Rémunération: «Nous n’aimons pas parler d’argent, mais…»
Alors que les écrivains ne vivent plus de livres mais d’événements, leurs honoraires restent très inégaux en Suisse. La situation évolue, non sans tensions. Enquête.
Thierry Raboud
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«Nous n’aimons pas parler d’argent. Ce qui est valable pour la Suisse dans son ensemble l’est encore davantage pour les autrices et auteurs. Nous sommes gênés.» Mais il fallait en finir avec ce tabou helvétique, écran de pudeur dissimulant des conditions de rémunération au mieux inégales, le plus souvent indignes voire inexistantes. En 2017, l’association Autrices et auteurs de Suisse (AdS), faîtière nationale des écrivains, a donc publié pour la première fois des recommandations d’honoraires. Manière de défendre le professionnalisme de ses membres en proposant des tarifs indicatifs en fonction des prestations: séances de dédicaces, lectures, ateliers ou autres mandats rédactionnels. Avec quels effets?
«Lorsque nous avons publié ces chiffres, après un long travail pour tenter d’être cohérents avec ce qui se pratiquait dans d’autres professions, beaucoup nous ont ri au nez en nous disant que ces tarifs étaient irréalistes», se souvient Nicolas Couchepin, président de l’AdS. «Ce