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«Tous les vivants», une BD poétique sur le mal de vivre

L’article en ligne – Critique BD » La bande dessinée «Tous les vivants» de Roman Muradov parle avec poésie de la perte de l’envie de vivre.

L’héroïne solitaire trouve auprès de son propre fantôme une présence réconfortante. © Dargaud
L’héroïne solitaire trouve auprès de son propre fantôme une présence réconfortante. © Dargaud

Kessey Dieu

Publié le 11.03.2023

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Avec son roman graphique «Tous les vivants», l’illustrateur et bédéiste russe Roman Muradov nous livre une œuvre unique qui aborde avec subtilité le thème du mal de vivre. Publiée aux éditions Dargaud en janvier dernier et traduite de l’anglais par Charles Recoursé, cette bande dessinée raconte l’histoire d’une jeune femme qui, après avoir tenté de mettre fin à ses jours, est obligée de retourner parmi les vivants. À son retour, elle constate à sa grande surprise qu’elle peut voir les fantômes, y compris le sien. La présence de cette âme errante ne la perturbe pas, au contraire, mais lui apporte un peu de réconfort dans sa vie quotidienne devenue morne et routinière.

 

 

Un fantôme pour seule compagnie

Dans cet ouvrage à la fois étrange et poétique, Muradov explore avec sensibilité la thématique du mal de vivre à travers l’histoire de cette jeune femme solitaire forcée de cohabiter avec son propre fantôme. Leur relation touchante procure à cette héroïne sans nom un réconfort qu’elle n’a jamais trouvé auprès des vivants: son alter ego lui prépare à manger, l’aide pour la vaisselle et s’endort à ses côtés. Malgré la gravité des sujets abordés, la lecture évoque davantage une sensation de mélancolie que d’abattement. Les touches d’humour inattendues, le trait aérien de Muradov, et le ton poétique de l’œuvre permettent d’adoucir la noirceur du propos.

Une identité artistique singulière

Avec ses couleurs douces et ses dessins délicats, le style unique de Muradov offre une expérience graphique apaisante. La rareté des dialogues invite le lecteur à se plonger pleinement dans les illustrations, qui rappellent parfois l’esthétique du studio Ghibli ou du mouvement surréaliste. Seule ombre au tableau: la narration elliptique, qui peut rendre la compréhension de l'histoire difficile. Les explications manquantes risquent de laisser les lecteurs en quête de clarté sur leur faim. Néanmoins, «Tous les vivants» reste une bande dessinée d’une grande originalité, portée par une beauté graphique particulière qui mérite d’être admirée.


Titre: Tous les vivants
Auteur: Roman Muradov
Collection: Hors Collection Dargaud
Nombre de pages: 160 pages
Public: Tous publics
Date de parution: 20.01.2023
ISBN: 9782205203844

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