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Culture

Au Musée des beaux-arts de Lausanne, un directeur face au succès

Juri Steiner est le nouveau directeur du MCBA depuis juillet 2022. Un directeur ravi par l’important plébiscite que connaît actuellement l’exposition Immersion. Les origines: 1949-1969.

Juri Steiner dans l’exposition Immersion, plus précisément dans l’œuvre Environnement (1968) du Bernois Christian Megert. © Charly Rappo

Aurélie Lebreau

Aurélie Lebreau

1 décembre 2023 à 14:30

Temps de lecture : 1 min

Portrait » Ce n’est pas si fréquent, et cela semble l’amuser. Juri Steiner est né dans sa commune d’origine, à Zurich. Grande silhouette élancée, rehaussée de vêtements aux couleurs sombres, fines lunettes sérieuses, l’homme semble collectionner tous les attributs de l’intellectuel alémanique urbain. Mais bien évidemment, les choses ne sont pas forcément, ou pas seulement, ce qu’elles ont l’air d’être. Ainsi le nouveau directeur du Musée cantonal des beaux-arts (MCBA) à Lausanne – il a pris ses fonctions il y a une grosse année, le 1er juillet 2022 – n’est pas qu’un cerveau bien huilé, non. Plein d’humour, accessible et attentionné – prêt par exemple à vous donner sa noisette, ce petit café rehaussé d’un nuage de lait fouetté que l’on trouve soudainement appétissant. Et le quinquagénaire, né en 1969, n’a pas que «Zürich-City» à la bouche. Lui qui vit à Lausanne depuis plus d’une décennie avec sa femme et leur fille de 15 ans, et qui a découvert les Romands en prenant la direction artistique de l’Arteplage mobile du Jura, lors d’Expo.02. Un baptême du feu.

«Cela a été une expérience marquante pour moi, une grande école. Il s’agissait d’un projet francophone, et j’ai découvert le caractère assez fort des Jurassiens! J’ai beaucoup appris», rit-il. Durant cette aventure collective et fondatrice, le trentenaire a eu carte blanche, «nous créions un buzz continu, sans pression sur le nombre de visiteurs qui venaient: nous étions sur un bateau où le nombre de places était forcément limité.» Il a ainsi pu commander un court métrage à Jean-Luc Godard – «demander un film à Godard, c’était un fantasme» – sur le cafard, le blues à la sauce helvétique. Ainsi qu’au photographe Robert Frank. L’artiste Dieter Roth a, lui, choisi de documenter sa maladie et la fin de sa vie sur une quarantaine de moniteurs. «C’était dur mais passionnant. Il y a eu beaucoup de moments magiques.»

Le monde est dada

Avoir les coudées franches, surfer sur les vagues d’époques où les possibles étaient plus nombreux que les interdits, Juri Steiner l’a étudié à l’université, mais également expérimenté. Jeune adulte, il est le «témoin naïf» (on n’y croit guère) de la naissance de Züri West, au début des années 1990, et d’une liberté créatrice qui l’accompagne. «Il régnait alors un esprit d’avant-garde et d’ouverture assez spécial. Tout le système était moins professionnel qu’aujourd’hui. C’est comme cela que j’ai pu entrer au Kunsthaus (où il s’occupera de l’inventaire de la collection dada de l’institution, en parallèle de ses études, ndlr) et faire de la critique d’art pour la Neue Zürcher Zeitung», pose-t-il.

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