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Série. L’Ultim rumantsch, avis de tempête dans les Grisons

Le 5 mars, la RTS diffuse cette série en cinq épisodes, la seconde série coproduite par la Radiotelevisiun Svizra Rumantscha.


Aurélie Lebreau

Aurélie Lebreau

27 février 2024 à 02:05

Temps de lecture : 1 min

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut voir une série tournée en romanche (et un peu en suisse allemand, aussi). Mardi prochain, la RTS diffusera la seconde série coproduite par la Radiotelevisiun Svizra Rumantscha (RTR) avec la SSR, L’Ultim rumantsch (Le Dernier des Romanches, en français), après Metta da fein. Objet au budget plus que modeste – 1,3 million de francs pour cinq épisodes! –, L’Ultim rumantsch écrite et réalisée par Adrian Perez dit beaucoup avec une belle économie de moyens. Pas géniale, mais loin d’être ratée, cette série raconte de façon agréable, et parfois même de manière piquante, les beaux Grisons et, de façon plus générale, notre pays sempiternellement écartelé entre ses montagnes et son morne Plateau, entre ses vallées reculées, le Val Müstair par exemple, et son urbanité, Zurich. A un moment ou à un autre, nous sommes fatalement cernés.

A la mort de GP (Elmar Deflorin), charismatique patron du groupe de presse Medias Grischunas, son fils Gion (Marco Luca Castelli, parfait en quinquagénaire borné et uniquement mû par la rentabilité et les bénéfices) espère bien reprendre l’empire médiatique édifié patiemment, et avec beaucoup de bon sens, par son père. Hélas pour lui, GP voyait les choses autrement. Et c’est sa petite-fille, Ladina (Annina Hunziker) qui, dans le testament, est nommée directrice du Posta, le dernier journal en romanche du canton. Ire de son oncle Gion, qui espérait enterrer ce canard poussiéreux, produit dans une langue que si peu de personnes parlent – lui-même préférant largement le suisse allemand. Retors, Gion espère alors acheter pour quelques dizaines de milliers de francs le retrait de la jeune Ladina, étudiante à Zurich, activiste écologiste et féministe. Autant d’adjectifs frisant la correctionnelle pour son oncle.

Le trou du monde

Après quelques hésitations, Ladina choisit pourtant d’honorer la mémoire de son grand-père et se lance: elle va reprendre le Posta. Une seule séance de rédaction, quand bien même elle ne connaît encore rien au journalisme, lui suffit pour comprendre que sa nouvelle petite clique de scribouillards ronronne sous un slogan en béton armé: «Vérité, minutie et objectivité». Qu’elle traduit comme un «Caresse consciencieusement ton vieux lecteur dans le sens du poil et tu seras rentré chez toi à 18 heures».

Bouillonnante et pleine de certitudes, comme on peut l’être quand on a moins de 25 ans, Ladina bouscule sa troupe qui, enfin réveillée, parvient à lever un sacré lièvre: des requins de Coire projettent de construire un vaste complexe hôtelier à Lü, dans le Val Müstair – «le dernier trou du monde» –, de l’aveu même des journalistes du Posta (Dario Cologna appréciera). Et les esprits de s’échauffer: faut-il bétonner, créer des lits froids, gommer l’âme de cette vallée (si belle, il faut bien le dire), mais en même temps fournir du travail et des revenus aux habitants de Val Müstair ou, au contraire, les maintenir dans une «réserve d’Indiens» qui enchante les touristes (citadins), attendris par les passages des ours et des loups?

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