Athlétisme. la Néerlandaise Femke Bol, pépite en autopilote

Athlétisme » Enfant, crapahutant dans les rues d’Amersfoort, à l’extérieur de la ville d’Utrecht, Femke Bol s’est cassé le bras. Et plutôt deux fois qu’une. Un souvenir douloureux qu’elle déterre… avec plaisir: «En me posant le deuxième plâtre, mon médecin m’a conseillé de me mettre au judo, pour apprendre à tomber juste.» Si elle s’est rapidement détachée des tatamis par manque d’intérêt, le conseil du docteur de famille a peut-être prévenu une catastrophe 15 ans plus tard. Samedi, alors qu’il ne lui restait pas plus de 10 mètres à parcourir pour offrir aux Pays-Bas la médaille d’or du relais mixte 4x400 m des championnats du monde, la star batave de 23 ans s’est étalée de tout son long. Les bras en amortisseurs et le cœur en miettes, Femke Bol a évité le pire, c’est-à-dire la blessure qui l’aurait obligée à renoncer à la suite des mondiaux de Budapest. La voie de la souplesse (judo, littéralement, en japonais) a-t-elle parlé?

De la partie ce lundi soir pour les séries du 400 m haies, desquelles elle s’est extirpée sans le moindre problème, la longiligne sprinteuse a tenu son rang et rassuré Laurent Meuwly, qui polit le diamant «oranje» depuis 2019. Ensemble, le Fribourgeois et sa protégée collectionnent titres et honneurs. Triple championne d’Europe l’année passée, aussi à l’aise aux haies qu’à plat, avec ou sans témoin (à part le week-end passé), Femke Bol survole la concurrence sur son continent. En l’absence de Sydney McLaughlin-Levrone, femme la plus rapide de tous les temps sur la distance (50’’68)  sacrée à Tokyo en 2021 et à Eugene l’été passé, le toit du monde n’est plus qu’à vingt haies et deux tours de piste. Le premier se présentera sous forme de demi-finale mardi soir, avant la lutte pour les médailles de jeudi à 21h50.

Révélation en 2019

Rencontrée à la fin avril dans le centre national de Papendal, la Femke Bol côté privée ne déroge pas à l’image de la championne souriante, avenante mais sérieuse qu’elle dégage en compétition. Tombé sous le charme du personnage, Laurent Meuwly ne tarit pas d’éloges à son sujet: «C’est l’athlète la plus brillante que j’ai eu l’occasion de coacher, affirme-t-il sans hésiter. Je veux dire par-là qu’elle dispose d’une intelligence d’entraînement bien supérieure à la moyenne. De la planification à l’analyse en passant par la récupération, tout ce qu’elle entreprend est juste et bien pensé. Si ce n’est pour le côté émotionnel et la tactique, Femke est pratiquement en autopilote. Moi, je suis là pour appuyer sur les bons boutons au bon moment.»