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Ce qu'il faut retenir des annonces du Conseil fédéral

Des règles qui vont plus loin, mais pas beaucoup: le gouvernement a annoncé des mesures relativement légères au vu de la situation épidémiologique. Tour d’horizon

Un trio pour représenter le gouvernement ce mercredi: Guy Parmelin, Simonetta Sommaruga et Alain Berset, en plus du porte-parole André Simonazzi. © DR
Un trio pour représenter le gouvernement ce mercredi: Guy Parmelin, Simonetta Sommaruga et Alain Berset, en plus du porte-parole André Simonazzi. © DR

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Publié le 28.10.2020

Temps de lecture estimé : 10 minutes

Il s’est fait attendre, Alain Berset. Dès 14h, des dizaines milliers d’internautes étaient connectés sur YouTube pour l’allocution hebdomadaire du Conseil fédéral. Celle-ci était suscitait un intérêt sans précédent en raison des records successifs battus par l’épidémie de Covid-19 cette semaine.

«Les affiches de l’OFSP ont viré au rouge, vous l’aurez remarqué», a annoncé le ministre de la Santé dans sa prise de parole. Fallait-il y voir les prémices de mesures très strictes contre la pandémie? Pas vraiment. Même si un nouveau cran est franchi dans quelques domaines, les règles en vigueur dès ce soir minuit restent relativement limitées en comparaison internationale: pas de couvre-feu, encore moins de confinement, même avec «semi-» en préfixe. 
 

«Ces mesures sont moins drastiques car elles doivent tenir des mois»
Alain Berset


«Personne ne veut de semi-confinement. Nous sommes tous d’accord», a expliqué Simonetta Sommaruga. «Nous voulons éviter que des fermetures deviennent nécessaires, avec des pertes de milliers de postes de travail», a ajouté la présidente de la Confédération, estimant que si tout le monde n’était pas d’accord avec chaque mesure, «ce qui nous unit est plus important que ce qui nous divise.»

Plus terre-à-terre, et aussi davantage assailli par les journalistes, Alain Berset a défendu la «timidité» des mesures helvétiques en comparaison internationale. «Certains pays ont pris des mesures drastiques en espérant pouvoir revenir en arrière rapidement. Il y a un certain risque de yo-yo les prochains mois que nous ne voulons pas prendre. Nous ne sommes plus du tout dans la situation du mois de mai: les mesures doivent tenir durant des mois, car l’hiver sera long. Avec en plus le froid, l’humidité et les virus saisonniers», a argumenté le Fribourgeois.



Les principaux faits du jour:

PORT DU MASQUE

Depuis le 19 octobre, le port du masque est obligatoire dans tous les espaces publics clos, quais de gares, arrêts de bus et aéroports inclus. Désormais, il faudra s'équiper partout où la distance de précaution ne peut pas être tenue, à l'intérieur comme à l'extérieur.

Cela concerne les zones piétonnes très fréquentées, les espaces extérieurs d’installations et d’établissements de type magasins, théâtres, cinémas, salles de concert, restaurants, bars ainsi que sur les marchés et les marchés de Noël.

Le masque sera aussi obligatoire dans les écoles du niveau secondaire II et en général au travail. Ces mesures ne sont pas vraiment une surprise, certains cantons ayant devancé le gouvernement en la matière. «Pour toutes les mesures, je rappelle que les cantons peuvent aller plus loin que la Confédération», a d’ailleurs précisé le ministre de la Santé. 

 

établissements publics

Clap de fin pour les discothèques. Tout comme les autres lieux de danse, les boîtes de nuit présentent un risque élevé de propagation du virus, a expliqué le Conseil fédéral. Il n’y a donc pas d’autres options que de fermer ces établissements jusqu’à nouvel avis.

Les bars et restaurants sont mieux lotis: ils ne doivent fermer «qu’à» 23 heures, et ce jusqu’à 6h du matin. Seules quatre personnes pourront se regrouper par table, avec une exception pour les familles avec enfants (vivant sous le même toit).

Alain Berset a insisté sur l’importance du traçage: «Il y a des endroits où ce n’est pas appliqué suffisamment. Il faut vraiment que tout le monde s’y mette, il ne doit plus être possible d’entrer dans un établissement sans laisser ses coordonnées pour le traçage», a justifié le socialiste.

 

SPORT ET CULTURE

Les règles deviennent plus drastiques pour la pratique du sport. Les activités sont limitées à 15 personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur. Le port du masque est obligatoire si les distances ne peuvent pas être respectées. «Pour des sports comme le tennis, le masque n'est logiquement pas imposé», a imagé Alain Berset devant la presse.

Tous les sports dits de contact, comme le hockey et le football par exemple, sont réservés aux professionnels. Un pas que plusieurs cantons avaient déjà franchi. Ces règles sont en vigueur dès 16 ans, si le canton n’a pas pris de décision allant plus loin. C’est le cas de Fribourg, qui n’autorise pas les enfants à pratiquer ces sports. 

Pour ce qui est de la culture, les activités sont limitées à quinze personnes pour les activités professionnelles. Les chorales d’amateurs ne pourront, en outre, plus répéter. Les artistes professionnels peuvent continuer leurs répétitions et leurs représentations dans le respect de cette limite de 50 personnes.
 

