La Liberté

Stephan Lichtsteiner tire sa révérence

A 36 ans, le capitaine de l’équipe de Suisse aux 108 sélections choisit de se tourner vers d’autres défis

Laurent ducret

Publié le 13.08.2020

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Football » Stephan Lichtsteiner tire sa révérence. A 36 ans, le Lucernois a annoncé sa retraite lors d’une conférence de presse, hier à Berne. Septuple champion d’Italie avec la Juventus entre 2011 et 2018, mais aussi champion de Suisse avec Grasshopper en 2003 et victorieux de la Coupe d’Italie avec la Lazio en 2009, le latéral droit présente un palmarès incomparable. «A 36 ans, tu sais que c’est bientôt la fin. Dans ma tête, cette saison 2019-2020 devait être ma dernière avec l’Euro pour terminer. Mais les choses de la vie n’en ont pas voulu ainsi.» A l’entendre, Stephan Lichtsteiner n’a pas été tenté de repartir pour un tour.

Le risque de faire l’année de trop a sans doute pesé dans la décision d’un homme qui aura dû se battre pour son temps de jeu lors de ses deux dernières saisons à Arsenal et à Augsbourg. «Mais j’ai atteint l’objectif que je m’étais fixé à l’instant de signer à Augsbourg l’été dernier: retrouver ma place en équipe nationale et l’aider à se qualifier pour la phase finale de l’Euro, explique-t-il. Croyez-moi, j’en suis extrêmement fier!»

L’équipe de Suisse, dont il fut le capitaine depuis 2014 et dont il a porté le maillot à 108 reprises, restera comme l’immense regret d’une carrière dont on mesurera demain combien elle a été exceptionnelle. «Nous n’avons pas su écrire l’histoire», avoue-t-il. Le Lucernois conservera toujours le douloureux souvenir des 8es de finale de la Coupe du monde contre l’Argentine en 2014, et devant la Pologne à l’Euro 2016, où la Suisse fut si proche de disputer les quarts de finale d’une compétition majeure.

«J’assume toujours mon erreur qui a scellé l’issue du match contre l’Argentine, dit-il. Je me suis efforcé de me relever pour m’offrir deux autres chances en 2016 et en 2018. J’espère que l’équipe y parviendra sans moi l’an prochain. Elle a toutes les armes pour y parvenir avec son jeu, son caractère et des personnalités fortes comme Granit Xhaka ou Yann Sommer.»

Des envies d’entraîner

Stephan Lichtsteiner restera aussi comme le joueur suisse qui a conquis sept scudetti de rang avec la Juventus. «Ces sept années à la Juventus furent les plus importantes de ma carrière, dit-il. J’aurais tant voulu gagner la Ligue des champions contre Barcelone en 2015. Cette défaite me fait encore mal aujourd’hui. Mais je sais aussi qu’une telle expérience, aussi douloureuse soit-elle, va me servir pour ma vie d’après.»

Une vie d’après qui se conjuguera toujours avec le football. «Je vais passer mes diplômes pour avoir la possibilité d’entraîner, poursuit-il. Je sais parfaitement que le métier d’entraîneur n’a pas grand-chose à voir avec celui de joueur. Est-ce qu’il éveillera une véritable passion en moi? Est-ce que j’aurais les aptitudes pour l’embrasser? L’avenir le dira», conclut le désormais retraité. ATS


COMMENTAIRE

Un départ la main sur le cœur

Avec sa fin de carrière passée plus souvent sur le banc que sur le terrain, on oublierait presque que Stephan Lichtsteiner a été un des meilleurs porte-drapeaux du football suisse. Non, ce n’était pas que le grognard qui s’époumonait sur les arbitres, il est aussi celui qui a fait sa place dans le couloir droit de la Juventus, qui a participé à trois Coupes du monde, deux Euro et qui était le seul à supporter le brassard de capitaine sur la manche de son maillot rouge à croix blanche ces dernières saisons.

Il a été critiqué, même houspillé quand il était revenu très fébrile de l’Euro 2016. Et pourtant, il a vécu une dernière Coupe du monde en Russie avec sa sélection malgré son manque de temps de jeu avec la Juventus. La rage du Lucernois sur le terrain n’avait d’égal que son attachement au maillot, quelle que soit sa couleur. Mais c’était évidemment le rouge de l’équipe nationale qui lui offrait le plus d’émotions, comme il l’a si souvent souligné. C’est aussi pour cela qu’il y était toujours le bienvenu, quelle que soit sa situation en club ou sa forme. D’où l’agacement de beaucoup de suiveurs.

Aujourd’hui, Stephan Lichtsteiner tire un trait sur quinze ans d’une carrière commencée à Grasshopper. Peut-être retournera-t-il au Campus zurichois pour partager son expérience avec les jeunes, ou alors son franc-parler lui ouvrira-t-il les portes de la télévision alémanique. Une chose est cependant certaine, ses coups de sang, son caractère et son implication manqueront tant au football suisse qu’à ses détracteurs. Patrick Biolley

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11