territoire britannique présents au stade. Une réussite survenue à la 74e minute. Mais quelques secondes plus tard, les Helvètes reprenaient leur marche en avant, par l’entremise de Loris Benito, pour au final l’emporter largement.

Gibraltar - Suisse 1-6 (0-1)

Victoria Stadium, Gibraltar: 2000 spectateurs. Arbitre: Millot (FRA). Buts: 10e Itten 0-1. 50e Vargas 0-2. 57e Fassnacht 0-3. 74e Styche 1-3. 75e Benito 1-4. 84e Itten 1-5. 86e Xhaka 1-6.

Gibraltar: Coleing; Sergeant, Mouelhi, Roy Chipolina, Joseph Chipolina, Britto; Barnett; Casciaro (62e Styche), Walker, Badr (85e Pons); De Barr (61e Coombes).

Suisse: Sommer; Elvedi, Akanji (65e Cömert), Rodriguez; Lang, Zakaria (60e Sow), Xhaka, Benito; Fassnacht, Vargas (85e Aebischer); Itten.

Notes: Gibraltar sans Olivero (suspendu). La Suisse sans Shaqiri, Seferovic, Schär, Freuler, Zuber, Embolo, Klose, Drmic, Gavranovic ni Mehmedi (blessés). Avertissements: 18e Rodriguez. 29e Walker. 49e Elvedi. 78e Britto. 92e Styche.


COMMENTAIRE

Qualifiés oui, mais pas d’euphorie

Minimum syndical, voilà ce à quoi fait penser la campagne de l’équipe nationale pour cet Euro 2020. La situation est donc paradoxale: la Suisse s’est qualifiée pour la quatrième fois consécutive à un tournoi majeur, mais l’enthousiasme n’y est pas…

Le fait d’armes mériterait louanges et envolées lyriques de tout un peuple laudateur, pourtant, rien de tel. Paradoxal, disions-nous… Car oui, ce billet pour l’Euro 2020 suscite davantage de questions que certitudes. Primo, parce que le parcours de Granit Xhaka et Cie dans ce groupe D ne comportant aucune grande nation du football s’est révélé mitigé. Et ce malgré un premier rang final qui les placera dans le deuxième chapeau à l’occasion du tirage au sort, le 30 novembre prochain à Bucarest. Secundo, car tant sur le fond que la forme, avec des points bêtement égarés en fin de rencontre face au Danemark (deux fois) et l’Irlande, la manière n’a que rarement été au rendez-vous.

Que retenir alors de ce billet pour l’Euro 2020? Les adeptes du verre à moitié plein répondront que Vladimir Petkovic a rempli son contrat avec sa troisième qualification depuis sa nomination par l’ASF en été 2014. Ils ajouteront que les Suisses ont confirmé leur régularité sur le Vieux-Continent par leur prochaine présence au grand raout de 2020. Les adeptes du verre à moitié vide, eux, répliqueront que, avec un Euro à 24 équipes pour 55 fédérations inscrites à l’UEFA, une non-qualification aurait correspondu à une faute professionnelle grave… Surtout en regard d’une génération de joueurs que l’ASF nous vend comme l’une des plus brillantes de son histoire.

Seule certitude ce matin: si la Suisse veut espérer sortir de la phase de groupes en été prochain, il lui faudra sérieusement hausser son niveau technique et tactique. Avec des internationaux dont la moitié n’est pas titulaire en club, le pari n’est de loin pas gagné. Si la situation n’évolue pas d’ici là, on ne pourra même pas parler de minimum syndical à l’heure de boucler les comptes au soir du 12 juillet. Oui, la Suisse s’est qualifiée. Mais pas d’euphorie. Pascal Dupasquier


Le top et le flop

Un joueur remuant,un autre transparent

Ruben Vargas. Le jeune attaquant suisse s’est montré très remuant hier soir. Il a notamment adressé un bon centre pour permettre l’ouverture du score, avant d’inscrire le 0-2 de la tête. On l’a beaucoup vu, car il s’est rendu souvent disponible à l’avant.

Christian Fassnacht. Son but (le 0-3) ne saurait faire oublier sa mauvaise prestation face à une pourtant très faible équipe. Transparent en pre-mière mi-temps, il n’a que peu réhaussé son niveau ensuite. Une évidente déception côté suisse. sbi

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