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Musique

Porté par le désir et la révolte

Jean-Claude Hurni jeudi soir, lors de la première représentation du tour de chant Sans blague!

29 juillet 2023 à 13:08

Ambiance

Quand on monte aux Chenevières, ce n’est pas seulement pour écouter Jean-Claude Hurni. S’installer sur la terrasse accueillante du domaine viticole vulliérain, admirer la vue apaisante sur le lac de Morat – et, par ciel clair, jusqu’à la triade bernoise d’un côté ou les Gastlosen de l’autre –, partager un bon verre de vin ou une planchette, font tout aussi bien partie du moment offert par Chenevières-sur-Scène. Là, sur les hauteurs de Vallamand, ce sont des femmes qui accueillent, servent, cuisinent: l’ambiance chaleureuse leur doit tout.

(Voir la séquence Jean-Claude Hurni est un vigneron chanteur, à partir de 6:42 dans Couleurs d’été 2.08.2017)

La 23e édition de l’événement, Sans blague!, se joue jusqu’au 13 août. Après une première salve très réussie de perles de son cru en 2020, Jean-Claude Hurni livre sous ce titre une vingtaine de nouvelles chansons dont il a lui-même fait rimer les mots, dans les arrangements composés sur mesure par la pianiste Christine Slongo. Ce sont des fenêtres ouvertes sur les coups de gueule et les passions intimes du chanteur, qui est aussi vigneron et homéopathe. L’amour bien sûr court le plus souvent sous sa plume inspirée, mais ses textes les plus forts sont peut-être ceux où il dénonce les injustices.

En points de suspension

Oui, il reste un révolté, un ardent, un amoureux Jean-Claude Hurni – il a d’ailleurs réglé ses comptes sur le titre Les tièdes, à tous les «transparents», à tous ceux qui ne savent ni aimer, ni s’emporter. Il s’emporte fort, lui, voix explosive, harmoniques qui emplissent la terrasse, quand son beau timbre de baryton se déploie fortissimo. La diction est soignée, on sent bien que les mots le portent.

Dans le parcours de son tour de chant, rythmé par deux pauses et deux tranches de gâteaux du Vully cuits sur place, l’une salée et l’autre sucrée – et qui valent elles aussi le détour – «il y en a pour tous les goûts», sourit-il en ouverture. Le style est résolument à la chanson française, aux variations et contrastes entre les couplets et les refrains, aux codas en forme de points de suspension, mais les sujets sont parfois graves, comme la mélodie hachée de la solitude et des regrets, et pas seulement légers.

«Ce qui n’empêche pas Jean-Claude Hurni d’oser détimbrer sa voix pour dire la tendresse.»
Jean-Claude Hurni.

Même derrière les apparences de cette fête de famille grinçante aux conventions et bisous obligés, on rit plutôt jaune: le poète lève le voile assez crûment sur les non-dits et les petits arrangements, met à la même table les anticonformistes et les déprimés, les bords politiques éloignés qui s’engueulent irrémédiablement, jusqu’à «tout faire péter».

Ce qui n’empêche pas Jean-Claude Hurni d’avoir des mots touchants pour son père ou d’oser détimbrer sa voix pour dire la tendresse. Avant de changer encore de registre et de tonner, combattant, au-dessus des graves du piano et de la pulsation lancinante et répétitive des triolets, contre la «connerie» de la guerre.

Dynamiter

Si les images fiévreuses de Ta peau forment un sommet sur le désir amoureux et le corps glorieux, l’âge et le temps qui passe préoccupe désormais le poète, qui consacre droit après des vers plus introspectifs et mélancoliques sur le corps vieillissant, où l’amour se transforme peut-être mais demeure un moteur essentiel de vie et d’inspiration.

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