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C’est ringard, le ski. Un jour, l’attrait de la pente disparaît

On est désormais en février et les pistes de ski ne désemplissent pas. Notre chroniqueur partage sa consternation.

C’est ainsi que les montagnes s’apprécient: de loin. © Zénon Brügger

Zénon Brügger

Zénon Brügger

17 février 2024 à 13:55

«Si le réchauffement climatique nous fait miroiter un horizon cauchemardesque où les montagnes enneigées n’existeront plus que dans les livres d’histoire, on pourra quand même compter sur les Suisses pour trouver les derniers mètres de neige au sommet de la dernière piste, afin d’y poser leurs lattes une dernière fois, dans un ultime et tragique chasse-neige. Je vous l’avoue, j’ai moi-même longtemps fait partie de ceux pour qui hiver rime forcément avec camp de ski (j’étais meilleur skieur que poète). Fuser à toute allure en combinaison fluo, s’enorgueillir de faire le nombre minimal de virages suffisant à rester en vie, acheter une portion de frites à 276 francs (somme arrondie vers le bas) dans un restaurant self-service, parce qu’on est le seul dont la maman a insisté pour qu’on prenne un sandwich avec nous et qu’on n’assume pas devant les copains, n’est-ce pas là le pinacle du cool pour le garçon de 13 ans que je fus? Et pourtant, un beau jour, le sentiment s’estompe. L’attrait de la pente disparaît. Tout ce qui se rapporte au ski relève subitement d’un certain mauvais goût. L’après-ski apparaît plus propice à l’amusement que le pendant-ski. La contemplation d’une ville totalement artificielle, vide les trois quarts de l’année et composée uniquement de restaurants, magasins de sport et de chalets dans un style faussement traditionnel fait naître un désagréable sentiment de déréalisation et enfiler une veste dont la mitaine intégrée laisse apparaître les doigts ne donne plus la bizarre impression d’être un ninja pire stylé. En plus, il fait étrangement chaud et la neige est molle, alors qu’on est en janvier dans les Préalpes. Les pistes bleues sont parsemées de trous verts et les heures de bouchons en voitures ne sont plus compensées par la promesse de l’amusement. Et franchement, on a quand même l’air super con avec ces grosses lunettes, non?»

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