La Liberté

Suisse - Brésil: une défaite malgré tout bien cruelle

La Suisse s’est inclinée ce lundi face au Brésil sur une réalisation de Casemiro. La Nati conservera son destin en main vendredi contre la Serbie.

ATS

Publié le 28.11.2022

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Il n'aura manqué qu'une poignée de minutes à la Suisse au Stadium 974 de Doha. Battue 1-0 par le Brésil sur un but de Casemiro à la 83e minute, la Suisse ne méritait peut-être pas de connaître une telle issue.

Le joueur de Manchester United a armé une frappe de l'extérieur parfaite qui a laissé Yann Sommer sans réaction pour offrir au Brésil un succès qui le qualifie pour les huitièmes de finale. Aussi cruelle soit-elle, cette défaite ne remet toutefois pas en question la qualification de la Suisse. Elle sera en huitièmes de finale si elle ne perd pas contre la Serbie et, si dans le même temps, le Cameroun ne bat pas le Brésil. Il n'est pas absurde de prétendre que ce dernier lundi de novembre a finalement été profitable à l'équipe de Suisse avec ce 3-3 de la Serbie contre le Cameroun qui a bien changé la donne.

Un geste presque venu d'ailleurs

Sans Xherdan Shaqiri finalement ménagé, la Suisse a livré une performance de choix sur le plan défensif. Le but brésilien n'est pas imputable à une erreur individuelle mais bien à un geste presque venu d'ailleurs de la part d'un homme qui est avant tout un joueur de devoir. Le nom de l'auteur de ce but magnifique rend la pilule encore plus amère sans doute. Si Neymar, l'autre grand absent de la soirée l'avait inscrit, il n'y aurait eu rien d'autre à faire que de s'incliner.

Pour être honnête, il convient de relever que la Suisse n'a pratiquement pas existé dans les trente mètres adverses. Bien défendre a sans doute trop coûté. Avec celle de Shaqiri, l'absence de Noah Okafor a pesé. Par sa vitesse, le joueur de Salzbourg aurait pu poser d'autres problèmes à des défenseurs brésiliens qui sont très vite parvenus à juguler la puissance de Breel Embolo. Il reste quatre jours aux Suisses pour récupérer et à Murat Yakin pour trouver la bonne tactique face à la Serbie. Le sélectionneur pourra aligner Manuel Akanji et Nico Elvedi vendredi, lesquels étaient sous la menace d'une suspension en cas d'un nouveau carton jaune. Il espère pouvoir compter sur le retour d'Okafor, touché à un mollet.

Une discipline collective remarquable

Bien pauvre en occasions, la première période ne restera pas dans les annales. Elle fut marquée par l'emprise très nette du Brésil avec une possession de 58 %, pour une seule chance réelle, une reprise de Vinicius Junior sur un centre de Raphinha (27e). Mais Yann Sommer pouvait s'interposer. Réduit presque à l'inaction, le portier bâlois ne pouvait que se féliciter de la discipline collective de ses coéquipiers qui ont su admirablement fermer les espaces.

La Suisse de Murat Yakin est vraiment devenue une équipe contre laquelle il est très ardu de manoeuvrer. Après l'Italie, le Portugal et l'Espagne, le Brésil a pu le vérifier. Ce souci de fermer la porte à l'adversaire a sans doute été l'une des raisons qui a conduit Murat Yakin à se priver de Xherdan Shaqiri. Le Bâlois aurait-il témoigné du même souffle que son remplaçant Fabian Rieder dans le repli défensif ? L'autre raison, tout aussi légitime, fut de préserver son joyau dans l'optique du match de vendredi contre la Serbie. Un Shaqiri en jambes peut, doit plutôt faire très mal face à cette défense serbe qui aura bu le calice jusqu'à la lie devant le Cameroun.

Un seul décalage

La suite se déclinait toujours d'une manière identique. Sauf que la Suisse a commencé à mettre le nez à la fenêtre avec un long décalage de Granit Xhaka pour Silvan Widmer qui abusait la défense brésilienne (53e). Seulement, le bon centre de l'Argovien ne trouvait pas preneur.

