Etats-Unis. Le congrès américain lève la paralysie budgétaire après 43 jours

Le congrès américain a définitivement adopté mercredi une proposition de loi qui permettra, une fois promulguée par le président américain Donald Trump, de lever la paralysie budgétaire la plus longue de l'histoire des Etats-Unis.

La paralysie budgétaire, la plus longue de l'histoire des Etats-Unis, a duré 43 jours.KEYSTONE/EPA/WILL OLIVER



La Maison-Blanche avait indiqué plus tôt que le président républicain signerait le texte dans la foulée pour "mettre fin à ce 'shutdown' dévastateur", après 43 jours qui ont bouleversé plusieurs pans de l'économie américaine.

Après l'adoption lundi par le Sénat, la chambre des représentants a approuvé la proposition de loi budgétaire avec 222 voix pour et 209 contre. Seuls six élus démocrates ont rejoint la majorité présidentielle, tandis que deux républicains ont exprimé leur désaccord.

Le président républicain de la chambre, Mike Johnson, s'était félicité avant le vote de la fin à venir de ce "long cauchemar national". Plus tard, il a fustigé le blocage de l'opposition des démocrates depuis six semaines.

"Ils savaient que cela entraînerait des souffrances et ils l'ont fait quand même. La manoeuvre dans son ensemble était inutile. Elle était injuste et elle était cruelle", a déclaré le "speaker" dans l'hémicycle.

"Obamacare"

Après plus de 40 jours d'impasse budgétaire, une poignée de sénateurs démocrates avaient fini par rendre les armes lundi en approuvant avec leurs collègues républicains une nouvelle proposition de loi, qui étend le budget précédent jusqu'à la fin janvier.

Le texte laisse en revanche dans le flou la prolongation de subventions pour "Obamacare", l'assurance santé des ménages aux revenus modestes, au grand dam de la base et de nombreux élus démocrates.

Parmi les seules concessions à l'opposition, le texte prévoit la réintégration des fonctionnaires licenciés depuis le début du "shutdown". Il comprend également des fonds pour le programme d'aide alimentaire SNAP jusqu'en septembre, évitant ainsi que cette aide, dont bénéficient plus de 42 millions d'Américains, soit gelée en cas de nouvelle paralysie budgétaire à la fin janvier, comme ce fut le cas lors du blocage actuel.

En raison des règles du Sénat, huit voix de l'opposition étaient nécessaires pour adopter le texte. Et les huit en question se sont attiré les foudres de nombreux membres du camp démocrate, qui dénoncent de maigres concessions et de fausses promesses républicaines.

Une "capitulation"

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, s'est ainsi lamenté sur le réseau social X d'une "capitulation" et d'une "trahison" envers les Etats-Unis d'Amérique qui travaillent.

De nombreux démocrates se sont aussi demandé pourquoi ces sénateurs ont cédé quelques jours seulement après de larges victoires de leur parti dans d'importantes élections à travers le pays, qui validaient, selon eux, leur stratégie au congrès.

Le chef de la minorité démocrate à la chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a de nouveau appelé mercredi soir les républicains à tenir leur promesse d'organiser un vote bientôt sur "Obamacare".

"Nous estimons que les Américains de la classe ouvrière, les Américains de la classe moyenne et les Américains ordinaires méritent le même niveau de certitude que les républicains fournissent toujours aux riches, aux plus aisés et aux donateurs au bras long", a-t-il déclaré dans un discours dans l'hémicycle. "Il n'est pas trop tard" pour prolonger ces subventions, a ajouté le ténor démocrate.

La question de ces subventions est au coeur du différend qui a mené au "shutdown". Sans leur prolongation, les coûts de l'assurance santé devraient plus que doubler en 2026 pour 24 millions d'Américains qui utilisent "Obamacare", selon KFF, cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.

Depuis le 1er octobre, plus d'un million de fonctionnaires n'étaient pas payés. Le versement de certaines aides a été fortement perturbé et des dizaines de milliers de vols ont été annulés ces derniers jours en raison de pénuries de contrôleurs aériens, car certains avaient choisi de se faire porter pâle plutôt que de travailler sans salaire.