La Liberté

La course des unis aux premières places

Les hautes écoles suisses sont très bien notées

Isobel Leybold-Johnson

Publié le 02.12.2019

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Enseignement » Les universités suisses tendent à faire bonne figure dans les classements internationaux. Mais comment sont-ils pris en compte par les universités elles-mêmes et pourquoi les résultats varient-ils autant d’un classement à l’autre? Enquête.

Dans de nombreux classements internationaux, l’Ecole polytechnique fédérale (EPF) de Zurich est généralement la première université suisse. Son homologue lausannoise, l’EPFL, occupe quant à elle souvent la deuxième place. Cependant, d’autres institutions académiques suisses les talonnent. Par exemple, l’Université de Genève compte désormais deux Prix Nobel de physique, ce qui pourrait faire monter sa position.

Dans le dernier classement des meilleures universités au monde établi par Times Higher Education (THE), la Suisse peut se targuer d’être le pays qui compte le plus d’universités par tête dans le «top 200». C’est, avec les listes de QS, de Shanghai, et de Leiden, l’un des quatre classements mis en évidence par le Secrétariat d’Etat à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI) sur le site internet qu’il consacre à cette problématique.

Mise en garde

Le site a été créé en 2006 en réponse à l’énorme intérêt suscité par le premier classement des universités, celui de Shanghai, en 2003. Il vise également à «expliquer les méthodologies et surtout à mettre les lecteurs en garde contre une mauvaise interprétation des classements», indique un représentant du SEFRI. Ces classements aident surtout les établissements dans leurs relations publiques avec les décideurs et les futurs étudiants. Mais ils n’interviennent pas dans la formulation de politiques d’enseignement ou de recherche.

Les universités suisses sont conscientes des deux faces de la médaille. Prenons l’exemple de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, qui occupe le 13e rang du classement THE 2020, le plus élevé pour une université hors Grande-Bretagne et Etats-Unis. «Les classements académiques fournissent aux universités un outil de comparaison précieux, mais ils ne sont qu’une vision partielle d’une université», explique, par écrit, le président de la haute école polytechnique zurichoise Joël Mesot.

L’Université de Genève, 144e au classement THE 2020, indique de son côté qu’elle n’a pas de politique spécifique pour améliorer sa position dans certains classements, mais qu’elle se concentre «sur l’amélioration de son enseignement et de sa recherche». Cependant, le récent double Prix Nobel devrait «avoir un impact positif», bien qu’il soit impossible d’en estimer l’ampleur, estime le porte-parole Marco Gérard Cattaneo.

Choix des étudiants

Dans l’ensemble, étant donné que les universités du «top 200» sont considérées comme la crème de la crème à l’échelle mondiale, l’impact sur les étudiants ne peut être ignoré, note encore l’université genevoise. Mais les classements ne donnent pas une vision complète et doivent être pris avec prudence. «Il ne faut pas surestimer les fluctuations à la hausse ou à la baisse, souvent dues à des changements méthodologiques», estime le porte-parole.

Une même haute école peut obtenir des résultats très différents d’un classement à l’autre. Pourquoi? Les critères analysés ne sont pas les mêmes. Ainsi, le hit-parade THE est basé sur treize indicateurs regroupés en cinq domaines, tandis que le classement QS repose sur cinq indicateurs, dont le plus important est l’examen par les pairs universitaires (40%). Résultat: l’EPF de Zurich figure au 6e rang dans le QS 2020 et au 13e dans le THE 2020.

Quel est le meilleur?

C’est difficile à dire. Même Phil Baty, dirigeant du THE, a écrit sur Twitter qu’il n’existe «aucun classement correct ou précis des universités». «Nous devons être honnêtes en tant que classificateurs, admet le responsable, rencontré lors du sommet académique mondial du THE à Zurich. Personne ne peut affirmer que l’EPF de Zurich est la treizième meilleure université du monde et Oxford la première», a-t-il souligné. Le résultat est basé sur un ensemble spécifique de mesures «décidé en accord avec le secteur».

Pour cette raison, Phil Baty encourage les usagères et usagers à utiliser les données en fonction de leurs besoins. Par exemple, les étudiants peuvent être intéressés par les ressources disponibles pour l’enseignement, tandis que les doctorants peuvent prêter attention aux citations et à la réputation.

L’EPFL (38e du classement THE 2020) résume bien le dilemme sur son site internet. «Aucun de ces classements n’est parfait, mais tous donnent un certain éclairage sur les universités passées au crible. L’analyse de l’ensemble des classements donne une idée assez fiable de l’importance relative, de la perception et des performances des institutions académiques.» swissinfo.ch

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