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Francomanias. Suzane: «Je parle souvent de liberté»

Suzane est ce mercredi soir à l’affiche des Francomanias. Interview

Suzane promet une setlist dansante © Laura Gilli

Tamara Bongard

Tamara Bongard

29 août 2023 à 18:45

Temps de lecture : 1 min

Bulle » Suzane est facilement reconnaissable avec ses cheveux roux au carré, son accent du Sud de la France, sa plume agile, son humour alerte, le bouillonnement rythmique de ses chansons qui s’incarne jusque dans ses chorégraphies au cordeau. Après un premier album, Toï Toï, elle est revenue l’année dernière avec Caméo, où elle a prouvé qu’elle n’avait rien perdu de son punch élégant. Elle sera ce mercredi soir sur la scène de l’Hôtel de ville de Bulle dans le cadre des Francomanias.

Dans un de vos titres, vous chantez une planète que l’on a cassée, qui se réchauffe, où il n’y a pas de service après-vente. Comment avez-vous vécu cet été caniculaire?

Suzane: J’ai écrit cette chanson qui s’appelle Il est où le SAV il y a peut-être quatre ans, en espérant que l’on trouverait des solutions; mais maintenant, malheureusement, il fait de plus en plus chaud. Lors des festivals cet été, quand je suis arrivée sur scène, j’ai eu tendance à introduire ce titre en disant que je n’avais toujours pas trouvé le SAV, qu’il faisait 43 degrés mais qu’il y avait encore de l’espoir.

L’été a été caniculaire, on a vu beaucoup de catastrophes climatiques, des inondations… Le décor est en train de s’effriter, mais j’ai un peu d’espoir car les gens ont l’air d’en avoir encore plus conscience, le déni est moins grand. Je vois des jeunes enfants qui chantent Il est où le SAV, des profs de français qui la font étudier à l’école. Je sais que cette chanson est beaucoup utilisée dans l’éducation et je suis assez fière si j’ai pu éveiller quelques consciences, même si ce sont celles de la jeune génération qui est encore plus éveillée que les anciennes, car elle sait qu’elle va vivre dans un monde possiblement compliqué par toutes ces catastrophes.

Je continuerai d’apporter ma minipierre à l’édifice car je suis de plus en plus anxieuse face à la situation climatique, mais j’ai aussi envie de faire des actions. Par exemple, j’avais donné il y a quelques années un concert à la Mer de Glace (un glacier à Chamonix, ndlr) pour alerter sur la situation. Je souhaiterais pouvoir refaire des événements qui permettent aux gens de se rapprocher de la nature, de la respecter et de la sauver, car on en est à ce stade.

Il y a une anxiété chez vous mais vous avez tout de même de l’espoir…

Toujours. Je l’avoue, notre monde me fait très peur, je suis très anxieuse. Je me sens comme une petite fourmi impuissante et prête à se faire écrabouiller en deux secondes. Mais en même temps, je ne peux pas vivre en étant constamment dans cet état. Je garde toujours l’espoir, un bout de lumière. Je n’écrirais pas ces chansons si je n’avais pas l’envie de changer le monde, même si c’est dur car on nous explique que personne n’y est arrivé.

Je ne peux pas être tout le temps en colère ou triste de ce qui se passe autour de moi, de la condition des femmes, des animaux… Beaucoup de choses m’impactent, me font écrire des chansons et heureusement que j’ai cela, que je peux prendre des mots, faire des mélodies et même avoir à la fin un public qui partage certainement ces mêmes angoisses. Quand on chante tous ensemble, c’est moins angoissant. Tout à coup cela me rend heureuse et me redonne un peu d’espoir.

Ce qui vous inspire vos chansons sont donc vos émotions?

Je crois. Il y a toujours un choc au départ. J’écris aussi des chansons d’amour ou qui sont basées sur des émotions plus agréables à vivre mais même dans l’amour, il y a quelque chose d’un choc heureux. Je crois que c’est comme ça que mon écriture se déclenche. Quand on écrit, on vit en pleine conscience dans ce monde-là, on voit au maximum. On se dit: est-ce que je n’aurais pas dû fermer les yeux, ne pas voir que parfois c’est l’enfer? Moi je suis le genre à aller au feu. Je regarde, quitte à me faire du mal.

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