Il est prétentieux de débattre des effets de la 5G ou du glyphosate au café des lecteurs, et je préférerais laisser les offices fédéraux responsables s’en charger. Malheureusement, ces instances doivent travailler les mains liées par des intérêts économiques sous-jacents et émettent à mon avis des recommandations globalement trop complaisantes aux entreprises détenant un pouvoir politique certain.

L’histoire des propagandes pour le bienfait des innovations se répète et il est lassant de constater que ses chantres sont toujours légion dans les sphères les plus influentes. Le principe de précaution est si souvent sacrifié sur l’autel de la finance qu’il en devient un concept risible et politiquement inefficace.

La liberté d’innover et d’entreprendre apparaît trop souvent comme la seule voie de salut pour ne pas être à la traîne dans une course abrutissante vers… le progrès. Nul besoin d’être scientifique pour reconnaître un arbre à ses fruits, et les fruits de la technologie sont des zombies à écouteurs, bientôt à lunettes, obnubilés par leurs joujoux, prisonniers heureux de leur monde artificiel d’écrans bleus et de besoins inventés.

Du coup, je me fiche encore des nuisances et ennuis de santé dus à l’activité humaine, quand on doit vivre entouré d’êtres automatisés.

Il existe tant de formes de résistance ou de désobéissance aujourd’hui, pour une justice sociale, pour le climat, mais peu identifient ce qui nous opprime avant tout. Tout comme le général Ludd et contrairement à Marco Camenisch ou Theodore Kaczynski, le seul combat valable à mener aujourd’hui est celui qui s’en prend au système technicien.

Damien Krattinger, Fribourg