La Liberté

Federer de retour au sommet

Le Suisse sera à nouveau No 1 mondial lundi grâce à sa victoire hier soir contre Haase

Publié le 17.02.2018

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Tennis »   La «régence» est terminée: le roi trône à nouveau. Vainqueur 4-6 6-1 6-1 contre le Néerlandais Robin Haase en quart de finale à Rotterdam, Roger Federer redeviendra lundi, à 36 ans, No 1 mondial. Le plus vieux de l’histoire, cinq ans et 106 jours après avoir cédé la place (novembre 2012).

«C’est un des plus grands succès de ma carrière», a affirmé l’homme aux 20 titres du grand chelem lors d’une petite cérémonie organisée pour lui sur le court. «Quand on est jeune, on travaille comme un fou, on enchaîne les matches, on gagne, on perd et, si on le mérite, on devient No 1 mondial. Mais à mon âge, il faut redoubler d’efforts. Alors, être No 1 à 36 ans, c’est incroyable. C’est un rêve devenu réalité. Cela signifie tellement pour moi.»

Epoustouflant retour

Le plus grand joueur de tous les temps est donc allé jusqu’au bout de son époustouflant retour qui, au sortir de six mois passés à se soigner (deuxième semestre 2016) et après quatre ans et demi de disette en grand chelem, l’a vu avaler deux fois l’Open d’Australie et une fois Wimbledon – entre autres. Jusqu’à déloger Rafael Nadal de son piédestal et dominer à nouveau ce classement ATP comme aucun «papy» avant lui (record d’André Agassi, No 1 mondial à 33 ans, pulvérisé). Au cours des 15 dernières années, Federer a banalisé l’exploit, matérialisé l’impossible, sécularisé le fantastique. Sa carrière superlative, collection inégalée de titres, de trophées, de records, de gloire, d’amour, insinue une forme de facilité trompeuse. Une habitude: celle de voir le maître trôner.

Pourtant cinq ans et cent six jours: voilà le temps dont a eu besoin Roger Federer pour redevenir le roi. Il avait déjà dû attendre plus de deux ans, entre 2010 et 2012. Preuve que la facilité n’est pas de ce monde du sport de très haut niveau où la meute vous dévore à la moindre baisse d’intensité. Depuis si longtemps homme à abattre, le Bâlois n’a pas été épargné par les autres. Il a été attaqué, griffé, ceinturé, mis à terre. Mais dévoré, jamais.

Parce que ce que fait le maître, raquette en main, tient du génie. Pour réaliser ce qu’il réalise, Federer a besoin d’un corps profilé et totalement adapté (une statue pour son préparateur Pierre Paganini!). Cela passe par un travail acharné, ce travail qui, bien souvent, forge les champions. Or rien de tout cela ne serait possible sans un mental en acier trempé de volonté et, aussi, de confiance en soi. Alors que nombreux étaient ceux qui ne le pensaient plus capable des plus grandes victoires, Federer, lui, savait.

Il a envie de tout

On ne louera sans doute probablement jamais assez non plus l’intelligence de l’homme – pas que celle du joueur. Le Bâlois a plusieurs fois durant sa carrière réinventé son jeu, l’adaptant aux nouvelles contraintes des insolents régicides déclarés, notamment la puissance et le lift de Rafael Nadal et la défense sans failles de Novak Djokovic.

Il a aussi compris mieux que tout le monde la manière d’entretenir son outil de travail, ce corps qui, en comparaison de la concurrence, ne lui procure aucun avantage a priori, et qui s’articule autour du dos de Monsieur tout-le-monde, couinant, coinçant, lâchant. Roger Federer, muscles et esprit en symbiose, a atteint l’harmonie. Cette reconquête du trône était-elle le dernier combat? Que manque-t-il à celui qui a tout gagné? Le titre olympique en simple? Un sacré défi pour un homme qui aura... 39 ans lors des prochains JO d’été à Tokyo! Non, il ne manque plus rien à Roger Federer. Mais le maître sait que, le jour où il arrêtera, c’est le tennis qui lui manquera. S’il n’a plus besoin de rien, on sent très bien qu’il a encore envie de tout. ats

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