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Économie

Des traités sous très haute pression


17 mai 2016 à 20:46

Commerce mondial

Donald Trump dénonce le commerce international comme «un viol», François Hollande menace de mettre son veto au traité transatlantique TTIP, l’OMC patine depuis des années, et l’hostilité des opinions publiques est croissante: autrefois promesse de lendemains qui chantent, le commerce mondial est devenu un épouvantail.

«Nous devrions nous réjouir de la fin de l’ère des traités de libre-échange qui se sont depuis longtemps transformés en poignées de main dans l’intérêt des sociétés et des investisseurs (…), laissant peu d’espace aux travailleurs.» Ces mots ne sont pas tirés d’un manifeste altermondialiste, mais du «New York Times», sous la plume de Jared Bernstein, ancien conseiller économique du vice-président américain, Jo Biden.

Dans l’opinion publique, ces accords ont de moins en moins la cote, comme le montre la mobilisation en Europe contre le TTIP (ou Tafta), ce vaste projet d’uniformisation des normes commerciales entre Europe et Etats-Unis. Près de sept Français sur 10 ne font pas confiance à la Commission européenne sur ce sujet, selon un récent sondage. En Allemagne, où l’économie est largement soutenue par de puissantes exportations, des dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé en avril à Hanovre pour le dénoncer.

Aux Etats-Unis non plus, le commerce international n’enchante pas. «Huit ans après la crise de 2008 et après 40 ans de stagnation des revenus moyens des foyers américains, ils se réveillent et se mettent en colère», explique l’analyste américain Nicholas Dungan, conseiller spécial auprès de l’Iris et chercheur à l’Atlantic Council aux Etats-Unis. Et les dirigeants politiques de surfer sur cette méfiance grandissante, surtout à l’approche des élections. Aux Etats-Unis, le républicain Donald Trump a fait de la lutte contre le commerce international un de ses chevaux de bataille. «Nous ne pouvons pas continuer de permettre que la Chine viole notre pays», a-t-il récemment proclamé.

Sous la pression de son rival Bernie Sanders, la démocrate Hillary Clinton a aussi dénoncé ces traités qui ont «l’air souvent fantastiques sur le papier», mais dont les résultats ne sont pas toujours «à la hauteur». En Europe, François Hollande a dit non au TTIP «à ce stade» des négociations. «Nous sommes entrés dans une période où les accords commerciaux sont de plus en plus controversés, mais il est trop tôt pour dire si nous sommes arrivés au bout du libre-échange, car d’importants traités sont encore négociés», affirme David Dorn, professeur à l’Université de Zurich et coauteur d’une étude intitulée «Le syndrome chinois».

Ce document attribue aux exportations chinoises un quart du recul de l’emploi manufacturier aux Etats-Unis de 1997 à 2007. «De quoi créer la crainte qu’une plus grande intégration commerciale provoque de nouvelles pertes d’emplois», a-t-il expliqué. «Les Américains pensent que si le consensus de Washington - lancé dans les années 80 et qui se basait sur l’autorégulation des marchés - ne porte plus ses fruits, cela signifie que l’idée du libre-échange est aujourd’hui datée et qu’il faut essayer autre chose», selon M. Dungan.

«Nous sommes arrivés à un stade où l’on remet en cause le libre-échange sans contrainte, sans prise en compte de l’environnement», selon Henri Landes, maître de conférences à Sciences Po Paris. ATS/AFP

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