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Le Valais ivre de coupes

«Bienvenue au club!» • L’esprit de la plupart des Valaisans court déjà sur la pelouse du Parc Saint-Jacques. Et en attendant le 7 juin, un grand frisson parcourt le Rhône...


Pascal Bertschy

Pascal Bertschy

28 mai 2015 à 14:02

On ne se rend pas compte, mais la finale de la Coupe de Suisse a déjà commencé. Tout le monde croit qu’elle se jouera le 7 juin à Bâle, mais non. Le FC Sion, le Valais et les Valaisans sont déjà dedans.

Si je vous en parle, c’est parce que je reviens du Valais où un ami – salut Gérard-Philippe! – fêtait ses cinquante balais. Il y avait à sa fête du monde, des rires et bien sûr des vins étourdissants, dont celui amené par Christophe Bonvin. S'appeler Bonvin et faire boire aux gens de si grands crus...

Revu, outre Christophe, une autre légende: Fernand Luisier, le plus grand capitaine de l’histoire du FC Sion. La Coupe, durant sa carrière, le preux vigneron de Saillon l’a soulevée à trois reprises (1974, 1980, 1982).

Des Fribourgeois sur le pont

Le meilleur souvenir de ces années-là, pour Fernand, ce sont les ponts à Fribourg. «Oui, oui, les ponts qui surplombent l’autoroute et où il y avait plein de Fribourgeois avec des calicots. A chaque fois qu’on allait jouer la finale à Berne, ils attendaient le passage de notre car pour nous encourager. C’était super!»

Pendant que Luisier me racontait ça, je le revoyais tirer son magnifique coup-franc en 1982 et permettre à Alain Balet de marquer de la tête contre Bâle (1-0). Plus tard, quand Bonvin m’a vu prendre un café et m’a demandé si j’étais malade, j’ai repensé à son but contre Grasshopper (4-2) en 1995. Le vrai but de handball.

Tour à tour, Fernand et Christophe m’ont posé la même question: «Et cette année, à ton avis, on peut gagner la Coupe?» Quand ils m’ont demandé ça, on aurait dit qu’ils avaient douze ans. A eux deux! On croit revoir deux joueurs qu’on a admirés, deux sages qui ont la tête sur les épaules, et on se retrouve devant deux gosses.

Dis copain, tu crois qu’on peut gagner cette année? Ben non, s’il y a une logique, Bâle l’emportera le 7 juin. Ça ne fait pas un pli, a fortiori à Saint-Jacques. En même temps, il faut l’admettre, une défaite de Sion en finale relèverait de l’anomalie.

Histoire d'amour surnaturelle

On a beau savoir que toutes les séries prennent fin un jour, tout de même. Entre la Coupe et le Valais, la passion est fusionnelle. Elle a quelque chose de surnaturel. Et fait même dire à Fernand Luisier que la finale 2015 se décidera quelque part dans le ciel.

«Je pense que de gentils esprits, tout là-haut, nous donneront un coup de main», m’a affirmé Fernand, en totue sobriété. Christophe Bonvin, lui, m’a parlé de Pierre Georgy. Ce dernier avait été en 1965 le premier capitaine de Sion à brandir la Coupe, la première des douze, et Christophe m’a appris qu’il lui a rendu visite comme il serait allé en pèlerinage. Comme si ça pouvait aider!

Juste une victoire, encore une. Allez, oui, une treizième étoile! C'est beaucoup. Pour les Valaisans, ce ne serait pas trop. Aujourd’hui, à l’image de Bonvin et Luisier, ils sont à peu près tous au taquet. Chauds bouillants! Avec l’esprit qui court déjà sur la pelouse de Saint-Jacques...

Une mission d'ordre sacré

Tout le canton est prêt, une fois de plus, à s’élever au-dessus de lui-même. A Isérables, à Savièse et ailleurs, dans le secret d’une chapelle, certains curés font probablement déjà jouer leurs relations en haut lieu pour aider Christian Constantin et ses gars dans leur mission. Et pourquoi pas? Il s’agit après tout d’une mission sacrée.

Un frisson parcourt le Rhône, qui a rendez-vous avec le Rhin. A bas la logique et les peigne-culs! Le Valais veut sa treizième Coupe. Tous ces gens de caractère ont raison de croire au ciel, à leur bonne étoile, au destin. Mieux vaut encore se fier à la providence, par les temps qui courent, qu’au Haut-Valaisan qui dirige la FIFA.

Ces gens-là ont toujours soif

Quand nous sommes repartis du Valais, l’autre soir, ma femme m’a avoué avoir été épatée. Par quoi, mon petit sucre? Par toutes les bouteilles de vin qui circulaient, durant la fête, et par l’absence d’eau sur les tables. Ah oui, bien sûr, mais je lui ai dit de ne pas s’en étonner.

Pour ces gens qui ont le génie du vin, l'eau ne sera jamais un truc assez potable. Et s'ils ont bu pareillement, c’est normal, ces gens ont tout le temps soif. En période de finale de Coupe, c’est même pire: soudain, les Valaisans ont même soif d’exploit et de folie.

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