Berne. les outils de l’écrit s’exposent à la Bibliothèque nationale

Visite » Chaque mot est un geste, l’écriture un engagement du corps comme de l’esprit. La plume toujours retrempée dans l’encrier imposait aux phrases leur respiration, avant que l’invention du réservoir ouvre les vannes du verbe. Puis la machine est arrivée – cliquetant comme une «infanterie de l’esprit» assurait Hemingway. Enfin l’ordinateur qui, en évacuant toute dimension physique, a transformé l’acte d’écrire en pianotage inconséquent ouvert à l’infini des réécritures.

Cette brève histoire de l’écriture est mise en scène par la Bibliothèque nationale suisse dans une exposition qui puise dans les collections de l’institution pour illustrer les mutations des techniques Entre stylo, clavier et reconnaissance vocale.

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L’esprit et la main

Et la littérature dans tout ça? On sait combien la transformation de l’outil a modifié la pratique et la poétique de bien des écrivains, libérés ou tétanisés par le passage de la plume à la machine et de la mécanique à l’électronique. Manuscrit, fichier Word ou tapuscrit procèdent de rythmes différents, imposent d’autres rapports à la page, d’où naissent de nouveaux cheminements imaginaires. Une fascinante dialectique que l’exposition ne considère cependant que superficiellement, se contentant de juxtaposer des artefacts emblématiques pour servir de support à quelques aperçus de l’histoire de la littérature suisse, envisagée à travers le geste de celles et ceux qui l’écrivirent.

Pour approfondir, on attendra donc le numéro que la revue spécialisée Genesis dédiera en janvier à cette question, ou on se plongera dans le dernier bulletin Passim que les Archives littéraires suisses consacrent à la machine à écrire et à son empreinte sur les œuvres.