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«Je vis bien sans hockey»

Franco Collenberg • A seulement 28 ans et malgré un contrat encore valable avec Rapperswil, l’ancien défenseur de Gottéron (2008-2012) a décidé de tirer sa révérence. Sans regret. Interview.

Franco Collenberg (ici en octobre 2009): «Le hockey est un business, mais il ne faut pas oublier l’être humain.» © Vincent Murith/La Liberté
Franco Collenberg (ici en octobre 2009): «Le hockey est un business, mais il ne faut pas oublier l’être humain.» © Vincent Murith/La Liberté
Franco Collenberg en novembre 2011 © Alain Wicht/La Liberté
Franco Collenberg en novembre 2011 © Alain Wicht/La Liberté
L'ancien Dragon en mars 2010 © Aldo Ellena
L'ancien Dragon en mars 2010 © Aldo Ellena

François Rossier

Publié le 10.07.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Stop! A 28 ans et malgré un contrat encore valable une année avec Rapperswil-Jona, Franco Collenberg a décidé de mettre un terme à sa carrière de hockeyeur professionnel. Un choix surprenant pour un défenseur qui arrivait dans la force de l’âge. L’ancien Dragon, qui avait patiné quatre ans à Saint-Léonard entre 2008 et 2012, explique avoir écouté son cœur avant de prendre sa décision. Sans regret, assure-t-il. Le sport-business et ses dérives n’étaient visiblement plus compatibles avec les valeurs d’un homme entier et généreux qui a toujours accordé énormément d’importance aux relations humaines et aux échanges. Entretien.

- Franco Collenberg, 28 ans, n’est-ce pas un peu jeune pour prendre sa retraite?

Oui, peut-être… (rires). Il n’y pas de raison particulière pour expliquer ma décision, si ce n’est que ma situation a évolué. J’avais signé un contrat avec Rapperswil lorsque Harry Rogenmoser était encore entraîneur. Nous avions une excellente relation. A mon arrivée, il m’avait dit: «Colli, tu es le soleil! Amène ton énergie sur la glace, n’hésite pas à attaquer et tant pis si tu commets quelques erreurs.» Je me sentais compris, et en confiance sur la glace. C’est important. Dans ces moments-là, tu es prêt à mourir pour ton entraîneur.

- Ce n’était plus le cas avec Anders Eldebrink, son successeur…

Eldebrink avait d’autres idées. On perdait beaucoup de matches et rien ne bougeait. A un moment donné, je lui ai dit ce que je pensais. Cela ne s’est pas bien passé (il a été suspendu par son club, ndlr). On m’a envoyé à Berne. Mon contrat était encore valable une année, mais on a décidé de suivre des chemins différents.

- Pourquoi n’avez-vous pas cherché un autre club. A 28 ans, en Suisse, un défenseur retrouve facilement du travail, non?

J’ai tâté le terrain avec Davos. Lugano était intéressé, mais désormais j’ai une famille avec deux enfants (Carlo 2 ans et Giovanna 8 mois, ndlr), on est établi à Sargans et on y vit bien. J’ai senti que c’était le bon moment de découvrir le monde à côté du hockey.

- La saison s’est terminée il y a trois mois. Comment vous sentez-vous?

Je vis bien sans hockey. Je vais régulièrement courir en montagne. Je viens de disputer le marathon de Zermatt. Je n’ai pas vraiment le gabarit (185 cm, 91 kg, ndlr) pour ce genre de course, mais j’ai pris beaucoup de plaisir. Le sport reste quelque chose de magnifique.

- Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière? Le titre de champion de Suisse avec Berne en 2013?

C’était évidemment un beau moment, mais je n’ai jamais couru après le succès. Le hockey est un business, mais il ne faut pas oublier l’être humain. Quand tu engages quelqu’un, cela signifie que tu crois en lui, que tu vas le soutenir, dans les moments difficiles aussi. J’ai de la peine à comprendre par exemple comment on peut envoyer un Loeffel à Genève au milieu de la nuit. Je défends d’autres valeurs basées sur les relations et les émotions.

- Vous parlez d’émotions, elles ont été fortes lors de votre passage à Fribourg où vous avez été l’un des chouchous des supporters. Que vous reste-t-il de votre aventure à Gottéron?

Ces quatre années vont rester gravées dans mon cœur. Il est difficile de choisir un moment particulier. J’ai aimé mes visites aux Buissonnets, où j’essayais d’aller une fois par semaine, j’ai apprécié mes balades dans la vallée du Gottéron et j’ai adoré les nombreuses rencontres que j’ai faites ou les enfants qui venaient chanter à ma porte en Basse-Ville, Il y avait un vrai côté familial. J’ai beaucoup donné et j’ai aussi beaucoup reçu.

- En regardant votre carrière, de vos débuts à Davos et Coire jusqu’à la saison dernière à Rapperswil, nourrissez-vous des regrets?

Vous connaissez Edith Piaf? Bien sûr! Vous connaissez donc sa chanson: (Il se met à fredonner) Non rien de rien, non je ne regrette rien! Quand tu prends une décision avec le cœur, tu ne peux jamais la regretter.

- Comment imaginez-vous vos prochaines années?

Je vais prochainement commencer un travail social comme responsable d’un local pour les jeunes à Glaris. L’an prochain, nous réaliserons un rêve de notre famille en allant passer l’été à l’alpage pour fabriquer du fromage, ensuite je me suis inscrit à la Haute école pédagogique de Zurich afin de devenir maître d’école!

- Vous avez donc définitivement tourné la page du hockey. On ne vous reverra plus jamais sur des patins?

Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne vais plus jouer avec une équipe. J’aime bien patiner. J’irai jouer de temps en temps avec mon fils Carlo et j’enfilerai sûrement mon équipement pour le match de gala de Marc Abplanalp à Gottéron (rires)! 

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