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Entre 1970 et 2010, la moitié des animaux sauvages ont disparu, alerte le WWF

Environnement • Le nouveau rapport «Planète Vivante» du WWF le montre: la nature subit des pertes bien plus dramatiques que prévu. Les populations animales ont diminué de moitié en quarante ans.

Un tigre © David Lawson/WWF-UK
Un tigre © David Lawson/WWF-UK
Entre 1970 et 2010, la moitié des animaux sauvages ont disparu, alerte le WWF © WWF
Entre 1970 et 2010, la moitié des animaux sauvages ont disparu, alerte le WWF © WWF
Un éléphant de forêt d'Afrique © Martin Harvey/WWF-Canon
Un éléphant de forêt d'Afrique © Martin Harvey/WWF-Canon
Entre 1970 et 2010, la moitié des animaux sauvages ont disparu, alerte le WWF © WWF
Entre 1970 et 2010, la moitié des animaux sauvages ont disparu, alerte le WWF © WWF
Un gorille des montagnes © Bruce Davidson/WWF-Canon
Un gorille des montagnes © Bruce Davidson/WWF-Canon
Une raie manta © James Morgan/WWF-Canon
Une raie manta © James Morgan/WWF-Canon
Un crapaud doré de Monteverde (espèce éteinte) © Carlos Drews/WWF-Canon
Un crapaud doré de Monteverde (espèce éteinte) © Carlos Drews/WWF-Canon

ATS/LIB

Publié le 30.09.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Le nouveau rapport «Planète Vivante» («Living Planet Report») sur l’état de la nature et de la consommation des ressources naturelles dans le monde vient de sortir, indique le WWF dans un communiqué. «Une fois encore, plus de 10’000 populations d’animaux sauvages appartenant à 3000 espèces de vertébrés ont été recensées dans le monde entier. Le résultat montre qu’elles ont diminué de 52% ces 40 dernières années. Ces pertes avaient été sous-estimées à ce jour. La situation est particulièrement dramatique en Amérique latine, ou le recul atteint 83% entre 1970 et 2010» précise l’ONG.

«Aucun signe de ralentissement»

«Les différentes formes du vivant sont à la fois la matrice des écosystèmes permettant la vie sur Terre, et le baromètre de ce que nous faisons vivre à notre planète», écrit le directeur général du Fonds mondial pour la nature (WWF International), Marco Lambertini.

Entre 1970 et 2010, l'Indice Planète Vivante - qui mesure l'évolution de 10'380 populations de 3038 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons - a chuté de 52%. Et «cette tendance lourde ne donne aucun signe de ralentissement», selon la 10e édition du rapport, selon lequel il est encore possible d'agir pour renverser ce déclin.

Les zones les plus touchées sont l'Amérique Latine (-83%), suivie de près par la région Asie-Pacifique. Ce sont les espèces d'eau douce qui ont payé le prix fort (-76%), quand les espèces terrestres et marines ont diminué de 39%.

Responsabilité humaine

La baisse annoncée de 52% est beaucoup plus marquée que dans les rapports précédents, en raison de changements dans le mode de calcul qui proposent une représentation plus fidèle de la répartition mondiale des espèces de vertébrés, précise l'ONG spécialisée dans la protection des espèces en danger.

Dans son dernier rapport bisannuel, datant de 2012, le WWF faisait état d'une baisse de 28% des espèces sauvages entre 1970 et 2008. L'indice ne couvrait alors que 2699 espèces.

Les causes de ce déclin: la perte et la dégradation des habitats (en raison de l'agriculture, l'urbanisation, la déforestation, l'irrigation, etc.), la chasse et la surpêche, ainsi que le changement climatique.

«Biocapacité» en recul

En Afrique par exemple, l'aire de répartition de l'éléphant ne représentait plus en 1984 qu'environ 7% de son aire historique. Et dans cette portion congrue, à cause du braconnage, le nombre d'éléphants s'est effondré de 60% entre 2002 et 2011.

L'humanité surexploite la Terre, consomme plus de ressources que la planète ne peut en reconstituer, plus de poissons qu'il n'en naît, plus de CO2 émis que les forêts et les océans peuvent en absorber, martèle le WWF. «Aujourd'hui, nous avons besoin de la capacité génératrice d'une Terre et demie pour disposer des services écologiques dont nous profitons chaque année», rappelle l'ONG.

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La Suisse n'est pas épargnée

En Suisse aussi, au moins 40% des espèces animales connues se trouvent sur la liste rouge. Les amphibiens et les reptiles occupent la tête de ce triste classement, note le WWF Suisse sur son site internet.

Et de préciser: «la protection des espèces semble être un problème de luxe comparé à la pauvreté qui règne en de nombreux endroits de la planète. Pour Damian Oettli, responsable Consommation & Economie au WWF Suisse, c’est justement tout le contraire: «Si nous voulons lutter contre la faim et pauvreté, nous ne devons pas détruire la base vitale qu’est la nature.» Pourtant, c’est justement ce que nous faisons, surtout dans les pays riches. Si nous vivions tous comme les Suisses, par exemple, les ressources de 3 planètes seraient nécessaires. Dans le dernier LPR, la Suisse avait encore une empreinte écologique de 2,8 planètes.»

«Notre planète risque un burn-out»

En comparaison internationale, le WWF indique que la Suisse gagne 3 positions et s’établit désormais à la 18e place, rejoignant le club des vingt plus gros consommateurs par habitant au monde. «Ce classement peu reluisant» est mené par le Koweït, dont le style de vie nécessite 6 planètes. Suivi du Qatar (4,9 planètes), des Emirats Arabes Unis (4,5), du Danemark (4,3), de la Belgique (4,3), de Trinidad et Tobago (4,3), de Singapour (4,1) et des Etats-Unis (4 planètes).

Et le WWF de conclure: «Bien que les pays en développement consomment très peu de ressources, l’empreinte écologique mondiale atteint déjà 1,5 planète. Même si de premiers résultats sont enregistrés en matière de découplage entre consommation de ressources et prospérité, ils ne sont pas suffisants». «Notre planète risque un burn-out. Nous tous, issus du monde de l’économie, de la politique, de la société, devons trouver un équilibre entre la préservation de la nature et la consommation», affirme encore Damian Oettli.

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Qu'est-ce que «l'empreinte écologique»? (explications, en anglais)

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