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Jeune diplômé cherche CDI

Après cinq ans et un master, l’enthousiasme de pouvoir enfin entrer sur le marché du travail se heurte parfois à la difficulté de trouver un emploi fixe

Jeune diplômé cherche CDI
Jeune diplômé cherche CDI

Yvan Pierri

Publié le 29.04.2023

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Emploi » Aux Etats-Unis, le phénomène qui voit l’offre de spécialistes de certains champs universitaires excéder la demande sur le marché du travail inquiète. Le journal The Hill parle même de l’explosion d’une Higher education bubble (bulle d’éducation supérieure). Qu’en est-il en Suisse?

La situation des chômeurs diplômés s’est améliorée ces vingt dernières années. Selon une étude de l’Office fédéral de la statistique (OFS), ils étaient 4,9% de diplômés sans emploi en 2004 contre 2,6% en 2020. Des chiffres qui reflètent une ouverture favorable du marché du travail pour les diplômés, comme le souligne le chef du Service de l’orientation professionnelle et de la formation des adultes (SOPFA) pour le canton de Fribourg, Thomas Di Falco: «Il y a aujourd’hui une pénurie réelle de personnel qualifié en Suisse. Une personne possédant un diplôme tertiaire ne devrait pas avoir de grandes difficultés à trouver une activité professionnelle bien que cette situation soit loin d’être homogène.»

2,9

En pourcentage, le nombre de diplômés sans emploi en 2020

Le système suisse des études supérieures s’organise en trois catégories. Les hautes écoles pédagogiques (HEP), les hautes écoles spécialisées (HES) et les hautes écoles universitaires (HEU). Si les premières adoptent une approche pratique et professionnalisante de la formation, les secondes offrent des connaissances plus théoriques.

En conséquence, les taux de chômage sont tendanciellement plus élevés pour qui sort de facultés universitaires dont les liens avec le marché du travail sont moins importants. «Il y avait un stage pratique qui était proposé dans ma filière d’étude, mais cela a été changé avant que je n’arrive», regrette Julie Carron, 27 ans. Après ses études en histoire et en muséologie, elle s’est confrontée à la difficulté de trouver un contrat de durée indéterminée (CDI): «C’est vrai que dans les lettres, on est très peu formés, on aurait besoin de plus de stages pratiques.»

Le prix de la passion

Si se retrouver au chômage après une formation tertiaire peut s’avérer frustrant, les diplômés concernés ne se montrent pas toujours inquiets et encore moins surpris: «Je ne m’attendais pas à trouver tout de suite un CDI. Je travaille dans la culture où il y a un manque de budget. Dans les musées, c’est encore pire. Il y a des jobs mais il faut être là au bon moment et avec les bonnes compétences», explique la jeune historienne. Julie Carron se trouve dans la même situation que nombre d’étudiants qui ne se voient pas travailler dans un domaine qui ne les passionne pas, quitte à manquer de stabilité quelque temps.

«Combiner passion et possibilités d’insertion professionnelle reste la meilleure option.»
Thomas Di Falco

Le chef du SOPFA, lui, prône la prudence: «Combiner passion et possibilités d’insertion professionnelle reste la meilleure option. Si on ne se concentre que sur l’un de ces éléments, ça ne va généralement pas très bien se passer…»

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