Mot-clé chapeau » Stan Wawrinka a concédé hier à Melbourne l’une des plus mortifiantes défaites de sa carrière. Le Vaudois s’est incliné devant Marton Fucsovics (ATP 55) 11/9 au jeu décisif du cinquième set malgré trois balles de match dans sa raquette.

Le Vaudois a mené 9/6 dans ce tie-break avant de perdre les cinq derniers points de la partie. Cette issue improbable a conclu une rencontre longue de 3 h 59’ au cours de laquelle Stan Wawrinka est vraiment passé par tous les états d’âme. Mené deux sets à rien, il a bien failli réussir une fabuleuse remontada si l’on précise que le Hongrois a servi pour le gain du match à 5-3 au cinquième set. Le dos au mur, Stan Wawrinka a su exploiter la crispation de son adversaire au moment de porter le coup de grâce pour recoller au score. Mais il ne pensait sans doute pas accuser un quart d’heure plus tard les mêmes tourments lorsqu’il s’est retrouvé à un point de la victoire.

«A partir de 6/1 en ma faveur dans ce jeu décisif, j’ai sans doute commis l’erreur de jouer trop sur la retenue, avoue le Vaudois. Une telle défaite fait forcément mal. Ce fut un match compliqué. Je n’ai pas joué mon meilleur tennis. Je bougeais mal. J’hésitais trop.» Il savait toutefois ce qui l’attendait. «Je suis venu en Australie pour me remettre à niveau après le Covid-19», glisse-t-il tout en précisant qu’il est «sur la bonne voie».

Mais ce discours ne doit pas occulter une sombre réalité: les deux derniers tournois du grand chelem ont tourné au cauchemar pour le vainqueur de l’Open d’Australie 2014, de Roland-Garros 2015 et de l’US Open 2016. L’automne dernier, il avait perdu au troisième tour à Paris face au qualifié Hugo Gaston après avoir mené deux sets à rien. A Melbourne, il sort un tour plus tôt après avoir galvaudé trois balles de match.

Trois tournois

Stan Wawrinka cherchera à rebondir très vite avec un enchaînement de trois tournois qui le conduira à Rotterdam, à Doha et à Dubai. Même si l’opposition sera très relevée aux Pays-Bas, au Qatar et aux Emirats, le temps est venu pour lui de frapper un grand coup. Pour se convaincre qu’il a encore un avenir à bientôt 36 ans et pour étoffer un palmarès dont la dernière ligne, son deuxième titre au Geneva Open, a été écrite il y a bientôt quatre ans. ats

principaux résultats

Melbourne. Open d’Australie. Premier tournoi du grand chelem de l’année (55,24 millions de francs, dur). Deuxième tour du simple messieurs: Marton Fucsovics (HUN) bat Stan Wawrinka (SUI/17) 7-5 6-1 4-6 2-6 7-6 (11/9). Novak Djokovic (SRB/1) bat Frances Tiafoe (USA) 6-3 6-7 (3/7) 7-6 (7/2) 6-3. Dominic Thiem (AUT/3) bat Dominik Köpfer (GER) 6-4 6-0 6-2. Alexander Zverev (GER/6) bat Maxime Cressy (USA) 7-5 6-4 6-3. Diego Schwartzman (ARG/8) bat Alexandre Muller (FRA) 6-2 6-0 6-3. Denis Shapovalov (CAN/11) bat Bernard Tomic (AUS) 6-1 6-3 6-2. Milos Raonic (CAN/14) bat Corentin Moutet (FRA) 6-7 (1/7) 6-1 6-1 6-4. Pablo Carreno Busta (ESP/15) bat Jiri Vesely (CZE) 6-3 7-6 (7/3) 2-6 6-4. Grigor Dimitrov (BUL/18) bat Alex Bolt (AUS) 7-6 (7/1) 6-1 6-2. Felix Auger-Aliassime (CAN/20) bat James Duckworth (AUS) 6-4 6-1 6-2.

Deuxième tour du simple dames: Simona Halep (ROU/2) bat Ajla Tomljanovic (AUS) 4-6 6-4 7-5. Naomi Osaka (JPN/3) bat Caroline Garcia (FRA) 6-2 6-3. Aryna Sabalenka (BLR/7) bat Daria Kasatkina (RUS) 7-6 (7/5) 6-3. Su-Wei Hsieh (TPE) bat Bianca Andreescu (CAN/8) 6-3 6-2. Sorana Cirstea (ROU) bat Petra Kvitova (CZE/9) 6-4 1-6 6-1. Serena Williams (USA/10) bat Nina Stojanovic (SRB) 6-3 6-0. Garbine Muguruza (ESP/14) bat Liudmila Samsonvova (RUS) 6-3 6-1. Iga Swiatek (POL/15) bat Camila Giorgi (ITA) 6-2 6-4. Fiona Ferro (FRA) bat Elena Rybakina (KAZ/17) 6-4 6-4. Marketa Vondrousova (CZE/19) bat Rebecca Marino (CAN) 6-1 7-5.

COMMENTAIRE

Résilience

Résilient: «qui présente une résistance aux chocs». Résilient: un qualificatif qui colle particulièrement bien à Stan Wawrinka, à sa vie d’homme et de père de famille divorcé comme à sa vie de joueur de tennis. Ne pas tomber dans les clichés ni exhumer le catalogue de critiques qu’il essuie depuis 15 ans. Oui, le Vaudois, malgré les hauts et les bas que l’on connaît et qui font aussi partie de son ADN, est d’abord une force de la nature, jamais aussi dangereuse que lorsque le match est long et âprement disputé. Sa défaite hier à Melbourne face au Hongrois Marton Fucsovics après un combat de 3 h 59 qui l’a vu revenir de nulle part avant de galvauder trois balles de match n’en est que plus surprenante. Il s’en remettra, comme il l’a toujours fait.

Pour parler des mérites de Stan Wawrinka, il sied en premier lieu de repréciser le contexte dans lequel il a grandi et grandit encore. Arpenter le circuit en même temps que Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, c’est forcément s’exposer à la comparaison – souvent terrible. Que n’a-t-on pas dit du No 2 suisse avant que le monde ne revienne à la raison et qu’il l’affuble des surnoms de «Stanimal» et de «Stan The Man»? Qu’il n’avait pas de charisme ni de talent, alors qu’il en avait tout simplement moins. Qu’il n’arrivera à rien, alors qu’il fera beaucoup mais pas autant. Sans doute le «Big Three» n’est-il pas éternel mais, déjà, il a causé des dégâts irréversibles en repoussant les limites de la normalité. Tapi dans son ombre, Stan Wawrinka a appris à faire le poing dans la poche. Mais sans lui, peut-être ne serait-il pas devenu ce qu’il est aujourd’hui: le meilleur des viennent-ensuite. Même cabossé de partout.

Le sport est jeu, et il y a plus résilient qu’un tennisman de 35 ans qui s’est incliné au 2e tour de l’Open d’Australie et qui affirme vouloir rebondir. Mais la résilience de l’athlète, aussi riche et à l’abri du besoin soit-il, permet au champion de se construire et à l’être humain moyen que nous sommes de continuer à rêver. Pierre Salinas