La Liberté

«Moi, j’ai vu le Père Noël sur internet…»

Les invités du lundi Ils ont pour la plupart sept ans et, dans leur classe d’école primaire, ils sont les élèves d’Isabelle Tripet. Pour «La Liberté», ces bons petits ont accepté de parler de la Nativité à cœur ouvert.

Les dix-huit élèves de la classe 4H de Belfaux avec leur maîtresse, tous photographiés le 28 novembre dernier: entre-temps, pour ces chers enfants, l’heure des vacances de Noël a sonné… © Vincent Murith
Les dix-huit élèves de la classe 4H de Belfaux avec leur maîtresse, tous photographiés le 28 novembre dernier: entre-temps, pour ces chers enfants, l’heure des vacances de Noël a sonné… © Vincent Murith

Pascal Bertschy

Publié le 22.12.2014

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Voici Noël. Pour en parler, les enfants de deuxième primaire de Belfaux ne se font pas prier. La Nativité, ils aiment! Les élèves de la classe d’Isabelle Tripet se prénomment Apolline, Camille, Célia, Chloé, Eloïse, Emma, Francisca, Lara, Lora, Miguel, Nora, Olivia, Romain, Tatiana, Tatyana, Tensahe, Tristan et William.

Ils ont pour la plupart sept ans. Cet âge sème le doute, la perturbation. Le Père Noël, est-ce qu’il existe? La question, pour quelques-uns, mérite déjà réflexion. Jésus, lui, garde toute son aura. «Jésus est un cadeau pour nous, c’est pour ça qu’on se fait des cadeaux à Noël», dit Eloïse. «Ben oui, il a créé le monde», constate Nora. «C’est notre Dieu», ajoute Olivia. «Notre deuxième papa», précise Tatiana.

Quand Jésus sera grand

Ah bon, à Noël, on célébrerait un papa? Et nous qui croyions qu’on fêtait ce jour-là la naissance d’un enfant! Tatiana: «Jésus est un bébé, oui, mais il deviendra notre papa quand il sera grand.» Chloé: «Il nous sauve du mal.» Francisca: «Il nous guérit des ennuis de santé.»

Ces amours de petits! Dans cette classe de 4H, car deuxième primaire se dit comme ça en 2014, ce sont les filles qui parlent. Les quatre garçons de la bande s’expriment peu, laissent causer. Si nous voulions faire du mauvais esprit, nous dirions qu’ils sont probablement en train de s’entraîner. Pour plus tard, bien plus tard, quand ils seront mariés.

Qu’est-ce que No&bs;ël? «C’est être joyeux», résume Camille. «Et passer du temps en famille», renchérit Tatiana. «On reçoit des jouets», assure Célia. «On s’offre des cartes», selon Olivia. Ah! un garçon se manifeste. Oui, William? «A Noël on décore…»

Un enfant, c’est sympa?

Vous savez quoi, les enfants? Le journaliste qui est devant vous a été jeune, comme vous, mais il y a longtemps. Pour être un vieux bonhomme, aujourd’hui, il en a oublié comment on est à votre âge. Alors dites-lui: un enfant, c’est comment déjà? Sympa? Spécial? «C’est gentil», dit Eloïse. «Mais pas toujours», nuancent Emma et Lora. «On peut être les deux, gentil et pas gentil», souligne Apolline. «Le mieux, c’est les bébés, parce que c’est chou et mignon», tranche Tatiana.

«Mais vous avez quel âge?», coupe Miguel en s’adressant à l’intervieweur. La maîtresse sourit et demande à ses élèves quel âge ils donnent au journaliste. «Dix-huit ans», estime Lara. «Moi je dirais quatre-vingts ans», avance Tensahe, plus réaliste.

«Mon arrière-grand-père est mort à 90 ans. Il est parti l’an dernier, je l’aimais», dit Apolline. «J’aime ma grand-mère; à Noël elle met plein de chocolats dans un carton», enchaîne Tensahe.

Le journaliste se rappelle soudain une chose: du temps où lui allait à l’école, il était amoureux d’une fille de sa classe. Mais ce genre de sentiment n’existe plus du tout aujourd’hui, n’est-ce pas? «Si, siiiiii!», répond la classe. Et dans la jubilation générale, certains de dénoncer aussi sec X qui «est amoureux» de la belle Y!

