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Beat Feuz: «J’aime trop courir»

Le Bernois de 32 ans, en lice ce week-end au Canada, n’a rien perdu de sa motivation

Beat Feuz: «J’espère avoir encore quelques années devant moi à pouvoir me battre pour les premières places.» © Keystone-archives
Beat Feuz: «J’espère avoir encore quelques années devant moi à pouvoir me battre pour les premières places.» © Keystone-archives

Jonas Schneeberger, Lake Louise

Publié le 29.11.2019

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Ski alpin » Les années passées dans le cirque blanc et les… onze interventions chirurgicales subies au genou gauche (!) n’ont pas eu raison de la motivation de Beat Feuz. Le Bernois de 32 ans, meilleur descendeur de la planète, se lancera avec appétit ce week-end lors des épreuves de Coupe du monde de Lake Louise (CAN).

Vous disiez, il y a peu, que tout ce qui vous arriverait désormais était du bonus. A quel stade de votre carrière pensez-vous être?

Beat Feuz: Clairement plus au début! J’espère avoir encore quelques années devant moi à pouvoir me battre pour les premières places. Mais je suis à un âge où tout peut s’arrêter à tout moment.

Vous avez déclaré comprendre totalement la décision de Marcel Hirscher de prendre sa retraite mais vous, en revanche, n’avez jamais songé à le faire. Qu’est-ce qui vous en empêche?

La situation dans laquelle se trouvait Marcel était différente. Quand tu domines pendant huit ans, que tu as tout gagné plusieurs fois et que tu ressens le désir de passer plus de temps avec ta famille, c’est que tu es arrivé à un point où tu sais que tu ne peux plus t’investir à 100%. Je n’en suis pas là. J’ai également une famille, mais j’ai été éloigné quelques années de la Coupe du monde à cause de mes blessures et je n’ai jamais été aussi dominateur. J’ai encore besoin d’être ici.

Hirscher s’est notamment plaint d’une surcharge sur plusieurs niveaux. Quelles sont les choses qui rendent vos vies sportives et privées difficilement conciliables?

Rien. D’une manière ou d’une autre, il est possible de tout compartimenter. Et si tu n’y arrives pas, tu es le seul coupable.

Mais comment parvenez-vous, après tant d’années, à ne pas vous laisser gagner par l’ennui?

J’aime trop courir! J’aime ce sentiment, celui de la compétition, ce picotement dans le portillon de départ, la course. Et les succès me donnent un sentiment de confirmation. S’il n’y avait plus de courses, je ne serais déjà plus là depuis longtemps.

Le quotidien se répète année après année en Coupe du monde. Quels sont à l’inverse les changements que vous avez vécus?

On n’a pas révolutionné la façon de skier. On a en revanche beaucoup fait au niveau du matériel. Enormément même. Globalement, le professionnalisme a progressé. Quand j’ai commencé, il n’y avait que quelques nations qui pouvaient également s’entraîner dans des structures idéales et professionnelles l’été. Aujourd’hui, c’est le cas pour tout le monde. Les Suisses et les Autrichiens ne peuvent plus tirer avantage de leur préparation estivale.

Depuis que vous avez entrepris de soigner votre genou, vos résultats sont impressionnants de régularité malgré une réduction de votre charge de travail. Quels sont vos objectifs cette saison?

J’aimerais rester aussi constant tout en sachant la difficulté de la tâche. Cela ne va pas de soi de toujours terminer dans le top 10 en vitesse, ce que j’ai fait les deux dernières saisons en descente. Mais ça reste mon objectif. Et ce serait beau d’arriver quelques fois à être tout devant.

Egalement en super-G, une discipline qui ne vous réussit pas?

Dur de savoir ce que je vaux en super-G. Je m’y sens moins à l’aise mais je sais aussi que j’ai le potentiel pour un podium, quand tout se déroule bien. Donc, tant que ce sera le cas, je ne vais pas négliger la discipline. Cet été, j’ai consacré deux ou trois jours de plus à l’entraînement en super-G. J’espère ainsi pouvoir lutter pour les premières places plus souvent.

Le super-G est la discipline la plus problématique du ski suisse, avec seulement trois coureurs dans la liste des 30 premiers partants de la FIS. Quelles en sont les raisons, selon vous?

Je n’arrive pas à l’expliquer. Ça doit venir de nous, les coureurs. Avec Zermatt et Saas-Fee, nous disposons de bonnes conditions d’entraînement. On commet vite des fautes en super-G et nous prenons peut-être trop de risques. Mais je ne crois pas que nous ayons une mauvaise équipe. Mauro Caviezel est régulièrement parmi les meilleurs et, derrière lui, nous sommes plusieurs, dont moi, à pouvoir décrocher une des premières places. ats

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