La Liberté

Le 39e chapitre d’un classique duel

La rivalité entre Roger Federer et Rafael Nadal renaîtra, demain, pour la première fois depuis 2017

La dernière rencontre entre Federer et Nadal remonte à octobre 2017, lorsque le Suisse avait remporté le Masters de Shanghai aux dépens de l’Espagnol. © Keystone-archives
La dernière rencontre entre Federer et Nadal remonte à octobre 2017, lorsque le Suisse avait remporté le Masters de Shanghai aux dépens de l’Espagnol. © Keystone-archives

Gilles Mauron, Paris

Publié le 06.06.2019

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Roland-Garros » Roger Federer (N°3) et Rafael Nadal (N°2) livreront leur 39e duel demain en demi-finale à Roland-Garros. Exacerbée par l’opposition de style, teintée d’un respect sincère et mutuel, leur rivalité a marqué comme nulle autre l’histoire du tennis. La simple lecture du bilan de leurs affrontements permettra toujours aux détracteurs de Roger Federer de remettre en cause son statut de plus grand joueur de tous les temps. Et ce, que Rafael Nadal ou Novak Djokovic – qui se sont déjà affrontés 54 fois, record de l’ère Open – finissent ou non par dépasser le Bâlois au nombre de titres du grand chelem.

Ce bilan de 23-15 en faveur du gaucher majorquin fait effectivement tache quelque part. Pour n’en citer qu’une, la rivalité entre Pete Sampras et Andre Agassi était bien plus simple à analyser: Pistol Pete a gagné 14 trophées majeurs, le Kid de Las Vegas 8. Le premier affiche un bilan de 20-14 face au second, qu’il a battu à quatre reprises en cinq finales de grand chelem. Le débat est clos.

Le souvenir de 2008

Roger Federer est probablement né quelques années trop tôt (ou trop tard, c’est selon). Son éclosion un soir de juillet 2003 à Wimbledon, grâce à ce tennis flamboyant et varié qui constitue toujours son atout majeur, a suscité l’admiration des observateurs. Mais sa domination qui s’est rapidement dessinée a surtout constitué une source intarissable de motivation pour ses rivaux. Rafael Nadal venait alors tout juste de fêter ses 17 ans, et Novak Djokovic n’en avait que 16. Le bel âge pour façonner un athlète. Outre son jeune âge, Rafa possédait deux autres qualités primordiales: l’humilité, et le fait d’être gaucher. «Il n’y a rien de naturel dans le fait d’affronter un gaucher», a souligné Roger Federer mardi après sa victoire sur Stan Wawrinka. «La plupart des joueurs sont droitiers. Je détestais affronter des gauchers. Mais maintenant, j’adore ce défi», a-t-il poursuivi.

Vraiment? On n’a pas demandé au Bâlois depuis quand il s’est mis à aimer ce défi. Mais il est difficile d’imaginer qu’il l’appréciait déjà le 8 juin 2008, au sortir d’une troisième finale de Roland-Garros perdue consécutivement face au gaucher majorquin. Il avait alors essuyé ce qui demeure comme la plus lourde défaite de sa carrière, encaissant un sec 6-1 6-3 6-0 face à un Rafael Nadal au sommet de son art.

Cette défaite avait laissé des traces. Alors quintuple tenant du titre à Wimbledon, Roger Federer avait perdu sa couronne londonienne dès ce jour-là. A Londres, Rafael Nadal avait pu profiter du «momentum» un mois plus tard pour cueillir son premier titre à Church Road face à un Bâlois fragilisé, voire encore sonné, au terme d’une finale mythique.

Et l’Ibère avait enfoncé le clou six mois plus tard à Melbourne, cueillant son premier – mais demeuré seul – titre de champion d’Australie pour empêcher le Maître d’égaler le record de titres majeurs détenu par Pete Sampras. Roger Federer avait alors craqué durant la cérémonie de remise des trophées, fondant en larmes et gâchant le triomphe de son éternel rival qui l’avait détrôné cinq mois plus tôt au sommet de la hiérarchie.

Le Maître a «triché»

Dix ans plus tard, après une disette de plus de quatre ans dans les tournois majeurs (entre Wimbledon 2012 et l’Open d’Austra-lie 2017), Roger Federer affiche 20 trophées majeurs à son tableau de chasse, contre 17 pour Rafael Nadal. Il a même effacé de la plus belle des manières le souvenir australien de 2009 en janvier 2017, en battant Rafael Nadal en cinq sets en finale à Melbourne pour signer l’un des plus improbables come-back après ses six mois de pause forcée.

Le Maître en est même à cinq succès d’affilée face au taureau de Manacor, dont la dernière victoire remonte à plus de cinq ans. Cette série victorieuse est sa plus longue face à son éternel rival. Mais il a «triché» pour y parvenir, renonçant à trois éditions de Roland-Garros et à deux saisons entières sur terre battue. Demain sur le court Philippe-Chatrier, il ne pourra plus se défiler. «Si j’avais voulu éviter d’affronter Rafa, je n’aurais pas décidé de revenir sur terre battue», a-t-il d’ailleurs lâché. ATS


Tous les matches renvoyés

La pluie a joué les trouble-fêtes hier à Roland-Garros. Les quatre matches de simple programmés ont été définitivement annu-lés vers 16 h 30, alors que les conditions ne s’étaient pas améliorées depuis midi. Les deux derniers quarts de finale du simple messieurs, Novak Djokovic (N°1) - Alexander Zverev (N°5) et Dominic Thiem (N°4) - Karen Khachanov (N°10), ainsi que les deux derniers quarts de finale du tableau féminin, Simona Halep (N°3) - Amanda Anisimova (WTA 51) et Ashleigh Barty (N°8) - Madison Keys (N°14), se déroule-ront donc aujourd’hui. Prévues initialement aujourd’hui, les demi-finales du tableau féminin sont donc de facto reportées à demain.

La journée de demain s’annonce donc chargée, les demi-finales du simple messieurs devant également se disputer ce jour-là. Les organisateurs devront donc modifier la programmation de cette antépénultième journée de compétition. Les courts Philippe-Chatrier et Suzanne-Lenglen devraient tous deux accueillir une rencontre du simple dames puis une autre du simple messieurs. Mais la pluie pourrait également être au rendez-vous demain… GMA/ATS

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11