La Liberté

«Il est une inspiration pour tous»

Andres Ambühl joue aujourd’hui contre le Canada son 120e match de championnat du monde. Record

Jean-Frédéric Debétaz

Publié le 21.05.2022

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Hockey sur glace » «Andres, c’est un cadeau du ciel.» L’hommage appuyé de Félicien Du Bois à l’égard de son ancien compère pourrait sembler exagéré, mais lorsqu’on discute avec ceux qui le côtoient ou l’ont côtoyé durant leur carrière, on se dit que le Neuchâtelois a trouvé une formule adéquate.

Cet après-midi à Helsinki, le Grison de 38 ans va enfiler le maillot à croix blanche pour la 120e fois dans le cadre d’un championnat du monde et battre le record détenu jusque-là par le défenseur allemand Udo Kiessling. Et sans une blessure avant le mondial 2018 ou encore l’édition 2020 annulée en raison du Covid, cette marque serait la sienne depuis bien longtemps.

Du Bois impressionné

«Je suis impressionné par ces chiffres, glisse son ancien coéquipier à Davos, Félicien Du Bois, aujourd’hui consultant pour la RTS. Je le connais depuis tellement longtemps, parce qu’avant d’être coéquipiers à Davos, on a été adversaires dès les M13 ou quelque chose comme ça lorsque j’étais en sélection Jura/Neuchâtel/Fribourg et qu’il était avec les Grisons. C’était déjà ce No 10 dominant. Et comme on est de la même année, je l’ai croisé tout au long de ma carrière.»

L’histoire hockeyistique de ce fils de paysans des Grisons a commencé en 2000 avec trois matches de National League et le mondial M18 où il était capitaine de la sélection. Et depuis ce moment-là, il ne s’est pas passé une saison sans qu’il endosse le chandail de l’équipe de Suisse. Il a vécu son premier mondial à Prague en 2004. Seize autres ont suivi, en plus de cinq JO. Avec quatre sélectionneurs: Ralph Krueger, Sean Simpson, Glen Hanlon et Patrick Fischer.

«C’est un exemple à suivre pour tous les jeunes, salue Tristan Scherwey. Il a mérité tout ce qu’il a eu durant sa carrière. Et quand tu le regardes, tu crois qu’il a encore 30 ans. Etre encore un pareil leader à son âge en National League et en équipe de Suisse, je pense qu’il y en a peu qui peuvent avoir un tel parcours. C’est une inspiration pour tous les autres et en plus c’est une hyper bonnpersonne, toujours là pour l’équipe.»

Le Crosby suisse

Jeudi matin lors d’une séance d’interview, celui que tous appellent Buehli débarque tranquillement dans le lobby avec son bonnet vissé sur le crâne, avant de s’installer devant un ordinateur. On lui demande avec quel média il s’entretient. «TSN», répond-il. TSN, la plus grande chaîne de sports au Canada qui s’intéresse logiquement à ce fantastique joueur malgré un décalage horaire peu favorable avec Toronto.

«Quand j’étais gamin, je me souviens que je regardais la Coupe Spengler et qu’il était incroyable, raconte Timo Meier. Vous savez, on parle souvent de Crosby ou d’Ovechkin, mais pour les jeunes en Suisse, Ambühl c’est aussi une idole. Alors pouvoir être présent avec lui lorsqu’il va battre ce record, c’est vraiment spécial.»

Spectateur privilégié de la carrière du Davosien, Félicien Du Bois a dévoilé lors du live des Puckalistes sur La Télé quelques aspects moins connus de ce soldat qui a toujours répondu présent à une convocation en équipe nationale. Un peu comme on suit un ordre de marche: «Il a une passion énorme et elle est restée intacte avec les années. Tous les jours à l’entraînement, c’est le premier qui entre sur la glace. C’est aussi le premier qui sort (il rit)

Une vie tranquille

Et de poursuivre: «Son style de vie est vraiment unique. Ce n’est pas un gars qui fait tout juste en étant hyper attentif aux détails. On pourrait se dire que pour durer aussi longtemps il doit être très à cheval sur la nutrition ou qu’il fait une heure de stretching chaque jour, mais en fait il vit normalement. Il a une capacité incroyable pour savoir comment être en forme, je pense que cela explique aussi cette longévité. Il n’a jamais exagéré. Souvent en tant que joueur, on se dit qu’il faut en faire plus, qu’il faut faire encore une série. Et souvent c’est la série qui va te coûter de l’énergie et entraîner des blessures.» Qui sait où va s’arrêter le No 10? «Selon moi son record va rester longtemps, prophétise Félicien Du Bois. J’ai de la peine à imaginer comment il pourra être battu.»

Ce que tous rappellent aussi, c’est la simplicité de sa vie hors des patinoires. «C’est un gars hyper humble qui vit normalement, poursuit le consultant de la RTS. C’est une personne assez solitaire qui n’est pas forcément facile à côtoyer dans le sens où il ne demande pas grand-chose. Lui je pense que ce qu’il préfère, c’est être à la maison avec sa famille et son chien. Après il est tout à fait sociable au sein d’un groupe.»

Et le Neuchâtelois de conclure: «Il ne se rend pas vraiment compte de ce qu’il représente tant qu’il joue. Ça n’a pas l’air d’être hyper important pour lui. Quand il arrêtera, il pourra être fier en regardant dans le rétroviseur. Quand on lui parle de ça, sa phrase habituelle c’est: «C’est cool, mais je n’en ai pas grand-chose à secouer.» C’est sans doute pour cela qu’il restera dans la légende. ATS

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