La Liberté

Rafael Nadal terrasse Roger Federer

L’Espagnol a battu le Suisse (6-3 6-4 6-2) hier en demi-finale à la porte d’Auteuil. Un succès indiscutable

Gilles Mauron, Paris

Publié le 08.06.2019

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Roland-Garros » L’impensable ne s’est pas produit hier à Roland-Garros. Roger Federer (N°3) a logiquement subi la loi de Rafael Nadal (N°2) en demi-finale. Il s’est incliné 6-3 6-4 6-2 devant l’homme aux 11 titres parisiens, qui ne connaîtra son prochain adversaire qu’aujourd’hui. Cette sèche défaite ne saurait ternir le bilan de Roger Federer durant cette quinzaine. Forfait pour les trois précédentes éditions, le Bâlois de 37 ans n’avait en effet pas joué le moindre match sur cette surface pendant près de trois ans, entre le 12 mai 2016 et le 7 mai 2019.

Le Maître, dont l’objectif minimal était de se retrouver en deuxième semaine, a dépassé ses attentes avec une huitième apparition dans le dernier carré à la porte d’Auteuil. «J’aurais signé d’avance pour un tel parcours», a d’ailleurs expliqué Roger Federer, qui a dominé en quart de finale un Stan Wawrinka proche de son meilleur niveau après avoir gagné ses quatre premiers matches sans lâcher le moindre set.

Un vent capricieux

Mais la marche était trop haute hier pour Roger Federer, qui visait une 31e finale majeure. Vainqueur désormais de 117 des 119 matches qu’il a disputés sur terre battue au meilleur des cinq sets, Rafael Nadal a témoigné d’une plus grande solidité dans des conditions parfois dantesques en raison d’un vent très capricieux. Roger Federer aurait pourtant pu le faire douter dans les deux premières manches. Mais sa gestion des points importants fut catastrophique. Le Bâlois aurait ainsi pu égaliser à 3-3 dans le premier set, mais il a fini par concéder le break dans le sixième jeu. Et il aurait dû mener 5-4 dans le deuxième, lui qui a mené 40/0 sur son service à 4-4.

«J’aurais pu gagner l’un des deux premiers sets. Le gros regret, c’est d’avoir concédé mon service à 2-0 dans le deuxième set, alors que j’avais le vent dans le dos», a expliqué Roger Federer, dont la déception était vraiment minime. «Rafa était meilleur que moi, il n’y a aucun doute là-dessus», a concédé le Bâlois, qui peut d’ores et déjà son-ger à son objectif N°1: Wimbledon. «Je suis soulagé de terminer la saison sur terre battue sans bobo. C’est une petite victoire, car la saison continue», a encore déclaré Roger Federer, qui visera un 10e titre à Halle (17-23 juin) avant de partir en quête d’un 9e trophée à Wimbledon (1er-14 juillet). Et qui abordera cette saison sur herbe en confiance, et en pleine possession de ses moyens physiques.

Djokovic ou Thiem?

Rafael Nadal peut quant à lui espérer revenir à deux longueurs de son éternel rival au nombre de titres du grand chelem dès demain. Le gaucher majorquin affrontera au stade ultime de la compétition Novak Djokovic (N°1) ou Dominic Thiem (N°4), dont la demi-finale reprendra aujourd’hui sur le coup de midi. Le Serbe était en ballottage défavorable hier lorsque les organisateurs ont décidé, vers 18 h 30, de reporter la fin de cette deuxième demi-finale. Il était mené 6-2 3-6 3-1 par l’Autrichien, qui a mieux géré le vent que son adversaire. Ce match avait été interrompu en raison de la pluie vers 17 h 50.

La décision de reporter la suite de ce duel à aujourd’hui a semblé incongrue, le soleil ayant justement fait sa réapparition peu après 18 h 30. Certaines sources avaient même affirmé que Novak Djokovic avait décidé de quitter le stade avant l’officialisation du report. Mais l’information a été démentie par les organisateurs, qui ont précisé que de nouvelles averses étaient prévues en soirée. ats

Résultats

Paris. Internationaux de France à Roland-Garros. Deuxième levée du Grand Chelem (42,661 millions d’euros, terre battue). Simple messieurs. Demi-finales: Rafael Nadal (ESP/2) bat Roger Federer (SUI/2) 6-3 6-4 6-2. Interrompu (reprise aujourd’hui à 12 h): Novak Djokovic (SRB/1) - Dominic Thiem (AUT/4) 2-6 6-3 1-3.

