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Société

Invité. Thomas Aebischer ressuscite l’«âme» des véhicules anciens

Thomas Aebischer vient de rénover un bus de la compagnie Greyhound qu’il pilote, ainsi qu’un vieux bateau à Morat

Thomas Aebischer dans son bus de la compagnie Greyhound. © Charly Rappo

Nicole Rüttimann

Nicole Rüttimann

3 février 2024 à 15:20

Temps de lecture : 1 min

Dans une vaste halle à Morat, le bus de 1948 se dévoile, son éclat semblant contrarier le temps. L’étonnement admiratif du visiteur fait naître un large sourire sur le visage de son propriétaire et pilote, qui lance: «C’est un véhicule… également d’émotions!» Thomas Aebischer, 59 ans, est un peu l’homme qui murmurait à l’oreille des véhicules anciens. Sa passion? En ressusciter «l’âme». Et aller à la rencontre des gens pour partager cette flamme.

C’est ainsi qu’il vient de retaper ce bus venu des USA de la compagnie Greyhound. Et qu’il pilote un bateau de 1925, le MS Murten, propriété d’Olagomio AG, sur le lac de Morat où il officie aussi en tant que guide. Si Thomas ne s’y est intéressé que sur le tard, une fois à la retraite, il baigne depuis petit dans le milieu des transports: fils d’un chef de gare, il a œuvré 42 ans aux CFF comme «agent du mouvement». Discret au premier abord, il devient intarissable dès qu’on aborde le sujet, ses yeux pétillant comme ceux d’un enfant devant son premier circuit de trains miniatures.

Mais suivre les rails, très peu pour lui. Ne vous fiez pas à son air posé: il n’en est pas moins déterminé à aller jusqu’au bout de ses passions. Cet optimiste et crocheur se plaît ainsi à saisir au bond les hasards de la vie, multipliant les casquettes dans ses engagements et loisirs.

Quatre vies en une

C’est ainsi qu’il a été skipper ou danseur amateur. Capitaine et pilote, il est aussi photographe depuis 15 ans et vient de franchir son 100e col à vélo en Suisse. Un de ces hommes qui semblent avoir quatre vies en une.

Celle-ci débute à Guin en 1964, entourée de 7 frères et sœurs. Une fratrie nombreuse qui permet à son père de déroger à la règle qui voulait alors que le chef de gare habite sur place. La famille s’épanouit ainsi dans une maison près de la forêt, la maman veillant sur le foyer. Une aubaine pour Thomas que déjà la nature «ressource». Calme, mais «sachant déjà ce qu’il se veut», il est bon élève. A la fois littéraire et matheux, il aime la physique et la géographie, connaissances dont il profitera plus tard: «Petits, nous devions connaître toutes les lignes ferroviaires et gares. Et nous faisions beaucoup de voyages avec mon père», se remémore-t-il.

Alors, lorsqu’en 1974 il vit l’inauguration de la ligne 1 d’Heitersberg, c’est la naissance d’une passion: Thomas hérite de son père son amour des trains, rêvant d’être «pilote de locomotive». Et s’il n’en conduira pas, il passera «42 splendides années aux CFF».

Il fait un an de Wirtschaftsgymnasium à Gambach, «par sécurité» s’il échouait à l’examen d’entrée. Mais dès 1980 débute l’apprentissage aux CFF. Vers 1990, il est l’un des plus jeunes chefs de service CFF à Lausanne. Et de 98 à 2003, il est chef de personnel pour CFF Cargo. Il s’installe à Morat et dirige les services de ressources humaines, les 6 dernières années en tant que responsable des 6 centres de formation des CFF dont le Loewenberg.

Nouvelle page à 58 ans

A 58 ans, il prend une retraite anticipée. «Désormais, j’ai 42 ans pour faire autre chose!» Et s’il n’avait pas prévu de devenir pilote de bus et bateau, «il ne faut pas attendre si l’on veut quelque chose, il faut le faire», estime-t-il.

C’est ainsi qu’il achète en 2003 «le plus beau voilier en bois des Trois-Lacs». L’investissement en vaut la peine, à entendre celui qui a les pieds sur terre mais aussi le pied marin: «La passion de l’eau m’a pris!»

Et comme il ne fait jamais les choses à moitié, le voici en 2023 pilote des «22 mètres et 34 tonnes» du MS Murten, dont il est tombé amoureux alors qu’il faisait des photos vers les quais.

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