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«On peut faire dire n’importe quoi à la Bible»

Suisse • Le groupe C+H (chrétien-ne-s et homosexuel-le-s) de Genève et le groupe chrétien de Vogay, l’association vaudoise de personnes concernées par l’homosexualité, réagissent dans un virulent communiqué commun aux propos de l’évêque de Coire fustigeant l’homosexualité.

Les associations vaudoise et genevoise de chrétiens homosexuels ont réagi par un communiqué virulent aux propos de Mgr Huonder. © DR
Les associations vaudoise et genevoise de chrétiens homosexuels ont réagi par un communiqué virulent aux propos de Mgr Huonder. © DR

Joël Burri/Protestinfo

Publié le 11.08.2015

Temps de lecture estimé : 3 minutes

«Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme; ce serait une abomination» et «Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu’ils ont fait tous les deux est une abomination; ils seront mis à mort, leur sang retombe sur eux» (TOB), en citant ces deux versets de la Bible (Lévitique 18:22 et 20:13), le 31 juillet lors d’un synode sur la famille en Allemagne, l’évêque de Coire, Vitus Huonder a provoqué la colère des associations LGBT en Suisse comme à l’étranger.

Ce week-end, ce sont les associations vaudoise et genevoise de chrétiens homosexuels qui ont réagi par un communiqué virulent. «L’Eglise catholique romaine, empêtrée dans cette lecture étriquée des textes bibliques, n’a pas été capable de réagir à la volonté d’extermination des homosexuels par le nazisme durant son hégémonie. Qu’en serait-il aujourd’hui alors que cette Eglise tolère encore de tels discours en son sein?»

A en croire l’extrait du discours de Vitus Huonder, reproduit en français par le magazine «360°», il n’a pas appelé à punir de mort les homosexuels, mais s’est servi de ces textes bibliques pour appuyer sa thèse selon laquelle Dieu désapprouve les actes homosexuels. La veille du discours de l’évêque, le 30 juillet, c’est en se prévalant des mêmes passages de la Torah qu’un juif orthodoxe a poignardé six personnes, faisant une morte, lors de la gay pride de Jérusalem.

«On peut faire dire n’importe quoi à la Bible»

Citer les passages les plus difficiles de la Bible est-il devenu tabou? «Soit on utilise ces versets pour leur valeur historique: à l’époque cela se passait comme cela, soit on rappelle le contexte de tels propos», dénonce Sacha Perzoff, président du groupe C+H de Genève (chrétien-ne-s et homosexuel-le-s). «En citant des versets isolés, on peut faire dire n’importe quoi à la Bible», prévient-il.

«Cette lecture “sans filtre” d’un texte biblique, pour moi ce n’est pas innocent» complète André Varidel, coordinateur du groupe chrétien de Vogay. «Je ne crois pas que l’évêque de Coire soit quelqu’un de stupide. Il sait très bien ce qu’il fait en s’adonnant à de telles lectures.» Pour le Vaudois, une distanciation claire de l’Eglise serait nécessaire. «L’évêque de Saint-Gall l’a fait, cela montre bien qu’au sein de l’Eglise catholique on a cette liberté, même à un niveau hiérarchique élevé!»

Plainte pour provocation à la violence

Ce week-end également, l’association faîtière gay suisse Pinkcross avec le soutien de son homologue lesbienne LOS annonçait qu’elle entendait porter plainte contre Vitus Huonder pour provocation publique à la haine et à la violence. Une démarche également entamée par un privé. Sacha Perzoff s’en réjouit. «Je sais bien que cela n’a aucune chance d’aboutir, j’avais fait partie des plaignants contre les jeunes UDC valaisans, il y a quelques années. Mais il est important que ce genre d’action soit menée afin que nos élus prennent conscience que les homosexuels ne sont toujours pas protégés par les lois contre la discrimination et changent la loi.»

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