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Gottéron et le musée des horreurs

Battus 4-0 à Ambri, les Fribourgeois ont livré l’une des pires performances de l’ère French. Inquiétant

Gottéron et le musée des horreurs © La Liberté
Gottéron et le musée des horreurs © La Liberté
Publié le 26.12.2019

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Mon souvenir de 2019
Chaque journaliste de «La Liberté» a sélectionné pour vous un article qui l’a touché(e) cette année.


Pierre Schouwey
Rubrique Sports

«Vendredi 4 octobre: Gottéron dispute son sixième match de la saison et explose à Ambri. En conclusion du traditionnel compte-rendu de match écrit (sous stress) ce soir-là, je m’avance en affirmant que «Mark French ne joue certainement pas sa tête ce soir (le samedi contre Rapperswil), mais tout autre résultat qu’une victoire obligerait les dirigeants fribourgeois à envisager un plan B.» Le lendemain matin, au réveil, je regarde mon téléphone et c’est la surprise: Mark French a été licencié durant la nuit. Se mouiller, c’est parfois se tromper…»


» Cet article a été publié initialement le 5 octobre 2019

National League » Contrairement aux ZSC Lions, coincés dans les bouchons et arrivés en retard à Lugano, Gottéron a rallié le Tessin à temps. A quoi bon, se diront les supporters fribourgeois, tant les Dragons ont donné l’impression de ne jamais être sortis du car. Brouillons, maladroits, à court d’idées et mous à souhait, les hommes de Mark French ont subi la loi d’un Ambri-Piotta moins talentueux mais autrement plus combatif. Séché 4-0, Gottéron a péché dans tous les compartiments, à commencer par l’attaque. Après 20 minutes insipides, Brodin et consorts n’avaient cadré que trois essais, dont le premier fut arrêté avant même d’atteindre sa cible par la nuque du malheureux Walser. Quand rien ne va…

Au terme de la deuxième période, la statistique des tirs était révélatrice de l’apathie fribourgeoise: 30-8 pour Ambri. «Nous sommes venus à la Valascia avec de bonnes intentions, tout en sachant qu’une équipe qui se bat sur chaque puck nous attendait, assure Aurélien Marti. Mais nous n’avons jamais trouvé la solution.» Tristan Vauclair, lui, n’y allait pas par quatre chemins pour expliquer la déroute des siens: «Nous n’avons pas suffisamment travaillé. Les mauvais choix se sont enchaînés et le doute s’est installé sous les casques. C’est une question de mentalité.»

Tout est allé de travers

Bon à Genève, solide contre Berne, Gottéron est retombé dans les travers entraperçus à Zurich, faisant de son déplacement en Léventine un musée des horreurs – que d’approximations! Les situations spéciales ont une nouvelle fois coûté cher aux visiteurs et plutôt deux fois qu’une. Au sortir d’un power-play fribourgeois, Giacomo Dal Pian partait en contre et se chargeait du but du break (33e). Comme sur l’ouverture du score, Reto Berra n’avait pas bonne mine. Or difficile de blâmer celui qui a été élu meilleur Dragon de la partie tant il a été canardé (44 tirs) et mal protégé.

Au bord de la rupture, Gottéron se sabordait tout seul avant la deuxième sirène. Moment (mal) choisi par Killian Mottet pour exagérer un accrochage avec Dal Pian, encore lui. Une simulation, sévère peut-être, que les arbitres sanctionnaient d’une pénalité mineure. A 5 contre 4, Ambri classait l’affaire par Robert Sabolic (39e, 3-0). Et le Slovène, qui a l’impossible mission de faire oublier Dominik Kubalik, d’ouvrir son compteur saisonnier. Lui aussi muet depuis la reprise, Marco Müller clouait l’affaire dans la cage vide. Le public léventin entonnait la mélodieuse Montanara et fêtait la victoire en lançant son célèbre clapping. Dans le même temps, de l’autre côté de la glace, les Dragons se faisaient huer par leurs propres supporters qu’ils étaient allés saluer. Deux salles, deux ambiances…

