20 mai 2021 à 04:01
Vous les Suisses, on ne saurait dire que vous êtes absolument fous de la construction européenne, si lente, et si pesante, si pleine d’embûches et de chausse-trappes, mais enfin, vous n’êtes pas non plus des idiots – malgré ceux qui vous le cornent volontiers aux oreilles –, au point de nier combien le statut si particulier qui est le vôtre, dans l’Europe sans y être, il faudrait dire, sans le moindre élan participatif, a pu vous être bénéfique au cours des dernières décennies. En deux mots, un sentiment bizarre, et tout neuf, qui ne laisse pas d’étonner les observateurs, et que nous révèle un sondage récent.
Les partisans d’une intégration complète à l’Europe se réjouissent: tout n’est pas perdu, se diront-ils. De tous côtés, après une somnolence, que dis-je, une longue hibernation d’ours polaire, il semblerait que les yeux se rouvrent, que les consciences s’éveillent. Un mince petit doute quant à la marche des affaires, les Bilatérales défuntes, se fait jour dans l’opinion. Or, il est sans doute trop tard pour sauver le beurre et l’argent du beurre, ce qui fut l’ordinaire de la politique européenne de votre pays: une absence de volonté politique, une procrastination instituée – hélas, il faut le souligner, grâce à la complaisance de l’Union européenne face à un pays à la démocratie respectable, malgré ses courbatures, et si profondément idolâtre du peuple – comme si les peuples ne se trompaient jamais!
Bonne chance aux Suisses qui pensent que les demandes sectorielles, dans une négociation, peuvent être indéfiniment mises en concurrence, et que rien n’est jamais à trancher politiquement. A savoir, sans idée ni projet.
Pierre Voélin, Fribourg
Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus
