La Liberté

Cette Suisse-là ne fait pas de faux pas

Vainqueurs 4-1 de la Norvège, les hommes de Patrick Fischer ont fêté leur 4e succès de ces mondiaux

Jean-Frédéric Debétaz, Bratislava

Publié le 16.05.2019

Temps de lecture estimé : 7 minutes

Hockey sur glace » Quatre matches, douze points, la Suisse a fait ce que l’on attendait d’elle aux championnats du monde à Bratislava. Dernière victime en date pour les hommes de Patrick Fischer: la Norvège, battue 4-1.

On a pu lire dans la presse helvétique les mots «maturité», «sérieux», «caractère». L’équipe de Suisse a passé ses quatre premiers tests avec brio. Les quatre adversaires supposés plus faibles ont été écartés à tour de rôle. Pas toujours dans la facilité, mais presque toujours dans la sérénité. Parce que ce groupe ne panique pas et qu’il ne se contente pas d’un quart de finale. Si la copie rendue hier contre les Scandinaves ne fut pas parfaite, la Suisse a encore une fois rempli sa mission. Favorite, la sélection nationale a prouvé que les théories et les statistiques se vérifiaient sur la glace. C’est peut-être là l’une des conséquences positives de la belle aventure de Copenhague l’an dernier.

La bonne attitude

«On voulait encore cette victoire pour monter à douze points, a lâché Grégory Hofmann. Il fallait jouer de manière solide en défense et on l’a fait. On veut être solides défensivement et ne pas trop donner à l’adversaire. Les gardiens ont fait un super job et les quatre lignes ont joué le jeu. On a beaucoup parlé ensemble, notamment sur le fait de rester calmes et concentrés durant soixante minutes. En se sacrifiant devant notre gardien, on fait notre job et on arrive à se créer des occasions derrière. Je crois que c’est la bonne attitude.»

Alors bien sûr, le premier tiers ne fut pas franchement le plus flamboyant produit par la Suisse depuis le début de la compétition, mais les Helvètes sont rentrés au vestiaire avec un avantage d’un but. Bien servi par un excellent Christoph Bertschy (hors jeu!), Andres Ambühl a déjoué le gardien norvégien. L’un des enseignements à tirer de ces quatre premiers matches, c’est que la Suisse sait marquer lorsqu’elle ne domine pas outrageusement. Mieux, elle sait enfoncer le clou à des moments clés.

Après 34 secondes dans le tiers médian, c’est Nico Hischier (forcément) qui a donné deux longueurs d’avance à ses couleurs. Depuis ses débuts avec l’équipe A à Sierre lors des matches de préparation, le numéro un de la draft 2017 a toujours inscrit son nom sur la feuille des marqueurs. A Bratislava, il en est à sept points en quatre matches. Une preuve de plus que le garçon est à part.

Une défense remaniée

Contraint de changer ses paires de défense en raison de la blessure de Janis Moser, Patrick Fischer a choisi de placer Roman Josi à la gauche du patron zougois, tout en le laissant sur sa ligne avec Yannick Weber. Joël Genazzi, absent la veille contre l’Autriche, a lui repris sa place sur la ligne avec Romain Loeffel. Et le jeu helvétique n’a pas souffert.

Mais plus qu’un élément, c’est l’ensemble du bloc helvétique qui joue la même partition. Une évidence sur le box-play qui affiche de plus en plus une imperméabilité intéressante. Et mine de rien, la Suisse présente un goal-average de 20-2 après ces quatre rencontres. Fier de ses joueurs, Patrick Fischer a apprécié ce qu’il a vu jusqu’ici: «On a eu quatre matches en cinq jours et on a vraiment travaillé très dur en patinant beaucoup et en payant le prix, notamment sur les tirs bloqués. On joue bien en défense. L’esprit est vraiment bon. Là je suis content qu’on puisse se reposer un peu pendant deux jours afin d’être prêts contre les Suédois.»

Les esprits chagrins argueront que la Suisse n’a jusqu’à maintenant affronté que les seconds couteaux et qu’il conviendra de voir si Josi & Cie sont capables de soutenir le même rythme face aux Russes ou aux Suédois. Vrai, mais il fut un temps pas si lointain où la Suisse se faisait des frayeurs face à des nations moins huppées. Aujourd’hui, la troupe de Patrick Fischer a sans doute franchi un cap au niveau de la maturité. Prometteur. ats


Suisse - Norvège 4-1 (1-0 1-0 2-1)

Bratislava. 4673 spectateurs. Arbitres: Iverson/Tufts (CAN/USA), Dalton/Nikulainen (GBR/FIN). Buts: 6e Ambühl (Bertschy, Loeffel) 1-0. 21e (20’34) Hischier (Fiala) 2-0. 50e Hofmann (Martschini) 3-0. 57e Ambühl (Genazzi, Simon Moser) 4-0. 59e Lindstrom (Reichenberg) 4-1. Pénalités: 5 x 2’ contre la Suisse, 4 x 2’ + 10’ (Martinsen, Bonsaksen) contre la Norvège.

Suisse: Genoni; Fora, Frick; Weber, Josi; Loeffel, Genazzi; Diaz; Ambühl, Bertschy, Simon Moser; Fiala, Hischier, Praplan; Martschini, Kurashev, Hofmann; Andrighetto, Haas, Scherwey; Rod.

Norvège: Holm; Holös, Bonsaksen; Lesund, Espeland; Johanssesen, Bull; Nörstebö, Kaasastul; Olden, Thoresen, Olimb; Trettenes, Haga, Valkvä Olsen; Lindström, Martinsen, Reichenberg; Röymark, Forsberg, Roest.

Notes: la Suisse sans Janis Moser (blessé) ni Bertaggia (surnuméraire). Tirs sur le poteau: 17e Martschini. 49e Fora.


Groupe a

Etats-Unis - Gr.-Bretagne 6-3 (1-1 3-1 2-1)

Allemagne - Slovaquie 3-2 (0-0 1-2 2-0)

Aujourd’hui:

Canada - France 16h15

Finlande - Danemark 20h15

Groupe B

Russie - Italie 10-0 (4-0 4-0 2-0)

Aujourd’hui:

Suède - Autriche 16h15

République tchèque - Lettonie 20h15


Patrick Fischer: «Nous avons payé le prix»

Pas d’euphorie pour l’équipe de Suisse après sa quatrième victoire en quatre matches. Le carnet de route est respecté, mais ce sont maintenant les «gros» qui se présentent.

Des joueurs soudés, un coach satisfait, l’équipe de Suisse ne connaît pas de ratés en Slovaquie après six jours de compétition. Même s’il a des sujets à peaufiner, Patrick Fischer n’a pas de raison de faire la tête: «J’ai une grande confiance en mes joueurs. Je suis fier de ce qu’ils ont montré», apprécie le sélectionneur national.

La médaille d’argent de Copenhague a peut-être apporté un nouvel élan à des garçons qui ne semblent jamais totalement satisfaits et qui en veulent toujours plus. «Par rapport à l’année passée, je pense qu’on joue mieux défensivement, qu’on est plus à l’aise dans le système, juge le coach. Aujourd’hui, c’était un peu plus difficile en attaque, normalement on se crée davantage de chances. Mais on a près de quinze joueurs qui étaient là à Copenhague. Ils sont un an plus vieux et donc plus expérimentés.»

Toujours lucide au moment de l’interview, Tristan Scherwey développe: «On voulait un bon début, on l’a eu. J’ai l’impression que l’équipe grandit de plus en plus. Après, il ne faut pas oublier qu’il reste trois matches face à trois grosses nations, mais on veut montrer qu’on est prêts pour ces rendez-vous-là.» Heureux le Fribourgeois, mais pas rassasié: «On n’a rien atteint et aujourd’hui, on ne peut pas se contenter des quarts de finale. On en veut plus. Là, on a fait ce qu’on devait faire, mais l’attention est déjà sur le match de samedi.» ATS

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