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«Les yeux, c’est un organe tellement personnel!»

Page jeunes - Dis-moi tout! • Les avis de trois jeunes sur le don d'organe. Tous ne sont pas disposés à tout donner.

Mery Ardaya. © Juliane Buty
Mery Ardaya. © Juliane Buty
Emilie Conus. © Juliane Buty
Emilie Conus. © Juliane Buty
Julien Mauron. © Juliane Buty
Julien Mauron. © Juliane Buty

Juliane Butty

Publié le 12.12.2014

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Mery Ardaya

> 21 ans, étudiante en économie de gestion

«Le don d’organes est un thème complexe. D’un point de vue éthique, j’avoue difficilement accepter la possibilité que mes poumons puissent être transplantés sur un fumeur ou mon foie sur une personne présentant des problèmes d’alcool. Pour ma part, j’ai rempli une carte de donneur il y a deux ans. J’avais accepté de donner tous mes organes vitaux. Cependant, j’avais coché la case stipulant que je refusais de faire don de mes yeux. Il s’agit d’un organe tellement personnel! J’estimais que le prélèvement de ces derniers serait trop difficile à vivre pour les membres de ma famille et je redoutais qu’un jour ils croisent mon receveur et reconnaissent mon regard.

»Bizarrement, je n’avais jamais parlé de ma décision avec mon entourage. Sachant que j’allais témoigner dans le journal, nous avons abordé le sujet. Maintenant mes proches connaissent ma position. Cette discussion m’a aussi permis de changer ma perception quant au don de mes yeux. D’un commun accord avec ma famille, je suis prête aujourd’hui à en faire don.»

Emilie Conus

> 26 ans, infirmière en chirurgie

«Je devais avoir 16 ans quand j’ai rempli ma première carte de donneur. Durant un cours de dissection, nous avions abordé le thème de la transplantation. L’intervenant nous avait alors parlé de la carte et nous en avait distribué. J’en avais refait une plus tard à l’occasion du Montreux Jazz festival, sur le stand de Swisstransplant. Ce stand était une idée géniale. A ce jour, on trouve essentiellement ces cartes dans des lieux où l’on va quand on est malade. Je pense qu’il faut les promouvoir aussi dans d’autres endroits, où les gens sont en bonne santé et en pleine possession de leurs moyens pour réfléchir à la question.

»Je suis prête à faire don de tous mes organes. Mes parents et mon copain connaissent ma décision. Travaillant dans le milieu hospitalier, je réalise toutes les vies qu’on peut sauver grâce aux diverses transplantations! Néanmoins, cela renforce également ma conviction que chacun reste maître de son corps. Il faut respecter le point de vue de la personne. Remplir la carte est important car l’on peut vraiment y donner son opinion.»

Julien Mauron

> 19 ans, apprenti ferblantier

«Je n’ai actuellement pas de carte de donneur. Je sais que l’on peut donner ses organes. Cependant, je n’étais pas au courant qu’il existait une carte pour exprimer sa décision officiellement! Je n’en ai jamais vu, ni même entendu parler à vrai dire. J’ai l’impression que c’est un sujet que l’on aborde malheureusement que très peu. Pour ma part, j’en ai parlé une fois avec ma maman. Je lui avais alors dit que je serais prêt à faire don de mes organes, sans donner plus de précisions.

»En y réfléchissant, j’accepterai uniquement de donner mes organes internes. Je dois avouer avoir de la peine à considérer la possibilité qu’une personne puisse vivre avec des parties de mon visage. J’estime que les parties visibles de notre corps touchent de près à notre personnalité. C’est pourquoi, je refuse que l’on prélève mes yeux, mon nez ou même ma peau. Maintenant que je suis au courant de l’existence de ces cartes de donneurs, je pense sérieusement m’en procurer une prochainement!»

> A lire aussi: la présentation de la campagne «On se décide!» de Swisstransplant pour sensibiliser les jeunes.

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