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Roman Josi, la superstar bernoise à l'humilité contagieuse

Hockey sur glace • Roman Josi entame à 25 ans sa cinquième saison en NHL. Le statut du Bernois a drastiquement changé puisqu'il fait aujourd'hui partie des meilleurs défenseurs du monde et qu'il vient d'être nommé capitaine adjoint des Predators de Nashville.

Le Bernois Roman Josi possède une intelligence de jeu peu commune qui lui sert lorsqu'il s'agit de se porter en attaque pour créer le surnombre. © Keystone
Le Bernois Roman Josi possède une intelligence de jeu peu commune qui lui sert lorsqu'il s'agit de se porter en attaque pour créer le surnombre. © Keystone

Jean-Frédéric Debétaz, SI

Publié le 12.10.2015

Temps de lecture estimé : 5 minutes

On aimerait pouvoir dire que si Memphis avait Elvis Presley, Nashville a Roman Josi. Mais cela serait trahir le caractère plutôt placide de l'ancien arrière des Ours. Parce que Roman Josi ne se comporte pas comme un king, loin de là. Ou alors uniquement sur la glace.

Lui qui a commencé en LNA avec son club de Berne à 16 ans se considère toujours comme un jeune en phase d'apprentissage à Nashville alors qu'il fait partie du top 5 des éléments les plus utilisés à chaque match en NHL. «Ne jamais penser que l'on est arrivé au sommet, précise le défenseur au téléphone. Rien n'est garanti. Je me rends compte tous les jours que je suis un privilégié de pouvoir faire ce que j'aime.»

Un contrat de 7 ans pour 28 millions de dollars

Pour dire merci à ceux qui lui ont donné sa chance, Roman Josi n'a de cesse de s'améliorer sur la glace. Le staff des Predators n'a pas manqué l'évolution du Bernois. Un «A» brodé sur le maillot rappelle que le MVP des Mondiaux 2013 vient d'être intronisé capitaine adjoint. Un honneur pour celui qui ressemble de plus en plus à son grand pote Mark Streit.

«Notre vestiaire regorge de grands joueurs qui peuvent prétendre à ce «A», alors je vois cette nomination comme une grande fierté, avoue celui qui a signé un contrat de sept ans en 2013 lui rapportant 28 millions de dollars. Je vais essayer d'amener ma pierre à l'édifice parce que je sais comment l'équipe vit au jour le jour. Il faut être un modèle.»

Mark Streit ce modèle

En parlant de modèle, le jeune défenseur en a-t-il un? «Mark Streit, clairement. Je tente de m'inspirer de ce qu'il fait. J'ai la chance de pouvoir m'entraîner l'été avec lui et je vois comment il prend soin de son corps. Je suis impressionné par la forme qu'il affiche à son âge (réd: 38 ans).»

Si Roman Josi impressionne autant, ce n'est pas seulement au travers des points qu'il marque (55 en saison régulière l'an dernier dont 15 buts) ou par le nombre de minutes passées sur la glace. Non, le Bernois impressionne parce qu'il joue dans toutes les situations. Power-play, box-play, money time, Josi est un véritable 4X4, un pick-up dont les Américains raffolent. A tel point que c'est lui qui est chargé de remonter le puck quand son partenaire de ligne se nomme Shea Weber.

Le Bernois possède une intelligence de jeu peu commune qui lui sert lorsqu'il s'agit de se porter en attaque pour créer le surnombre. La fluidité de son coup de patin tellement aérien lui permet souvent de se débarrasser d'adversaires trop collants. «Le plus difficile? La constance, estime-t-il. Tu ne peux pas t'offrir de break sur un shift. Il n'y a que comme ça que tu progresses et que tu peux aider ton équipe. D'un point de vue technique, je peux être plus précis défensivement et améliorer mon slap. Davantage de force, davantage de précision.» La présence de Phil Housley, ancien grand défenseur américain introduit au Hall of Fame en 2012, n'est pas étrangère à l'émergence de Josi. «Il en sait tellement», dit de lui le Bernois, admiratif.

Un talent de jeu vidéo

Comme pour asseoir encore plus la réputation du garçon parmi les meilleurs arrières de la planète, le jeu vidéo NHL 16 d'EA Sports vient de lui attribuer la note totale de 90 sur 100. Logique. Et il est vrai que le numéro 59 des Predators a parfois inscrit des buts de jeu vidéo. Sa réussite face aux Etats-Unis en quarts de finale des derniers Mondiaux a prouvé sa «fibre artistique». Tout comme sa nomination pour le trophée Norris récompensant le meilleur défenseur de la saison. Le Bernois a fini cinquième. «Je suis très touché de voir mon nom parmi les nominés, glisse-t-il avec cette humilité qui le caractérise. Mais j'essaie de ne pas trop me focaliser là-dessus. Nous pratiquons un sport d'équipe qui conduit à des succès en équipe avec comme but ultime de remporter la Coupe Stanley.»

En ce début de saison, l'entraîneur Peter Laviolette avait soufflé qu'il envisageait de ne pas aligner autant sa meilleure paire de défense. Après deux matches, le coach a tenu parole puisque Josi n'a passé «que» 22'20 sur la glace, soit quatre minutes de moins que son temps de jeu gargantuesque en 2014/15. Le numéro 59 ne s'embarrasse par de ces chiffres et trouve que «cela fait sens au vu du nombre de matches et de la qualité de ses coéquipiers». Mais la saison est très longue et la vérité d'octobre n'est pas celle de mars ou d'avril.

A voir l'ascension de Roman Josi, on ne peut s'empêcher de tendre un parallèle avec Raphael Diaz, tellement dominateur en Suisse mais qui peine à se faire une place en NHL. Contraint de passer par l'AHL, le Zougois espère faire partie du contingent des New York Rangers prochainement. «Je ne comprends pas, conclut Roman Josi. Il est bon et devrait jouer en NHL. Il a le niveau. C'est en plus un mec super hors de la glace. Mais je pense qu'il n'a pas eu autant de chance que d'autres.»

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