Chronique: Ces salutaires moments de délivrance
Angélique Eggenschwiler
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Le bus vient à peine de se garer quand je les dépasse. Juste le temps d’apercevoir leurs silhouettes transies au petit jour en ce frais mois de novembre, pardon de mai. Ils ont la quinzaine, une grappe d’adolescents patientant douloureusement devant cet arrêt de bus sans avant-toit. Ni toit. J’entends d’ici leurs dents qui s’entrechoquent et repense, l’espace d’une seconde, à celle où les portes du bus s’ouvrent.
Vingt minutes que vous l’attendez, cette seconde, vingt minutes à poireauter au bord d’une gouille en vérifiant l’âge de Juliette Armanet sur Wikipédia pour tuer le temps. Toujours cette même angoisse vissée au ventre: et si le bus n’arrivait pas? Il arrive toujours; un principe chez les bus dont la seule mission ici-bas consiste à arriver.
Tous ces moments où on vous annonce que c’est enfin le vôtre
Il pleut sur Juliette Armanet, votre sang a cessé d’irriguer vos joues depuis trois bonnes minutes et vous avez dévoré la moitié supérieure de votre bouch