La page tournée, une vie à remodeler

Fribourg» Sara Volpi, passée par une connaissance commune pour nous prévenir de son retard, ne dit pas qu’elle a perdu son téléphone, plutôt qu’elle l’a «offert aux CFF». Question de perspective. «Ce n’est que le dernier d’une longue liste, mais ils finissent toujours par revenir», philosophe-t-elle à son arrivée sur le seuil de son magasin, des cartons et de la joie de vivre plein les bras, desquels pendent deux laisses, pour autant de chiens. Toutou le plus célèbre de la rue de Lausanne, dont il est à la fois le shérif et la coqueluche, Robin fait partie du décor, là, entre Dédé et Charlotte, deux peluches à la base du concept de la boutique écoresponsable du même nom. 

Inaugurée en novembre 2013, l’enseigne pour «petits et grands rêveurs», dans laquelle on trouve pêle-mêle, vêtements pour nouveau-nés, sacs, vaisselle, bijoux, gadgets «design fun» ou matériel de bricolage, fermera ses portes le 22 juillet. «J’ai fait le tour du projet, il est venu le temps d’en lancer d’autres. La sédentarité? Compliqué pour moi», sourit la future ex-patronne des lieux, où s’installeront deux Neuchâteloises spécialisées dans les habits pour bébés. «Elles gardent mon employée, je pars l’esprit léger!» Après 10 ans à écumer les salons spécialisés à la recherche de producteurs suisses et européens, et autant d’années à batailler avec les autorités pour dynamiser une avenue dont elle aura été le rayon de soleil et la voix, Sara Volpi a tout un quotidien à remodeler. Comme la pâte qu’elle produit et commercialise depuis maintenant quatre ans.

Tout pour la pâte à modeler

Connue dans la capitale cantonale pour Dédé & Charlotte (& Robin), la Vaudoise originaire de Renens fait décidément honneur jusqu’au bout aux racines fribourgeoises de sa mère - une Bugnon de Torny-le-Grand - puisqu’elle incarne aussi Fanny&Douve’s Dough: une entreprise de pâte à modeler artisanale, lancée initialement par deux Fribourgeoises, qu’elle a récupérée par la force des choses. «J’ai commencé par la vendre dans le magasin, après quoi j’ai moi-même mis la main à la pâte pour les aider. Lorsqu’elles ont arrêté pour de bon, j’ai repris le flambeau. Pas question que le concept meure.» Et de déclarer sa flamme à la plasticine écoresponsable: «La pâte à modeler a le pouvoir de fédérer les générations, on peut retrouver un grand-papa et un ado à la même table.»