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Scènes

Théâtre des Osses. la modernité insoupçonnée de Figaro

Avec le barbier de Beaumarchais, Anne Schwaller fait ses débuts de directrice au Théâtre des Osses, à Givisiez.

Présentation de la saison 23/24 du théâtre des Osses par la nouvelle directrice artistique Anne Schwaller, le vendredi 30 juin 2023 à Givisiez. ©Thomas Delley/La GruyèreThomas Delley

Elisabeth Haas

Elisabeth Haas

13 septembre 2023 à 15:50

Temps de lecture : 1 min

Givisiez » Ce sera son acte fondateur. Et le premier des trois épisodes d’une saison tout entière dédiée au personnage de Figaro. Pour sa première mise en scène en tant que directrice du Théâtre des Osses, Anne Schwaller monte Le Barbier de Séville de Beaumarchais. Une comédie dont elle revendique le rire frondeur, mais pas seulement. Sa précision, son désir d’absolu, sa passion pour aller creuser tout au bout des choses, lui ont assurément donné le sens de la complexité et de la nuance. C’est avec le bonheur intact du théâtre qu’elle invite à découvrir la scénographie de ce barbier, qui accueillera le public à partir de jeudi.

On dirait que la scène est plus grande que d’habitude…

Anne Schwaller: Ce décor sera celui des deux premiers épisodes, un texte du XVIIIe siècle et un texte du XXe. Les deux se jouent dans le même espace, sans aucune modification. On ne change pas les murs, on ne change pas les portes, on ne change pas les couleurs. On amène des accessoires différents, il y a un gros travail sur le costume, les silhouettes, les maquillages, les coiffures, les perruques, mais tout se joue dans cet univers. Le travail scénographique a porté sur la manière de créer un espace pour deux textes qui n’ont rien à voir dans leur langue, leur époque, leur théâtralité, leur gestion des corps, de l’espace, du mouvement. Je suis vraiment très, très heureuse de ce qu’on a là. Donc c’est un décor à la fois classique et tout à fait moderne, avec des leds, des éléments anachroniques, avec ce pan de mur qui inclut le spectateur. Le travail fait avec l’éclairagiste Philippe Sireuil (qui va mettre en scène le second épisode, Figaro divorce, d’Ödön von Horvath à la fin de l’année, ndlr), c’est de structurer cet espace par la lumière.

Toutes ces portes font penser à un décor de comédie…

Absolument. Le Barbier de Séville est une comédie en effet, revendiquée comme telle par Beaumarchais. Sa volonté était de faire rire. Il est parti sur une trame très simple, l’histoire d’un couple très mal assorti, un vieux monsieur et une jeune femme. Lui qui veut l’épouser, elle qui est amoureuse d’un autre. A partir de là, des rôles secondaires vont participer à l’histoire, soit du côté de Bartolo, soit du côté de Rosine, mais la trame tient en deux phrases. Ce que j’ai trouvé bouleversant dans ce travail, c’est que ce rapport à l’amour n’est pas drôle. Il est extrêmement touchant. Des passages nous font hurler de rire. D’autres nous bouleversent, où l’émotion qui se dégage de ce texte de 1775 est complètement actuelle. C’est la lecture que j’ai envie d’en faire. Cela parle aussi d’un amour impossible, de valeurs essentielles intrinsèques à l’amour. Qu’on les mette en habits XVIIIe, avec des chaussures à talon, des jabots, les propos tenus sur le plateau sont absolument d’aujourd’hui. Cela a demandé un temps d’adaptation aux comédiens, qui étaient partis dans l’idée de faire de la grande comédie. Non, il y a des moments tragiques, une ampleur que je n’avais pas soupçonnée au départ. La pièce parle de jalousie, de possessivité, de droit que l’on s’accorde sur l’autre, d’appartenance, de liberté, d’émancipation.

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