Boxe » Bruno Tavares le voulait absolument, ce titre national. Dès le premier coup de gong, il a montré que le patron sur le ring, ce serait lui. Il ne s’est pas laissé impressionner par les nombreux et bruyants supporters de Smoian. Mais le chemin vers la victoire fut loin d’être simple. Au 2e round, Tavares se faisait sèchement contrer et il se retrouvait à terre, provoquant de grosses émotions et de mauvais souvenirs dans son camp. Mais il se relevait rapidement, tout en étant compté par l’arbitre. Pour effacer ce déficit, le Fribourgeois redoublait d’efforts, multipliant les coups, mais il se heurtait constamment à un Smoian qui utilisait fort bien ses deux meilleurs atouts, soit la puissance des coups et une très bonne garde.

Néanmoins, dès la mi-match, Tavares parvenait à faire reculer son adversaire et il ne tremblait plus, faisant même vaciller Smoian au 9e round. Et logiquement, Tavares était déclaré vainqueur au terme de dix rounds très prenants, à l’unanimité des trois juges, soit 96-93, 96-93 et 97-92, ce qui plus simplement signifie qu’il a gagné entre 7 et 8 rounds. Tavares a ainsi mis fin à l’invincibilité de Smoian qui avait gagné ses six premiers matches et qui, aux dires de ceux qui le connaissent bien, venait de disputer son meilleur combat.

Sacrifices récompensés

Regardant avec fierté sa ceinture de champion, Tavares était un homme heureux en analysant son combat au bord du ring après avoir fait beaucoup de photos avec ses supporters. Il nous confiait: «Je suis fatigué, j’ai juste envie de rentrer et de dormir… J’ai fait beaucoup de sacrifices, ne serait-ce que pour perdre du poids. Je crois que j’ai bien géré mon combat. Et au 2e round, le contre de Smoian m’a fait perdre l’équilibre, c’est tout. Il s’attendait à ce que je boxe à distance et il a réussi à me toucher mais moi, j’ai réussi à le «sonner». L’expérience acquise dans mon dix rounds au Monténégro m’a servi contre Smoian et m’a forgé un bon mental. Etre champion de Suisse professionnel neuf ans après mon titre chez les amateurs, ça représente vraiment quelque chose.»

Du côté du manager et entraîneur Roberto Quaranta, c’était bien sûr de la joie aussi, et il commentait: «Bruno voulait gagner avant la limite mais il a finalement bien tenu physiquement les 10 rounds. Ce n’était pas facile pour lui car il a dû travailler sur les chantiers ces derniers temps. Sa garde, trop décontractée, a failli lui coûter cher au 2e round et il doit boxer plus à distance pour éviter des coups stupides. En tout cas, maintenant, on peut voir à nouveau l’avenir avec optimisme. Il doit faire un bond en avant dans les classements mondiaux.» Entraîneur-assistant, Michaël Celeschi, qui va prendre un peu de recul avec la boxe, notait surtout le courage de son protégé qui avait bien réagi après l’alerte du 2e round.

Spectateur attentif, l’ancien professionnel fribourgeois Mohamed Belkacem nous disait: «Bravo à Bruno, il a fait un joli combat. Mais il doit travailler encore pour avoir des coups plus agressifs et prendre confiance en lui.»

«Le meilleur a gagné»

Organisateur de la soirée et entraîneur de Smoian, Samir Hotic n’était pas d’accord avec le verdict mais il nous disait: «Ce fut un match très équilibré, intense et de bonne qualité.» Pour Peter Stucki, «patron» des professionnels suisses, «c’est de loin le meilleur boxeur qui avait gagné».

Dans l’autre combat vedette de la soirée, Ornella Domini a reconquis le titre de championne d’Europe en battant aux points la Hongroise Szilvia Szabados qui s’est bien défendue. Physiquement pas à cent pour cent, la Genevoise n’a pas toujours été à l’aise.

La seule fausse note de cette réunion a été la réaction de certains supporters de Smoian qui ont provoqué des bagarres nécessitant l’intervention de la police.