Rapperswil, match clé

Il est vrai que la cinquantaine de fans fribourgeois en pèlerinage à la Valascia avait de quoi faire grise mine. Car de réaction, même minuscule, il n’y a jamais eu. Le temps mort demandé par Mark French n’y aura rien changé, son discours musclé durant les deux pauses encore moins. «Il a remis l’église au milieu du village», confirme Marti, qui refuse d’évoquer le mot crise. «C’est trop tôt. Nous avons des matches à rattraper, à nous de trouver la solution.» A contrario, Vauclair tire déjà la sonnette d’alarme: «Si nous ne gagnons pas demain (aujourd’hui, ndlr), il faudra qu’on se pose de sérieuses questions. L’attitude n’y est pas.»

La réception de Rapperswil s’annonce tendue. En cas de sixième défaite en sept matches, la lanterne rouge pourrait se retrouver à 13 points (avec deux matches à disputer en plus) des modestes Saint-Gallois. «Nous avons très peu de temps pour tirer une leçon de cette rencontre à Ambri et trouver comment ne pas répéter les mêmes erreurs», commente Mark French, dont la situation pourrait se fragiliser rapidement. Le Canadien ne joue certainement pas sa tête ce soir, mais tout autre résultat qu’une victoire obligerait les dirigeants fribourgeois à envisager un plan B.


L’homme de la soirée

Daniel Manzato sans forcer

Des soirées tranquilles comme celle d’hier, Daniel Manzato en redemande. Au terme de la deuxième période, le gardien d’Ambri n’avait dû bloquer ou détourner que huit (!) tirs fribourgeois pendant que son vis-à-vis, Reto Berra, s’était interposé à 30 reprises. Dans des conditions aussi favorables, le Broyard pouvait espérer obtenir son deuxième blanchissage de la saison. Encore fallait-il rester concentré, ce qu’il a fait, et même très bien. Alors que Gottéron évoluait en double supériorité numérique à l’aube du dernier tiers, le routinier a évité la réduction du score de Daniel Brodin, ainsi qu’un éventuel baroud d’honneur fribourgeois. Encore impérial en fin de match, Daniel Manzato s’est fait une belle publicité à moindre coût. En fin de contrat, l’ancien portier luganais quittera sans doute le Tessin après huit ans de service. A 35 ans, il peut espérer décrocher un dernier contrat. Pourquoi pas à Fribourg, si Ludovic Waeber venait à quitter Saint-Léonard? PSC


Coup par coup

Coup de massue

La poisse s’acharne sur Samuel Walser. Touché au niveau de la lèvre et des dents à Genève, l’attaquant fribourgeois a réalisé le «doublé» à Ambri, où un tir lui a heurté la nuque alors qu’il se trouvait à terre. Parti au vestiaire au milieu du premier tiers, le Soleurois n’est plus réapparu par la suite. S’il venait à manquer la rencontre déjà capitale de ce soir face à Rapperswil, Walser serait remplacé par Sandro Schmid, du déplacement à la Valascia mais resté en tribune. Compte tenu de la performance de la majorité des attaquants fribourgeois, il y a fort à parier que le jeune Lacois retrouvera sa place dans l’alignement. Que Walser soit opérationnel ou non…

Coup de cochon

Lukas Lhotak et Adrien Lauper avaient des choses à prouver devant leur ancien public. Mais ni l’attaquant tchèque, fantomatique depuis la reprise, ni le Grolleysan, dont il s’agissait de la deuxième apparition seulement, n’ont convaincu. La saison passée pourtant, Lhotak s’était vu pousser des ailes face à son «ex» (4 buts). A la place, le N°11 des Dragons a quitté la glace en sang après avoir reçu un puck en plein visage. Il est parti en ambulance à l’hôpital de Bellinzone. Sale soirée également pour Lauper qui n’a pas su amener la niaque dont avait besoin Gottéron. A contretemps du début à la fin, «Bouby» a même offert deux revirements à ses anciens coéquipiers lors du même shift. PSC

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