Sur sa chaise, le X en question se renfrogne. Le cher ange a du mal à contenir ses larmes. Pardon petit si le journaliste a gaffé, il ne voulait pas te mettre dans l’embarras. Tu es fâché contre lui, maintenant? «Mmm… non, seulement contre les autres», bougonne X, tête baissée.

Les garçons, sans façon

«J’ai pas d’amoureux, les garçons sont énervants», fait remarquer Tensahe. «A l’école enfantine, j’avais dix-sept amoureux. Je n’en ai plus qu’un maintenant, mais il est dans une autre classe», explique Eloïse. «La fête qu’on passe avec des personnes qu’on aime beaucoup, c’est la Saint-Valentin», rappelle Apolline.

Revenons à Noël. Et plus précisément à un de ses grands personnages: les enfants, avez-vous eu déjà l’occasion de rencontrer le Père Noël? «Oui, au Portugal où il était dans une petite maison avec les rennes et où je lui ai parlé», confie Tatyana. «Les cadeaux sont au magasin. On les achète, on va à la caisse et on emballe dans du papier. C’est pas lui qui fait les cadeaux, c’est l’usine», argumente Romain. «Oui, l’usine du Père Noël», soutient Tatyana.

Va savoir s’il existe!

Nora lâche une bombe: «Même s’il a fait une photo avec toute la famille, une fois, le Père Noël n’existe pas. Il y en a plein!» Beaucoup de faux, selon elle, et pas un de vrai! Apolline: «Je crois au Père Noël parce qu’en vacances, un soir, j’ai vu un truc rouge et blanc dans le ciel.» Miguel témoigne à son tour: «Moi, j’ai vu le Père Noël sur internet…»

William, lui, a le cœur qui balance: «Je ne sais pas s’il existe. Il faudrait un piège. Je ne vais pas le faire cette année, mais une fois, je cacherai devant le sapin une caméra qui filmera tout pendant la nuit. Et là, je saurai…»

A Tensahe, cependant, on ne la lui fait pas: le gros bonhomme à barbe blanche ne serait d’après elle que pure invention: «Avant, quand j’y croyais encore, j’avais choisi dix cadeaux et bien fait la liste. Mais je n’ai rien eu de ce que j’ai commandé, rien, et j’étais très triste le soir dans mon lit.»

La maîtresse: «Est-ce que tu étais triste parce que le Père Noël n’existe pas ou parce que tu n’as pas reçu les cadeaux que tu voulais?» Tensahe: «Les deux.»

Ils seront généreux

Ce qui est sûr, avec nos vaillants «deuxièmes», c’est qu’ils ne laisseront pas aux adultes l’exclusivité d’offrir des présents aux autres. Des cadeaux, les enfants en feront également. «Moi, pas trop», tempère Romain.

Néanmoins, ils veilleront à se montrer généreux. Certains d’entre eux, telle Eloïse, n’oublieront pas leurs grands-parents. Et Tristan, par exemple, est fier de pouvoir annoncer déjà la couleur: «Je donnerai à mes parents des sculptures en papier.»

Oui, ouvrons la porte!

Tous se réjouissent d’y être. Y compris Célia, qui garde pourtant un souvenir douloureux des Fêtes précédentes: «En jouant dehors, juste après Noël, je me suis achoupée dans des roues de vélo et j’ai eu une jambe cassée. Je n’y penserai pas trop à Noël, ça s’était passé en janvier…»

Autre chose, les enfants: si un pauvre malheureux sonnait chez vous le soir du 24 décembre, que feriez-vous? «Si je ne le connais pas mais qu’il a l’air gentil, je l’accueille», lance Eloïse. Emma: «C’est Noël, c’est normal…»

La maîtresse: «On ne parle pas de gens forcément pauvres, mais de personnes qui seraient seules à Noël.» Isabelle Tripet, dans un sourire, poursuit: «Savez-vous que c’était la coutume quand j’étais petite? A la maison, ma maman prévoyait toujours une place à table et une part en plus pour un éventuel invité surprise. C’est de cette façon que nous avons partagé quelquefois nos repas de Noël avec des gens seuls. Ils étaient aussi intimidés que nous, au début, mais nous avons eu de beaux moments et tout le monde était content!»

L’histoire ravit la classe et lui donne à réfléchir. Sur ce, Tristan se lance: «Pour inviter quelqu’un qui est seul à Noël, je sais pas, il faudrait demander à mes parents. Mais moi, je dirais oui…»

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