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Martin von Muralt, l’homme de la coordination

Chahuté à Genève, Martin von Muralt prend la tête du Réseau national de sécurité

Guillaume Chillier

Publié le 04.05.2022

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Polices » Nommé mercredi, le nouveau délégué du Réseau national de sécurité (RNS) reste associé à un épisode pénible. Fin septembre dernier, Martin von Muralt quittait la direction de la prison genevoise de Champ-Dollon, deux ans seulement après son arrivée. Les médias le disent victime d’un putsch, d’une mutinerie des gardiens les plus influents. «Le terme de putsch ne m’appartient pas, bien que je le partage partiellement. Au final, je suis ressorti grandi de cette expérience», raconte le nouveau délégué de 47 ans, présenté à la presse mercredi à Berne.

Ce bref passage à la tête de la prison surchargée du bout du Léman a intrigué la Confédération à l’heure de choisir entre les 27 hommes et 4 femmes qui avaient postulé. «J’ai été contacté par le Service de renseignement de la Confédération, qui voulait des explications», se rappelle Mauro Poggia, conseiller d’Etat genevois chargé de la Sécurité et ancien ministre de tutelle de Martin von Muralt.

«Terrain miné» à Genève

L’élu est formel: «Son échec à Champ-Dollon ne peut pas être attribué à des carences personnelles. Il est arrivé sur un terrain miné. Martin von Muralt est indiscutablement quelqu’un de compétent, d’intelligent et avec un remarquable sens de l’analyse.» Dès le 1er août, il devra trouver des solutions entre la Confédération, les cantons et les communes en matière de sécurité, «de mettre de l’huile dans les rouages du fédéralisme», comme le dit un initié.

«En Suisse, la politique de sécurité demande que tous les échelons se coordonnent et restent en permanence en dialogue»
Viola Amherd

Auparavant, il a travaillé comme inspecteur de police à Genève, comme coordinateur à Interpol et enquêteur à l’Office fédéral de la police (Fedpol) ou, plus récemment, comme commandant de la police de la région de Morges. Viola Amherd vante ce CV. Mais aussi le plurilinguisme et le réseau du Genevois. «En Suisse, la politique de sécurité demande que tous les échelons se coordonnent et restent en permanence en dialogue. Martin von Muralt dispose des compétences nécessaires pour cela», applaudit la cheffe du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).

«Réfléchi et posé»

«C’est quelqu’un de réfléchi, de posé, de franc. Il a l’envergure des postes qu’il brigue», renchérit Marc Baudat, président de l’Union du personnel du corps de police du canton de Genève. Pour André Duvillard, délégué du RSN jusqu’à sa retraite dans trois mois, «Martin von Muralt connaît déjà le service de l’intérieur. Il ne saute pas dans l’inconnu et cela facilite les choses».

A la tête du RNS, Martin von Muralt devra poursuivre le travail de son prédécesseur, et les défis ne manquent pas. Comme la cybersécurité, «où il y a un besoin de coordination accrue», selon Martin von Muralt, l’organisation du grand exercice coordonné du RNS en 2025 ou encore la gestion de crise, sanitaire par exemple.

Là, Martin von Muralt devra mettre en place définitivement le Service sanitaire coordonné, lancé peu avant la pandémie de coronavirus et qui doit encore être ajusté. «Ce service, c’est l’exemple de la force que peut avoir le RNS: une très bonne vue d’ensemble sur certains enjeux», développe André Duvillard.

«Les conditions sont ici beaucoup plus favorables que ce que j’ai connu à Champ-Dollon»
Martin von Muralt

Pour lui, Martin von Muralt pourra aussi poursuivre le développement général du RNS, créé il y a seulement un peu plus d’une dizaine d’années et qui bénéficie aujourd’hui d’une forme de reconnaissance. Il résume: «Le délégué n’a plus ou moins aucun pouvoir. Mais il doit cultiver son réseau, le développer et obtenir l’adhésion des différents organes en les mettant autour de la table.»

Du cantonal au national

Personnellement, Martin von Muralt va devoir quitter le travail de terrain et compte capitaliser sur ses expériences professionnelles. Selon lui, ses défis seront de travailler à un niveau stratégique et non plus opérationnel, de passer du cantonal au national, voire à l’international, et de s’adapter à la diversité des activités qui occupent le Réseau de sécurité national. Il souffle: «Les conditions sont ici beaucoup plus favorables que ce que j’ai connu à Champ-Dollon.»

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