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L'endoctrinement nazi a généré un antisémitisme persistant chez les Allemands

Sociologie • L'endoctrinement par la propagande nazie a généré un antisémitisme très persistant chez toute une génération d'Allemands. Les personnes qui sont nées et ont grandi à cette époque sont aujourd'hui encore nettement plus antisémites que d'autres groupes de la population.

Adolf Hitler, lors d'un discours le 2 décembre 1938 à Reichenberg. © Keystone
Adolf Hitler, lors d'un discours le 2 décembre 1938 à Reichenberg. © Keystone

ATS

Publié le 15.06.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

C'est le constat d'une étude menée par Hans-Joachim Voth, du Département d'économie de l'Université de Zurich (UZH), et Nico Voigtländer, de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Ils ont voulu savoir de quelle manière un endoctrinement aussi extrême modifie les convictions des gens pour le reste de leur vie, même s'ils vivent ensuite dans une société pluraliste et démocratique.

«Les Juifs ont-ils trop d'influence dans le monde?»

Leur constat, publié dans la revue américaine «PNAS» (Proceedings of the National Academy of Sciences): les Allemands nés dans les années 1920 et 1930, à qui l'on a inculqué à l'école et dans la vie de tous les jours la prétendue supériorité de la race aryenne et la haine des Juifs, sont plus antisémites que d'autres groupes moins âgés ou plus âgés.

Ces travaux sont basés sur les données provenant des sondages de population ALLBUS (Deutsche Allgemeine Bevölkerungsumfragen). L'étude définit comme extrémistes les personnes ayant répondu par 6 ou 7, sur une échelle de 1 à 7, aux questions suivantes: «Les Juifs ont-ils trop d'influence dans le monde?», «Les Juifs sont-ils en partie responsables de leur persécution?», «Les Juifs essaient-ils d'utiliser leur statut de victimes pour en tirer un avantage financier?»

Effets pas limités aux extrémistes

Chez les personnes nées dans les années 1950, la part des extrémistes est d'environ 3%. Chez celles nées dans les années 1930, elle est trois fois supérieure, atteignant près de 10%.

Les effets de l'endoctrinement nazi ne se limitent pas aux extrémistes, soulignent les chercheurs. De manière générale, le niveau moyen de l'antisémitisme chez les 85 à 95 ans est plus élevé que dans d'autres classes d'âge.

L'étude montre que la soumission d'une population entière au pouvoir d'un Etat totalitaire est extrêmement efficace. Néanmoins, «la famille et l'environnement social des jeunes personnes peuvent les protéger dans une certaine mesure de l'endoctrinement», note le Pr Voth, cité lundi dans un communiqué de l'UZH.

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