La Liberté

«Il faut favoriser l’accès aux tests»

La Suisse a réussi à freiner la progression du virus du sida. Mais il reste du travail pour l’éradiquer

Philippe Boeglin

Publié le 07.10.2019

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Santé publique » Le recul du virus du sida se poursuit en Suisse. Les nouvelles infections au VIH se sont élevées à 425 cas l’an dernier, soit 4,5% de moins qu’en 2017, rapportait ce lundi l’Office fédéral de la santé publique. La tendance se maintient. Mais le fléau n’est pas vaincu pour autant. Entretien avec Florent Jouinot, de la coordination romande de l’Aide suisse contre le sida.

Comment expliquer la baisse des nouveaux cas d’infection au VIH?

Florent Jouinot: Tout d’abord, ce recul est une bonne nouvelle. Trois facteurs l’expliquent. Le premier, c’est la nette augmentation des dépistages dans la population, notamment dans les groupes clés. Par exemple, les hommes ayant des relations avec d’autres hommes affichent la plus grande progression. Quand une personne infectée est traitée, elle ne transmet pas le virus plus loin. Le deuxième facteur, c’est qu’il y a moins de personnes qui contractent le VIH. Cela est notamment dû à la prophylaxie préexposition (PrEP), qui permet de prévenir une infection lorsqu’on est exposé, et qui est prescrite de manière beaucoup plus large depuis que la commission fédérale pour la santé sexuelle l’a recommandée en 2016.

Et le troisième facteur?

Il est interrogatif: n’y aurait-il pas des gens ayant le VIH sans le savoir? Je pense à toutes les personnes qui ne se sentent pas concernées par le VIH malgré des rapports non protégés, les jeunes qui n’ont pas vécu l’explosion de la maladie dans les années 1980, ou les plus âgés, qui reprennent une vie sexuelle avec un ou plusieurs partenaires en marge ou après la fin de leur couple.

«La sensibilisation et l’information sont capitales»

Florent Jouinot

Le risque d’infection au VIH est-il parfois lié à la culture d’origine?

Certains porteurs du virus sont issus de la migration et viennent de pays où on ne parle pas de sexualité. Dans de nombreuses régions du monde, le VIH est tabou, ou nié: il n’existe carrément pas. Parfois, on le décrit comme une invention occidentale. Ce genre d’approche se retrouve en Russie, en Afrique subsaharienne, en Amérique du Sud, dans le Sud-Est asiatique, des régions à forte prévalence. Pour y remédier, les demandeurs d’asile suivent des cours d’information en Suisse.

La Confédération vise l’élimination du virus en 2030. Comment y parvenir?

Il faut absolument atteindre les groupes de population qui ne font pas de dépistage aujourd’hui. Pour cela, la sensibilisation et l’information sont capitales: toute pénétration sans protection, qui que l’on soit, et quel que soit les partenaires, peut constituer un risque au niveau de la transmission du VIH. Il faut rendre les tests plus accessibles. On doit pouvoir les faire près de chez soi, à bas coûts et bien sûr anonymement. De plus, la promotion de l’auto-test, à présent disponible, doit être développée. Enfin, les traitements doivent être eux aussi accessibles.

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