Un matin en prenant le train
angélique eggenschwiler
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Le mot de la fin
Il est encore tôt sur la ligne Grandson-Palézieux, un silence aux yeux collés enveloppe la rame. En face de vous, une jeune fille se maquille les cils d’un geste sûr, un miroir de poche à hauteur du nez. Vous lui enviez sa désinvolture. A quelques pendulaires de votre banquette, une quadragénaire lit une version de poche de Don Quichotte, vous vous demandez pourquoi.
Il y a ce type assis par terre, à ses pieds un gobelet en plastique où se battent en duel quelques centimes. Arrivé à sa hauteur, le flot de pendulaires se sépare en deux branches pour le contourner. Vous êtes dans la file de droite.
La ligne Renens-Lausanne est bondée. Une vieille dame s’engouffre dans la masse humaine. Un garçon assis détourne le regard. La ferme impression d’être complice. Une adolescente absorbée dans un magazine, sur la première page ce titre: «Les collants opaques reviennent».
Une voix de vieille fumeuse qui vibre dans le brouhaha: «Nous les nanas, on n’a jamais