La Liberté

Une caméra cachée au salon…

Publié le 09.11.2018

Temps de lecture estimé : 1 minute

Afin d’éviter l’anarchie, la Suisse s’est dotée d’un contrôle structurel: le postulat de sincérité du patient a été abrogé afin de traquer les fraudeurs à l’assurance. Il est vrai que les conditions d’un rentier AI sont enviables: ne plus bénéficier d’un sommeil réparateur, dessiner désormais les couleurs vives de son existence à travers divers tons de gris, effectuer au ralenti les affres de la vie quotidienne.

J’ai le privilège de côtoyer journellement des êtres qui souffrent de douleurs persistantes depuis des mois, voire des décennies. Sans douter de l’inauthenticité de l’expression de leur douleur, ils me confient l’humiliation des expertises.

Oui, les simulateurs existent, mais en tant que thérapeute des douleurs neuropathiques, je peux témoigner qu’ils sont très rares.

Dans une étude longue de 14 ans, autorisée par les comités d’éthique du CHUV et de l’Université de Montréal, nous en avons dénombré trois sur 3083 patients, soit 1/1000. Ce faisant, nous blessons déjà l’intimité de ces citoyens qui approchent insidieusement la frontière floue de l’exclusion. Faut-il leur ajouter la perspective angoissante de pouvoir être épiés, à tout instant, par un détective?

Afin de les voir se retourner sans pouvoir se rendormir à la suite d’un 6e, 8e, 12e réveil nocturne, ce n’est pas dans leur salon qu’il faudrait pouvoir les filmer, mais dans leur chambre à coucher! Et ce pour voir un paraplégique qui grimpe sur une échelle (LL du 31.10)? Prochainement en salle: Bienvenue chez les Ch’tis… suisses.

Claude Spicher,

Villars-sur-Glâne

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