Beat Vonlanthen, un radical qui s’ignore

Elections fédérales 2015 • En collaboration avec Smartvote, «La Liberté» a comparé les «smartspiders» des six candidats fribourgeois au Conseil des Etats avec ceux des listes de leurs partis pour le National. Analyses à découvrir en détails sur notre site.

La «smartmap» (à droite) est intéressante à plus d’un titre. Etablie par l’équipe Smartvote, elle positionne les six candidats fribourgeois au Conseil des Etats par rapport à leurs partis respectifs.
La «smartmap» (à droite) est intéressante à plus d’un titre. Etablie par l’équipe Smartvote, elle positionne les six candidats fribourgeois au Conseil des Etats par rapport à leurs partis respectifs.
Le smartspider de Ralph schmid (PVL) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Ralph schmid (PVL) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Beat Vonlanthen (PDC) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Beat Vonlanthen (PDC) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Jacques Bourgeois (PLR) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Jacques Bourgeois (PLR) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Christian Levrat (PS) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Christian Levrat (PS) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Patrick Castioni (PBD) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider de Patrick Castioni (PBD) comparé à celui de son parti pour le National.
Le smartspider d'Emanuel Waeber (UDC) comparé à celui de son parti pour le National. © Alain Wicht/La Liberté
Le smartspider d'Emanuel Waeber (UDC) comparé à celui de son parti pour le National. © Alain Wicht/La Liberté

Claude-Alain Gaillet

Publié le 07.10.2015

Temps de lecture estimé : 7 minutes

La «smartmap» (ci-dessous) est intéressante à plus d’un titre. Etablie par l’équipe Smartvote, elle positionne les six candidats fribourgeois au Conseil des Etats par rapport à leurs partis respectifs. Ces derniers sont représentés ici par des bulles ou des ellipses, après que les moyennes de toutes leurs listes de candidats pour le Conseil national ont été calculées. Ainsi, dans le cas du PDC, les réponses des candidats sur la liste principale ont été agrégées avec celles des quatre listes jeunes.



Premier constat: si l’on considère l’axe gauche - droite, chaque parti est à la place où on s’attend à le trouver. Les trois partis de gauche, Verts, PS et CG-PCS, sont bien les plus à gauche. Qui plus est, ils sont très proches les uns des autres. Illustration, s’il en fallait une, que leur «alliance de gauche» n’est pas une formule en l’air. Le dernier allié, le Parti évangélique (PEV) est plus proche du centre et colle au PDC. A l’autre bout de l’axe, l’UDC est sans surprise le plus à droite. Le PLR est lui aussi à droite mais proche du centre alors que le PDC est le plus au centre des quatre grands partis avec un net penchant vers la gauche. Le PVL, allié au PDC au Grand Conseil et apparenté avec lui pour cette élection, se situe un peu plus à gauche.

A remarquer aussi la taille des bulles et ellipses: PS, Verts et CG-PCS sont non seulement très proches, les opinions de leurs candidats sont remarquablement homogènes. Car, on l’aura compris, plus la forme est petite, plus elle signifie que les candidats partagent les mêmes idées. A l’inverse, aux tailles des zones PLR et PDC, on peut déduire que les avis à l’interne divergent sur un plus grand nombre de questions.

Deuxième observation: trois des six candidats sont dans la zone de leur parti, les trois autres sont en dehors. Christian Levrat apparaît en pivot de son parti et de l’alliance de gauche. Emanuel Waeber et Ralph Alexander Schmid sont eux aussi proches des valeurs de leurs partis. Bien plus étonnant, Beat Vonlanthen est le plus éloigné de sa formation et apparaît comme un parfait radical. Quant à Jacques Bourgeois, il se situe à la limite du PLR et de l’UDC. Patrick Castioni navigue aussi en périphérie du PBD. Intéressant aussi de constater que ce dernier est, comme au Grand Conseil proche du PDC. Alors que, pour cette élection, il est apparenté au PLR. Curieuse stratégie…

Troisième remarque: les «alliés» Schmid et Vonlanthen, fort éloignés l’un de l’autre, ont bel et bien contracté un mariage blanc de circonstance. Erreur de casting?

En collaboration avec Laura Scaperrotta, analyste chez Smartvote, nous avons aussi comparé les «smartspiders» des six candidats avec ceux des listes de leurs partis pour le National (en gris). Une autre manière de découvrir, ci-dessous, leurs positionnements et les quelques écarts qui apparaissent dans l’un ou l’autre domaine.

