Pour les cinémas la décision du Conseil fédéral  n’est pas une surprise. «Même si nous regrettons de ne pas pouvoir proposer de films au public, il semble que c’est la meilleure décision si l’on veut éviter une troisième vague», réagit Xavier Pattaroni, programmateur des salles Cinemotion à Fribourg, Bulle et Payerne et président de l’Association des cinémas romands.

Reste que si la branche comprend, elle appelle à augmenter les enveloppes d’aides qu’elles soient cantonales ou fédérales. «Nous sommes d’accord de faire le dos rond encore un mois mais nous espérons vivement pouvoir rouvrir ensuite, et dans de meilleures conditions que celles qui étaient prévues pour la semaine prochaine», ajoute Xavier Pattaroni. OW

Dans le domaine des arts scéniques, cette situation « devient extrêmement compliquée », avoue Thierry Loup, co-président de la Fédération romande des arts de la scène. Pour les équipes des théâtres autant que pour les artistes. Concrètement, le maigre espoir qui s’était dessiné pendant une semaine n’aura pas bouleversé la planification des institutions, qui ne s’attendaient pas vraiment à rouvrir le 22 mars. La fondation Equilibre et Nuithonie, dont Thierry Loup est le directeur, ne prévoyait d’ouvrir ses salles qu’à la mi-avril. « Nous communiquerons tout de même les spectacles programmés de la mi-avril au début juillet, pour faire envie à notre public, pour le faire rêver. » La billetterie n’ouvrira qu’en fonction des mesures d’assouplissement éventuelles.

«La billetterie n’ouvrira qu’en fonction des mesures d’assouplissement éventuelles.»
Thierry Loup

Tout en étant réaliste vis-à-vis de l’évolution de l’épidémie, notamment dans les pays frontaliers de la Suisse, la déception reste grande : « Cela devient pesant pour tout le monde. Mais nous préférons ne pas nous précipiter pour éviter le stop and go », accepte Thierry Loup. « Ce qui m’inquiète davantage, ce sont les indemnisations. Si la situation se prolonge, je doute que les fonds suffisent. J’ai des craintes pour les prochains mois. » Des craintes de voir des compagnies et des artistes quitter le milieu, de perdre de la substance artistique.

Le risque de voir la fermeture des théâtres se prolonger est aussi celui de devoir définitivement annuler des spectacles. Jusqu’ici, le directeur a reprogrammé les créations fribourgeoises, dont le travail a abouti. « Il y aura des spectacles perdus, si on ne rouvre pas en mai et juin », avertit Thierry Loup. Pour la plupart des théâtres, la saison 2021-2022 est prête, c’est vers l’automne que déjà les regards sont rivés : quelle sera la situation sur le front sanitaire à la rentrée ? EH