Avant l'heure de jeu, Murat Yakin lançait Edimilson Fernandes et Renato Steffen pour Ruben Vargas et Rieder dans l'espoir de donner plus d'allant sur les flancs. D'entrée de jeu, Edimilson Fernandes créait une situation intéressante comme pour montrer au sélectionneur combien il a eu raison de l'appeler enfin.

Le Valaisan et ses coéquipiers devaient toutefois s'avouer battus à la 64e sur un but de Vinicius Junior. Mais sans que personne ne l'avait vu venir, la VAR annulait cette réussite pour un hors-jeu de Richarlison au départ de l'action. A cet instant, on ne trouvait personne en Suisse qui ne saluait pas l'instauration de la règle du hors-jeu semi-automatique.


Les tops 
 
La rigueur helvétique

Une fois de plus, c’est en équipe que les Suisses ont impressionné quand confrontés à un des leaders du football mondial. Un 4-2-3-1 parfaitement maîtrisé, une équipe très compacte pour sevrer d’espaces les Brésiliens, des redoublements de marquage constants, tactique du hors-jeu parfaitement maîtrisée… Ce n’est pas pour rien que la Suisse est le pays de l’horlogerie. Quelle mécanique de précision! Dommage que les matches ne durent pas 83 minutes…
 
Manuel Akanji

Le défenseur de Manchester City a prouvé face aux meilleurs pourquoi il a séduit Pep Guardiola. Sens du placement irréprochable, intraitable dans les duels, souverain dans le jeu aérien. Et aussi assez malin pour bloquer les actions adverses sans prendre un carton qui lui aurait valu d’être suspendu face à la Serbie. Au fond toute la défense, ou plutôt le système défensif helvétique, mérite des louanges. Avec cette volonté de ressortir proprement le ballon. Sur le but brésilien, et la combinaison supersonique entre Vinicius, Rodrygo et Casemiro, il n’y avait pas grand-chose à faire. 
 
Yann Sommer

Cela commence presque à devenir lassant, mais une nouvelle fois on est obligé de compter le portier helvétique parmi les meilleurs. Sa prestation a été impeccable: sa déviation sur la reprise à bout portant de Vinicius à la 27e tenait du prodige. Excellent également en fin de rencontre sur un envoi de Rodrygo (88e). En plus de ça, le gardien de Mönchengladbach a aussi assuré dans les airs et n’a pas raté une relance au pied. La grande classe.


Les flops
 
La production offensive

Murat Yakin voulait sans doute défendre le 0-0 le plus longtemps possible en espérant jouer un coup en contre. Cela n’a pas fonctionné. Très concentré, jamais le Brésil ne s’est découvert et, à vrai dire, la Suisse n’a pas fait grand-chose pour le déstabiliser. Breel Embolo s’est battu comme un beau diable, mais il était bien seul à la pointe de l’attaque. En fin de compte, aucun tir adressé vers le but sud-américain en première période, aucun envoi cadré à la fin du match. Bob, on n’affronte pas le Brésil tous les jours…
 
La comparaison des bancs

Bien que déjà dominant, le Brésil a pu accroître son emprise sur le match avec les entrées de Rodrygo (surtout) mais également de Bruno Guimaraes, Gabriel Jesus ou Antony. En comparaison, Murat Yakin était autrement plus démuni. Quand il a fallu aller chercher l’égalisation, il a introduit…Fabian Frei ! Ce n’est pas la même chose…
 
Le duel manqué des artistes

Même si les très bons footballeurs ne manquaient pas sur la pelouse, les deux plus fins techniciens de chaque équipe n’étaient pas présents. On connaissait depuis quelques jours le forfait de Neymar, celui de Xherdan Shaqiri (douleur à une cuisse) est tombé quelques heures avant le coup d’envoi. Le «lutin» de Chicago Fire a ainsi manqué l’opportunité de devenir le joueur suisse avec le plus de matches en Coupe du monde (11 contre les 10 de Stephan Lichtsteiner et Valon Behrami).  Au lieu de cela, pour sa deuxième sélection, le jeune Fabian Rieder a été titularisé face au Brésil. Sans démériter. ESA

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