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Les Suisses se mobilisent

Réfugiés • Le drame des migrants suscite un élan de solidarité très fort auprès de la population suisse. Les associations caritatives sont débordées.

La solidarité envers les réfugiés, comme ici en gare de Buchs (SG) mardi, est importante au sein de la population. © Keystone-A
La solidarité envers les réfugiés, comme ici en gare de Buchs (SG) mardi, est importante au sein de la population. © Keystone-A
Publié le 05.09.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Les images effroyables qui nous parviennent chaque jour du drame humain se jouant sur la route de l’Europe font réagir. Les Suisses s’activent pour exprimer leur solidarité et aider les réfugiés. Les organisations n’arrivent pas à suivre.

Urs Weber n’avait jamais vu ça. En 25 ans à la coordination asile de l’office des migrations saint-gallois, jamais autant de citoyens ne l’avaient contacté pour offrir leur aide aux réfugiés, a-t-il confié aux médias lors de la visite d’un centre d’accueil provisoire ouvert il y a deux semaines en ville de Saint-Gall.

Habits pour l’hiver

Les habitants du quartier ont demandé ce qu’ils pouvaient faire. Une enseignante retraitée a proposé de donner des cours d’allemand aux nouveaux arrivants. Quelqu’un a organisé une collecte d’habits sur Facebook, les réfugiés ayant particulièrement besoin de vêtements d’hiver. Même solidarité à Chamoson (VS), où des familles syriennes ont été placées en juin. Une collecte d’habits a dépassé toutes les attentes des autorités.

Sur le réseau social, les collectes de privés se multiplient. Elles visent les réfugiés des centres d’accueil en Suisse mais aussi ceux bloqués à Vienne et Budapest, dans l’attente de pouvoir poursuivre leur voyage.

Nombreux sont ceux qui demandent comment ils peuvent aider. Pour donner des réponses, un groupe Facebook a été créé le 31 août dans la région de Zurich. En quatre jours, Helfen statt nur betroffen sein (Aider au lieu d’être seulement touché) avait déjà réuni plus de 600 membres.

La solidarité est aussi visible dans la rue. Mardi soir à Berne, environ 300 personnes - selon des photos de l’événement - ont exprimé leur soutien aux réfugiés avec des panneaux «Refugees welcome». Une autre manifestation est prévue samedi à Zurich.

Dormir chez l’habitant

Certaines organisations n’ont pas attendu les drames de ces dernières semaines pour appeler la population à agir. L’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) a lancé un projet d’hébergement chez les particuliers début 2014. Jusqu’ici, une vingtaine d’immigrés ont été placés.

Depuis trois ou quatre semaines, les offres ont très fortement augmenté, a indiqué Stefan Frey, chargé de communication de l’OSAR. Entre six et quinze privés proposent des possibilités d’hébergement chaque jour, si bien que l’organisation n’arrive pas à répondre à tout le monde.

«On sent que les gens veulent s’engager, même en proposant leur canapé», constate M. Frey. Mais de souligner que le projet de l’OSAR est un projet d’intégration sur le long terme. Il n’est pas une réponse à l’urgence actuelle. Il existe d’autres moyens de s’impliquer, souligne-t-il.

Ainsi, à Riggisberg (BE), la population s’est mobilisée afin de soutenir les migrants lors de l’ouverture d’un centre de transit en juillet 2014. Une cinquantaine de volontaires ont mis sur pied entre autres un café de rencontres, un magasin d’habits ou encore un service de taxi.

A Zurich, Solinetz a lancé il y a un an les repas avec migrants sous le nom GemeinsamZnacht. Des privés peuvent accueillir autour de leur table des familles ou des réfugiés seuls.

Ces deux dernières semaines, l’organisation a reçu trois fois plus d’offres que depuis le lancement du projet, indique sa responsable Martina Schmitz. Là aussi, impossible de toutes les prendre en compte, d’autant que le travail préparatoire est important. L’organisation rencontre tous les intéressés pour trouver le bon hôte pour le bon invité.

Par ailleurs, les gens demandent à aider des familles syriennes. Mais les Syriens sont peu nombreux en Suisse, et la vague de migrants qui traverse l’Europe actuellement n’a pas déferlé ici, relève Mme Schmitz.

Appel aux dons d’argent

Et les quelques-uns qui viennent d’arriver ont besoin d’un soutien d’urgence pour surmonter le traumatisme de leur voyage, selon la responsable. Pour aider ces personnes maintenant, le meilleur moyen est de faire un don d’argent. Ce n’est que plus tard qu’ils pourront être intégrés dans le projet GemeinsamZnacht, qui a pour vocation l’intégration.

La Chaîne du Bonheur a lancé cette semaine un appel pour les réfugiés sur la route de l’Europe. Là aussi, la solidarité est au rendez-vous puisque l’organisation a déjà reçu plus de 1,8 million de francs en promesses de dons selon un point de la situation fait hier. ATS

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