Automobilisme » Deux pilotes trônent désormais au sommet de la hiérarchie en formule 1. Avec son septième titre mondial conquis hier en remportant le GP de Turquie à Istanbul, Lewis Hamilton a rejoint Michael Schumacher au palmarès. Un tel exploit semblait pourtant presque irréalisable il y a quelques années.

Le légendaire Allemand, victime en décembre 2013 d’un très grave accident de ski et qui a disparu de la vie publique depuis, avait mis la barre très haut quand il avait obtenu son septième et dernier sacre en 2004, dix ans après le premier. Après une première retraite au terme de la saison 2006, «Schumi», alors âgé de 41 ans, était revenu en F1 en 2010, passant trois saisons chez Mercedes sans y retrouver le succès. Il quittait pour de bon la discipline fin 2012.

Le forcing de Lauda

Pour lui succéder, le choix de l’écurie alors dirigée par Ross Brawn se portait sur Lewis Hamilton, déjà une fois champion du monde (2008), mais qui n’avait plus chez McLaren une voiture lui permettant de jouer le titre malgré des victoires lors de chaque saison. Niki Lauda faisait le forcing pour convaincre le Britannique de rejoindre les Flèches d’argent, et finalement un accord était trouvé. La première saison voyait Hamilton gagner un Grand Prix, en Hongrie, et signer cinq pole positions. De 2014 à 2020, l’écurie dirigée par Toto Wolff a tout gagné: sept titres constructeurs et sept couronnes pour ses pilotes, soit six pour Hamilton et une pour Nico Rosberg en 2016. L’Allemand, épuisé mentalement après trois ans de féroces duels avec le Britannique, jetait l’éponge cinq jours après avoir été sacré.

La personnalité de Lewis Hamilton a évolué au fil des années. Le jeune rookie débarqué avec fracas en F1 en 2007 (4 victoires et vice-champion) a tout de suite été rapide et performant. Il a connu sa période jet-set, sillonnant la planète pour faire la fête avec diverses célébrités. Il a aussi très rapidement eu besoin de s’aérer le cerveau pour ne pas penser à la F1 en permanence. Ses passions pour la musique et la mode lui ont offert ces espaces nécessaires de liberté. Ensuite, il s’est aussi de plus en plus engagé pour le climat. Cette année, les questions de racisme et de violences policières, notamment aux Etats-Unis, ont provoqué de fortes réactions chez lui. Sa liberté de parole est rare et précieuse dans un sport où le politiquement correct est de mise pour ne pas froisser les sponsors.

Hamilton a initié diverses actions de protestation, comme mettre un genou à terre avant les courses ou demander et obtenir que les Mercedes arborent une livrée de couleur noire et non plus grise pour 2020, un geste qui sera reconduit la saison prochaine. Le Britannique a aussi mis sur pied une commission pour favoriser une plus grande diversité en formule 1.

Ses succès sportifs éclatants, ainsi que son engagement pour plusieurs causes, suscitent l’admiration. Mais comme le dit l’adage, nul n’est prophète en son pays. De plus en plus de voix s’élèvent ainsi en Grande-Bretagne pour critiquer le fait que Lewis Hamilton n’ait pas encore été anobli par la reine Elizabeth, alors que d’autres champions automobiles comme Stirling Moss (jamais champion du monde) et Jackie Stewart (trois titres) ont eu droit par le passé à cet honneur. La souveraine aura l’occasion de réparer ce fâcheux oubli en fin d’année. Sir Lewis ou pas, Hamilton chassera de nouveaux records en 2021: un huitième titre et 100 victoires en Grand Prix… ats

Classements

Formule 1. Grand Prix de Turquie à Istanbul (58 tours de 5,338 km = 309,396 km): 1. Lewis Hamilton (GBR), Mercedes, 1h42'19''313 (moyenne: 181,425 km/h). 2. Sergio Perez (MEX), Racing Point-Mercedes, à 31''633. 3. Sebastian Vettel (GER), Ferrari, à 31''960. 4. Charles Leclerc (MON), Ferrari, à 33''858. 5. Carlos Sainz (ESP), McLaren-Renault, à 34''363. 6. Max Verstappen (NED), Red Bull-Honda, à 44''873. 7. Alexander Albon (THA), Red Bull-Honda, à 46''484. 8. Lando Norris (GBR), McLaren-Renault, à 1'01''259. 9. Lance Stroll (CAN), Racing Point-Mercedes, à 1'12''353. 10. Daniel Ricciardo (AUS), Renault, à 1'35''460. A 1 tour: 11. Esteban Ocon (FRA), Renault. 12. Daniil Kvyat (RUS), AlphaTauri-Honda. 13. Pierre Gasly (FRA), AlphaTauri-Honda. 14. Valtteri Bottas (FIN), Mercedes. 15. Kimi Raikkonen (FIN), Alfa Romeo-Ferrari. 16. George Russell (GBR), Williams-Mercedes.

Championnat (14/17). Pilotes: 1. Hamilton 307 (champion). 2. Bottas 197. 3. Verstappen 170. 4. Perez 100. 5. Leclerc 97. 6. Ricciardo 96. 7. Sainz 75. 8. Norris 74. 9. Albon 70. 10. Gasly 63. 11. Stroll 59. 12. Ocon 40. 13. Vettel 33. 14. Kvyat 26. 15. Nico Hülkenberg (GER), Racing Point-Mercedes, 10. 16. Giovinazzi et Raikkonen 4. 18. Grosjean 2. 19. Magnussen 1.

Prochaine course: GP de Bahreïn (29 novembre).