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> Emanuel Waeber, UDC

Le candidat singinois de l’UDC se démarque peut-être de son parti sur la question de la péréquation intercantonale, comme l’ont révélé ses récentes interviews dans les médias, cela n’apparaît pas dans son smartspider. Si l’on s’en tient uniquement aux questions de smartvote, Emanuel Waeber est en adéquation avec les valeurs de son parti. Celui-ci se caractérise par une forte approbation à l’ordre et à la sécurité, mais également à une politique économique et une société libérales. Emanuel Waeber se montre toutefois un peu moins fermé à une politique d’intégration. Cela s’observe au niveau de la naturalisation facilitée aux étrangers de troisième génération, et du droit de vote au niveau communal, où il est plutôt favorable.

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> Beat Vonlanthen, PDC

Sa fonction de directeur de l’Economie explique sans doute sa position plus libérale que la moyenne de son parti en matière de politique économique. Il est ainsi davantage favorable à la libéralisation complète des horaires d’ouverture des commerces. Contrairement aux JDC, il est plus nettement défavorable au renforcement de la protection contre le licenciement des salariés de plus de 50 ans. Beat Vonlanthen prône aussi une ouverture plus forte vers l’étranger que la moyenne des cinq listes de son parti. Et il est plus opposé à la réintroduction d’un contrôle des personnes aux frontières. Quant à la protection de l’environnement, le président des directeurs cantonaux de l’énergie est un peu moins exigeant que son parti.

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> Ralph Alexander Schmid, PVL

Le chirurgien vert’libéral se démarque de la moyenne de son parti sur trois points. Premièrement, dans le domaine migratoire, il est moins restrictif puisqu’il approuve sans réserve le droit de vote des étrangers sur le plan communal. Deuxièmement, sur les questions environnementales, il s’oppose clairement à la construction du second tube routier du Gothard, ainsi qu’au passage à trois voies des tronçons autoroutiers très fréquentés. Et troisièmement, Ralph Alexander Schmid se signale aussi en étant résolument plus libéral que les autres candidats vert’libéraux. A noter que son profil est plus proche des candidats PVL de la liste sur laquelle il figure que de la liste rassemblant les entrepreneurs et les jeunes VL.

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> Patrick Castioni, PBD

Le tout frais étudiant en droit se distingue clairement de la moyenne des candidats fribourgeois du PBD aussi bien dans le domaine des migrations que dans celui de l’ouverture vers l’étranger. Sur ces questions, il est en adéquation quasi parfaite avec les candidats UDC. Patrick Castioni se différencie très fortement des autres candidats de son parti sur l’instauration du droit de vote au niveau communal pour les étrangers, auquel il est entièrement opposé. Il est aussi fermement opposé à une adhésion de la Suisse à l’Union européenne. Toutefois, il reste ouvert à l’engagement de négociations pour un accord de libre-échange avec les Etats-Unis. Il se montre aussi un peu moins libéral en matière de politique économique.

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> Jacques Bourgeois, PLR

Un engagement plus faible de l’Etat social et une ouverture à l’étranger légèrement plus élevée: voilà ce que l’on observe en comparant le positionnement de Jacques Bourgeois avec la moyenne des candidats libéraux-radicaux. Sur les questions touchant les migrations, l’ordre et la sécurité, il apparaît comme plus restrictif. Par exemple, il est entièrement favorable au renforcement des règles d’acquisition et de possession d’armes. Et contrairement aux JLR, il adhère à l’idée d’élargir les prérogatives des autorités en matière de surveillance préventive de la correspondance postale, téléphonique et électronique. Jacques Bourgeois est également contre la naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération.

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> Christian Levrat, PS

Il eût été pour le moins surprenant que le président fribourgeois du Parti socialiste suisse soit en décalage avec les camarades de son canton. Ce n’est pas le cas, puisque son smartspider recoupe sur plusieurs points celui de son parti. On peut aussi lire ce graphique dans l’autre sens, en considérant que les troupes fribourgeoises ne s’écartent pas de la ligne de leur leader. C’est sans doute sa fonction de sénateur qui met Christian Levrat en situation un poil plus prononcée en matière d’ordre et de sécurité, et de société libérale. Une position due à son opinion sur la légalisation du cannabis et sur l’euthanasie active directe, questions sur lesquelles il est plutôt défavorable, contrairement aux candidats PS.

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