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Berne est appelée à la rescousse

Ravageur • Une parlementaire fribourgeoise réclame l’aide de la Confédération pour l’éradication du capricorne asiatique, un insecte nuisible repéré à Marly qui s’attaque aux feuillus.

Dans la région de Fribourg comme à Winterthour, le capricorne asiatique est la bête noire des amis de la nature. © Aldo Ellena
Dans la région de Fribourg comme à Winterthour, le capricorne asiatique est la bête noire des amis de la nature. © Aldo Ellena

philippe castella

Publié le 06.09.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

C’est une bête noire tachetée de blanc, mais c’est surtout la bête noire des amis de la nature. Repéré pour la première fois en Suisse à Brünisried, en Singine, il y a trois ans, le capricorne asiatique fait des ravages par sa gourmandise pour les arbres feuillus. C’est par le biais d’emballages ou de palettes en bois que ses larves voyagent jusque dans nos contrées à partir de la Chine. Depuis lors, le coléoptère est réapparu notamment à Winterthour, en 2012, et cet été dans une autre commune fribourgeoise, Marly, où deux foyers ont même été découverts.

Un malheur qui a ému la conseillère nationale Christine Bulliard-Marbach. Elle va déposer lundi une interpellation pour que la Confédération participe financièrement aux mesures d’éradication de l’espèce nuisible. «C’est une mesure que le Conseil fédéral envisage dans la révision en cours de la loi sur les forêts. Je demande qu’il l’anticipe», explique la démocrate-chrétienne fribourgeoise.

Le temps presse

Aujourd’hui, la Confédération subventionne déjà les mesures prises pour prévenir ou réparer les dégâts causés par des organismes nuisibles, tels que le capricorne asiatique, mais uniquement pour les forêts de protection contre les dangers naturels (avalanches, chutes de pierres, glissements de terrain). Cette aide va toutefois être étendue à toutes les forêts et même aux zones hors forêts, comme c’est le cas à Winterthour et Marly. C’est ce que prévoit un projet de révision adopté par le Conseil fédéral en mai, mais qui doit encore recevoir l’aval du parlement.

Cette mesure devrait être effective dès 2016. «Mais les cantons ne peuvent pas attendre jusque-là», proteste Christine Bulliard-Marbach. Elle aimerait que le Conseil fédéral reconnaisse que la lutte contre ce fléau dépasse l’enjeu local ou régional et que le temps presse. Elle veut qu’il ouvre son porte-monnaie cette année déjà ou, au plus tard, au 1er janvier prochain, pour venir en aide aux cantons fortement touchés, tels Fribourg et Zurich.

Une aide «bienvenue»

«J’espère recevoir une réponse positive», confie la parlementaire. «Ce sont souvent de tels événements dramatiques qui font bouger les choses.» Et pour elle, l’enjeu est d’importance: «Le danger d’un pullulement représente une menace réelle. Si une forêt venait à être touchée, la seule mesure à prendre serait de passer par des coupes rases de grande ampleur.»

«Cette aide de la Confédération serait vraiment bienvenue», reconnaît Alain Lambert, du Service fribourgeois des forêts et de la faune. «Pour l’instant, c’est le canton qui prend en charge toutes les mesures et il s’agit de montants assez importants.» L’aide de la Confédération pourrait se chiffrer à 40% sur la base de ce qu’elle paie pour les forêts protectrices, précise-t-il.

A Winterthour, il a fallu abattre une centaine d’arbres et installer une surveillance qui s’étalera sur quatres années pour un coût estimé à un million de francs par an. A Marly, on manque encore de recul, mais les coûts se chiffrent déjà à plusieurs centaines de milliers de francs, indique André Chassot, responsable du Service phytosanitaire cantonal et coordinateur de l’opération d’éradication.

Plus de 500 arbres abattus

La commune a apporté un soutien logistique en mettant à disposition locaux, matériel et personnel. Tous les coûts liés aux contrôles et à l’abattage d’arbres sont à la charge du canton. Des arboristes et des chiens - dressés pour humer les phéromones - ont dû être engagés pour repérer les coléoptères. Plus de 160 insectes adultes ont été récupérés, le dernier il y a deux semaines, découvert par une habitante.

Quant à l’abattage, il se poursuit, avec l’aide de bûcherons et de la protection civile. Plus de 500 arbres ont déjà été coupés. S’il a fallu en scier beaucoup plus à Marly qu’à Winterthour, c’est parce qu’on y a découvert deux et non un seul foyer, et aussi parce que ces foyers se trouvent en zone résidentielle avec passablement d’arbres, alors que dans la ville zurichoise, c’était en zone industrielle.

Il aime le bois tendre

Doivent être abattus non seulement les arbres contaminés, mais tous ceux appartenant aux espèces privilégiées par le capricorne asiatique dans un rayon d’au moins cent mètres. Sa préférence va aux espèces à bois tendre: érables, marroniers, saules, bouleaux, peupliers et platanes. Mais des frênes, des noisetiers, des hêtres et des cerisiers d’ornement ont aussi été contaminés. En revanche, les espèces à bois dur, comme le chêne ou les résineux (sapins, pins), ne risquent rien.

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