Simple dames. Demi-finales: Ashleigh Barty (AUS/8) bat Amanda Anisimova (USA) 6-7 (4/7) 6-3 6-3. Marketa Vondrousova (CZE) bat Johanna Konta (GBR/26) 7-5 7-6 (7/2). Finale aujourd’hui à 15 h.


COMMENTAIRE

Maître du temps, pas des éléments

N° 3 mondial à bientôt 38 ans, Roger Federer est le maître du temps, pas celui des éléments. Sommé de jouer avec le feu, qui plus est face à un relanceur de la trempe de Rafael Nadal, l’homme aux 20 titres du grand chelem a fini par prendre l’eau pour retomber lourdement sur terre, lui qui n’avait égaré qu’un seul set sur le chemin des demi-finales.

Hier, ce ne furent pas les deux meilleurs joueurs de l’histoire qui prirent possession du court central de Roland-Garros mais un léger crachin d’abord, puis le vent, incessant, dont les bourrasques ont atteint 90 km/h. Le vent nivelle les valeurs et, dans des conditions aussi difficiles, il se dit que le petit, comprenez celui qui n’a pas gagné onze fois au pied de la tour Eiffel, est plus favorisé que le grand. Soit. Mais quand on frappe le plus souvent la balle à plat, sans marge de sécurité sinon infime au-dessus du filet, peut-on rivaliser avec les rondeurs du plus puissant spécialiste du genre?

Il a soufflé fort, il a soufflé dru, et le zéphyr rebelle a forcé Roger Federer à jouer les filles de l’air. La terre, elle, humide, est restée collée à la semelle de ses baskets. Là encore, deux théories divergent. Lorsque le court est ainsi imbibé, les rebonds sont moins hauts et auraient dû profiter à qui craignait l’effet dévastateur du lift «nadalien» sur son revers à une main. Mais à évoluer sur des sables mouvants, les attaques même les plus sèches sont diluées dans la sueur et les cris, obligeant leur auteur – qui chose assez rare pour être soulignée n’a jamais autant gémi qu’hier – à frapper un coup de plus, encore et encore.

Ecrire que les caprices du ciel parisien sont la seule cause à cette fin de non-recevoir serait mentir: avant de marcher sur son adversaire comme il l’a fait dans le troisième set, Rafael Nadal a longtemps évolué au-dessus des nuages. Prétendre que cette même opposition de style, sur gazon et sous un toit le cas échéant, aurait connu une issue différente est parfaitement plausible, au contraire. Puisse l’histoire se répéter à Wimbledon, dans cinq semaines, là où Roger Federer est davantage dans son élément. Pierre Salinas


La très belle surprise Barty

L’Australienne et la Tchèque Marketa Vondrousova disputeront aujourd’hui leur première finale en grand chelem.

La finale féminine de Roland-Garros mettra aux prises Ashleigh Barty (WTA 8) et Marketa Vondrousova (WTA 38). L’Australienne s’est défaite 6-3 6-3 l’Américaine Amanda Anisimova (WTA 51) tandis que la Tchèque a battu 7-5 7-6 (7/2) la Britannique Johanna Konta (WTA 26). Une première pour les deux joueuses en grand chelem.

Traditionnellement jouées le jeudi après-midi sur le court Philippe-Chatrier, les demi-finales du tableau féminin ont été exceptionnellement reportées à hier, journée habituellement dédiée aux demi-finales messieurs, à cause de la pluie tombée sans discontinuer mercredi sur Roland-Garros qui avait décalé les derniers quarts de finale féminins.

Elles se sont jouées simultanément, dès 11 h, l’une sur le court Suzanne-Lenglen, l’autre sur le nouveau court Simonne-Mathieu, niché dans le jardin des serres d’Auteuil. Une décision qualifiée jeudi «d’injuste et inappropriée» par la WTA. Vondrousova, 19 ans, est devenue la plus jeune joueuse à se qualifier pour une finale en grand chelem depuis la Danoise Caroline Wozniacki il y a dix ans (US Open 2009). En six matches, la jeune gauchère tchèque n’a pas perdu le moindre set. Avant Roland-Garros, Vondrousova n’avait jamais dépassé les huitièmes de finale en grand chelem (US Open 2018). Elle ne compte du reste qu’un seul titre à son palmarès, celui conquis à... Bienne en 2017.

Il sera question d’histoire pour Ashleigh Barty, première Australienne finaliste à Paris depuis Samantha Stosur en 2010 et, surtout, peut-être première Australienne à soulever le trophée depuis Margaret Court voici... 46 ans. «Je n’arrive pas à croire ce qui m’arrive, s’est amusée la joueuse. Cela a été un parcours passionnant à vivre et je vais avoir de la peine à attendre la finale.» ats

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