TESTS RAPIDES


Au moins une bonne nouvelle durant cette conférence de presse: les essais effectués sur les tests rapides sont concluants. Le Centre national de référence pour les infections virales émergentes a évalué l’exactitude de ces tests, qui permettront de connaître un résultat en 15 minutes.

«Ces tests sont moins sensibles que les PCR en vigueur jusqu’ici. Ils ne conviendront pas aux personnes à risque par exemple», a expliqué Alain Berset. Il s’agit de tests antigéniques qui recherchent non le matériel génétique du virus, mais une protéine présente dans le virus. 

Cette technique d’analyse, plus rapide, ne nécessite pas d’équipement spécifique. Il est donc possible d’effectuer les tests de manière délocalisée. «Nous pourrons réaliser 80’000 tests par jour», se réjouit Alain Berset. L’isolement des personnes positives sera donc plus facile.

 

QUARANTAINES

En une phrase, Alain Berset a résumé la gravité de la situation. «Il y a quelques semaines, nous considérions que 60 cas pour 100’000 habitants était le seuil de danger pour une région. Aujourd’hui, la Suisse est un hotspot européen avec largement plus de 1000 cas pour 100’000 habitants.»

La règle de la quarantaine obligatoire au retour d’un pays étranger touché par le coronavirus à raison de plus de 60 cas pour 100’000 habitants est donc caduque. «Elle ne correspond plus à la réalité», a expliqué le conseiller fédéral. Désormais, seules les régions ayant 60 cas de plus que le niveau helvétique feront toujours l’objet d’une telle mesure. 

Les modifications entrent en vigueur jeudi et il existe toujours une amende jusqu’à 10’000 francs.

» FAQ «Quarantaine pour les voyageurs» sur le site de l’OFSP

 

COnséquences économiques


Il n’avait qu’un rôle secondaire entre le duo Sommaruga-Berset, mais Guy Parmelin était bien présent face aux médias. Le Vaudois a expliqué que les mois à venir allaient être compliqués pour l’économie. Les mesures restent néanmoins nécessaires. «Plus rapidement nous viendrons à bout de l’épidémie, plus les coûts seront bas», a estimé le ministre de l’économie.  
 

«Plus rapidement nous viendrons à bout de l’épidémie, plus les coûts seront bas.»
Guy Parmelin
 

«Nous disposons des bons instruments pour gérer les conséquences: RHT, APG et loi Covid-19, adoptée par le Parlement il y a un mois. Cette base légale nous autorise à soutenir ceux qui en ont besoin, notamment les indépendants ou les cas de rigueur. Les mesures qui ont été si efficaces au printemps sont toujours à disposition aujourd’hui», a résumé l’UDC dans sa courte intervention lors d’un point presse principalement sanitaire.
 

A-T-ON PERDU SEPT JOURS?

Les journalistes ont été assez incisifs avec Alain Berset et Simonetta Sommaruga. Arthur Grosjean, représentant de Tamedia, a notamment demandé si le Conseil fédéral n’avait pas perdu une semaine, puisque tous les constats dressés aujourd’hui et justifiant les mesures avaient déjà été faits lors de la conférence de presse précédente.

Piquée au vif, la présidente de la Confédération a expliqué que le délai était imputable à la coordination avec les cantons. «Il était important d’avoir une stratégie commune. Dans la situation spéciale qui est en vigueur actuellement, soit l’échelon 2 sur 3, nous travaillons de concert avec les cantons. Il faut bien peser les enjeux et les effets de chaque mesure. C’est le cas pour chaque décision annoncée aujourd’hui, et je pense que la population va pouvoir bien comprendre», a justifié la Bernoise.

Pour sa part, Alain Berset a expliqué que le taux de reproduction était actuellement de 1,6 (chaque malade infecte en moyenne 1,6 autre personne). «Ce taux doit être divisé par deux pour que l’on reprenne le contrôle», a expliqué le Fribourgeois.  

ET FRIBOURG?

Vendredi dernier, comme d’autres cantons, Fribourg avait pris les devants en annonçant de nouvelles mesures de lutte contre le coronavirus. Qu’advient-il de ces règles, qui vont parfois moins loin, parfois plus loin que les nouvelles directives fédérales? Notre journaliste Nicolas Maradan éclaire votre lanterne. 

Les premières réactions

Sans doute conscientes de la sauce à laquelle elles allaient être mangées, certaines instances, sportives notamment, ont réagi immédiatement après les annonces gouvernementales. La Ligue suisse de hockey sur glace a par exemple pris position pour déplorer que tous les efforts déployés, en temps, en travail et en argent, soient vains avec la caducité des fameux «concepts de protection». 

Fribourg-Gottéron a également communiqué, en disant «prendre acte» des annonces du Conseil fédéral tout en réitérant ses appels à une aide à fond perdu. Selon le président Hubert Waeber, interviewé par «La Liberté», une saison conclue à huis clos creuserait un trou de 11 millions de francs.


» Revoir la conférence de presse en intégralité:

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