Une balade au bord de la Méditerranée qui «En-Vau» la peine! Voici pourquoi l’automne est la meilleure saison pour visiter les calanques de Cassis

Or une autoroute embouteillée, c’est précisément ce à quoi le chemin pédestre qui relie les calanques de Cassis ressemble en haute saison. Et encore, quand elles ne sont pas tout simplement fermées en raison du risque d’incendie. Ce qui n’est plus si rare en raison du réchauffement climatique. J’en sais quelque chose, je me suis retrouvé à deux reprises devant un sentier fermé lors de séjours estivaux. Il faut dire que depuis qu’un incendie parti de Marseille a ravagé la calanque de Port-Miou en 1990, les autorités sont sensibilisées au danger, et mettent tout en œuvre pour qu’il ne se concrétise pas. C’est encore plus vrai depuis que les calanques ont été classées parc national en 2012.

Surfréquentation, sentier fermé, chaleur étouffante… Il existe pourtant une solution très simple pour éviter ces différents inconvénients: cheminer à travers ces merveilles géologiques en automne. Ce n’est pas un hasard si j’ai pour ma part choisi une boucle qui relie les calanques de Port-Miou, Port-Pin et En-Vau. «S’il y a une calanque à voir absolument, c’est elle: la calanque d’En-Vau», affirme en effet l’Office du tourisme de Marseille. Vous allez comprendre pourquoi.

Si vous deviez trouver une autre raison d’attendre l’automne pour vous lancer dans cette randonnée, c’est bien le parking. A moins de se lever aux aurores, il est quasi impossible de trouver une place à l’intérieur de Cassis en été. C’est incomparablement plus aisé à la saison des feuilles mortes (enfin, de la chute des pommes de pin dans cette région). Et cela tombe bien parce que le parking de la presqu’île est le point de départ idéal pour cette balade. Un petit sentier de terre vous amène sur l’Avenue des Calanques, qui fait un coude pour vous conduire sur la piste qui longe la calanque de Port-Miou. A travers les arbres, vous pouvez apercevoir sur votre gauche le port de plaisance et l’ancienne carrière, exploitée jusqu’en 1982 pour extraire le carbonate de calcium nécessaire à la fabrication de soude caustique.

Après 800 mètres environ sur cette piste en terre, et alors que vous avez la sortie de la calanque de Port-Miou en visuel, il est temps de vous engager sur le chemin rocheux qui va vous amener à Port-Pin. Cela vous prendra environ 45 minutes pour atteindre cette seconde calanque, reconnaissable à sa petite plage lovée entre les pins d’Alep. Attention, après une petite ascension, la descente sur cette dernière est relativement escarpée et la roche du sentier, limée par le passage incessant des promeneurs, peut être glissante. Surtout quand il vient de pleuvoir, ce qui n’est pas complètement inhabituel en automne, même sur les «rivages sans nuages» chers à Tino Rossi.

Port-Pin dépassé, il est temps de partir à l’assaut de la calanque d’En-Vau. Deux possibilités s’offrent alors à vous: un itinéraire bleu, un peu plus long mais moins difficile, et un itinéraire rouge et blanc plus direct. Ayant tout mon temps, j’ai choisi la première solution. Gentiment mais sûrement, vous allez prendre de l’altitude jusqu’à longer en hauteur la calanque d’En-Vau. Si vous n’êtes pas sujet au vertige, prenez le temps de vous approcher du bord (avec prudence quand même!) pour contempler cette eau turquoise qui, septante mètres plus bas, ne peut qu’aimanter le regard. Si vous avez un coup de chaud, vous pourrez vous poser quelques minutes sur les bancs bétonnés du refuge du piolet. Le contraste entre la nature triomphante qui l’entoure et ces murs recouverts de graffitis est tout à fait saisissant.

Vous êtes partis depuis 1h30 environ de Port-Pin, un peu plus de 2h15 de Port-Miou. Il est temps d’attaquer le plat de résistance de cette randonnée, la descente vers la plage d’En-Vau. Ici, c’est un sentier balisé en rouge qui vous attend sur la gauche pour atteindre le joyau de cette balade. Si vous voulez éviter l’entorse avant la saison du ski, pensez à vous munir de bâtons et de bonnes chaussures. Un certain nombre de promeneurs, pas forcément équipés, préfèrent renoncer à ce stade. Dommage pour eux car 30 minutes plus tard, c’est un spectacle extraordinaire et une superbe crique de galets qui vous attend. Dans une eau qui peut quand même frôler les vingt degrés à cette saison (cela fait du bien car le chemin fait transpirer), les pieds dans des eaux presque aussi turquoises que celles de la Corse, prenez le temps d’admirer les deux parois abruptes qui enserrent cette bande de mer, sculptées par des millénaires d’érosion.

Bien rafraîchi, vous voilà dans des conditions optimales pour rebrousser chemin et regagner le Vallon d’En-Vau au prix d’une montée bien raide. Après cette grimpe, c’est un sentier un peu différent, à travers la végétation, qui vous ramène sur Port-Pin. Mais même si vous ne la longez plus sur ce tronçon, la mer n’est jamais très loin. Et si c’est l’horizon du Cap Canaille qui vous guide sur le retour, c’est apaisé et plein de gratitude d’avoir observé tant de merveilles que vous regagnez Cassis.